Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

ALEKSANDER POCIEJ - Sénateur polonais et initiateur des Entretiens de Royaumont à Varsovie

Écrit par Lepetitjournal.com Varsovie
Publié le 5 novembre 2014, mis à jour le 6 novembre 2014

A l'approche des IIèmes Entretiens de Royaumont à Varsovie le 15 novembre prochain, Lepetitjournal.com/Varsovie est allé à la rencontre de celui qui est à l'origine de cette initiative. Aleksander Pociej, sénateur polonais, est un fervent admirateur de la France. Président du groupe d'amitié franco-polonaise au Sénat, il ?uvre en faveur d'un dialogue renouvelé entre les 2 pays. Il nous raconte la genèse d'un projet qui ne manque pas d'ambition.

Quel a été votre parcours ?
Après un diplôme de droit à Varsovie, j'ai fait un DESS de droit international du commerce à l'Université de Nanterre en 1988. Ces études ont été suivies d'un stage de 8 mois chez Gide Loyrette Nouel à Paris. J'ai ensuite participé à l'implantation de ce cabinet à Varsovie en 1991. En 1995, j'ai obtenu mon diplôme d'avocat. J'ai été élu sénateur en 2011.

Quels sont vos liens avec la France ?
Mon attachement pour la France date de ma jeunesse. Enfant, j'y ai fait plusieurs voyages, je fréquentais souvent les Alliances françaises. Mon entourage était globalement très tourné vers la France. La plupart de mes amis parlaient le français et certains sont partis en France dès le début des années 80, à l'époque de la loi martiale en Pologne. Il était donc naturel pour moi de terminer mes études en France où j'ai séjourné au total 2 ans. Ensuite, j'ai continué à travailler en tant qu'avocat pour des clients français.

Récemment, mes liens avec la France se sont renforcés à travers le groupe d'amitié franco-polonaise que je préside au Sénat. L'objectif est de monter des projets communs entre les parlements français et polonais. Nous avons par exemple participé à la création d'un colloque sur l'énergie organisé par les deux Chambres. Il y a une très nette différence de vues entre ces 2 pays sur le plan énergétique. La France a une grande expertise dans le nucléaire, technologie que la Pologne ne connaît pas. Je trouve cela important d'aider au transfert de cette expertise en particulier.

Avant le Sénat, je représentais des entrepreneurs. Aujourd'hui, il me paraît important de concentrer mon action politique sur le développement des échanges économiques entre la France et la Pologne.

Mon intérêt pour la France m'a également amené à me rapprocher fortement de l'Ambassade et de la Chambre de commerce.

Quel est pour vous l'objectif des Entretiens de Royaumont à Varsovie, projet dont vous êtes à l'initiative avec les membres de la Chambre de commerce et d'industrie française en Pologne ?
L'idée des Entretiens de Royaumont à Varsovie est née de ma première participation aux Entretiens de l'abbaye de Royaumont en France, en 2012.  J'ai été émerveillé par la qualité des débats et la hauteur de vue des intervenants. Les grands chefs d'entreprise présents avaient non seulement une vision stratégique de leur métier, mais savaient la replacer dans le contexte géopolitique mondial. 

Une chose m'a fortement étonnée : moi qui connaissais bien la France et qui avais noué des liens avec des entrepreneurs français, je n'avais pas réalisé à quel point ce pays était tourné vers l'Afrique du Nord et, par opposition, tournait le dos à la Pologne. A quel point, le sujet de la Russie était à peine évoqué et celui de la Pologne même pas mentionné. Toute l'attention se portait sur les pays du Maghreb. 

De là est née l'idée de créer en Pologne un événement avec la même qualité de discussion, un cadre d'échanges qui permette de confronter deux visions très différentes sur l'Europe et le monde, celles de la Pologne et de la France.

Comment qualifiez-vous l'intérêt des Polonais pour cette journée de débats?
Deux événements ont largement favorisé la réalisation de cette initiative. L'arrivée du nouvel ambassadeur de France Pierre Buhler, fin connaisseur de la Pologne, et l'action de votre président François Hollande qui ?uvre activement en faveur du rapprochement diplomatique entre nos deux pays.

La nouvelle qualité des relations franco-polonaises a beaucoup contribué à l'intérêt que les  Polonais portent à ces Entretiens. Par ailleurs, en Pologne, il n'y a que peu de colloques de ce niveau, de dimension internationale.

J'ai obtenu dès la première année le patronage du Sénat Polonais. Cette année, le Sénat français nous soutient également.  Nous faisons en sorte que les Entretiens de Royaumont à Varsovie deviennent un rendez-vous annuel, connu et attendu !

Quel est votre position sur le sujet choisi pour les Entretiens de cette année, à savoir la « révolution numérique» ?
Ce sujet me touche beaucoup car j'ai certaines inquiétudes sur la façon dont Internet est utilisé aujourd'hui. On y trouve tout, du bon et aussi du très mauvais. Nous manquons d'instruments juridiques pour bloquer certaines expressions dangereuses véhiculant la haine, la vulgarité ou le mensonge.

Revenons à des sujets plus personnels. Vous avez connu une autre vie, peu courante chez un homme politique, celle du cinéma, en tant qu'acteur de films polonais. Quel est votre film français préféré ?
Les Chtis ! J'aime beaucoup Dani Boon. Les Intouchables est également un film qui m'a beaucoup touché. Les comédies françaises avec Louis de Funès, Bourvil? ont rythmé mon enfance, comme pour beaucoup de Polonais. Il se trouve que dans les années 70, le Premier Secrétaire du Parti connaissait bien la France pour y avoir travaillé étant jeune. D'où une présence de la culture française relativement importante à cette époque. C'était une façon d'ouvrir le pays à la culture occidentale sans pour autant qu'elle soit américaine?

Entretiens de Royaumont à Varsovie, le 15/11/2014 
Informations et inscriptions: http://entretiensdevarsovie.fr/

Magali de Bienassis (Le Petit Journal/Varsovie) - Jeudi 6 novembre 2014

lepetitjournal.com varsovie
Publié le 5 novembre 2014, mis à jour le 6 novembre 2014