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FIN D'ERASMUS - Avec Samuel Gadenne

Écrit par Lepetitjournal.com Varsovie
Publié le 30 juin 2015, mis à jour le 30 juin 2015

 

Nom : Samuel Gadenne
Age : 20 ans
Originaire de : Lille
Domaine d'études : BTS de design graphique à l'ESAAT de Roubaix
Ecole en Pologne : les Beaux-Arts de Varsovie
Aime : les parcs et les chips au vinaigre
N'aime pas : être pris en photo

Pourquoi avoir choisi la Pologne pour ton Erasmus ?
Je trouvais que c'était la destination la plus exotique d'Europe. J'ai toujours été attiré par les pays de l'Est en général, je trouvais ça un peu romantique. J'aime beaucoup leur culture littéraire et artistique, j'ai lu des auteurs russes tels que Dostoïevski, Tolstoï, Gogol. Mon choix s'est porté sur la Pologne parce que j'ai de lointains ancêtres polonais, et dans le Nord de la France, j'avais pas mal d'amis qui avaient de la famille en Pologne.

Finalement, la Pologne était-elle telle que tu l'avais imaginée ?
J'imaginais un pays en développement, avec encore de fortes empreintes du communisme. En plus, je suis parti à l'époque de la guerre en Ukraine, qui est voisine de la Pologne, ce n'était pas très rassurant. Mais j'ai découvert un pays européen, moderne, qui n'a rien à envier aux autres. Le communisme, il n'en reste que des traces, plutôt culturelles, pas prégnantes dans la vie de tous les jours. Je n'ai pas vraiment été dépaysé, sauf bien sûr par le langage, et le fait qu'on sente que la religion et les valeurs traditionnelles comme la famille sont bien plus présentes ici qu'en France.

Pour toi, les Polonais sont? ?
Extrêmement polis. Ils peuvent être froids au premier abord, mais en fait ils sont très accueillants, un peu comme les gens du Nord peut-être ! J'ai été invité chez des amis polonais, autour de grandes tablées avec toute leur famille, et ils étaient très chaleureux.

Quel est ton plus beau souvenir d'Erasmus ?
Au premier semestre, mon école a organisé un workshop en République tchèque : on est partis une semaine travailler sur un projet avec une autre école de design dans une petite ville près de Prague. On était trois Erasmus de graphisme à participer, et vingt-cinq Polonais. Ça m'a permis de passer plus de temps avec les étudiants polonais. C'était une expérience incroyable.

Qu'est-ce que tu détestes vraiment en Pologne ?
Leur sentiment parfois trop nationaliste. Même s'il ne faut pas généraliser, beaucoup ont des préjugés sur l'immigration, les cultures du Moyen-Orient? Ça m'a surtout frappé avec les élections présidentielles. Beaucoup de jeunes que je connaissais ont voté pour Duda, très conservateur, traditionnel et eurosceptique. Les Polonais sont vraiment des gens paradoxaux, ils veulent être Européens et modernes, mais en même temps conserver leurs traditions, leur spécificité.

Qu'est-ce qui manque à Varsovie pour en faire une ville parfaite ?
Pas grand-chose, sauf peut-être de la diversité culturelle. A Lille par exemple, on peut changer d'ambiance en changeant de quartier assez facilement. A Varsovie, il manque un peu de lieux alternatifs, il faut être fin connaisseur pour trouver une boîte de nuit ou un bar qui propose de la musique originale. Il y a quand même des lieux très sympas, un peu comme à Berlin : des anciennes usines réaffectées par exemple, qui abritent des galeries, des salles de concert,?

Parle-nous du système universitaire en Pologne.
Aux Beaux-arts de Varsovie, les Erasmus sont très bien accueillis. On avait un bureau spécifique, qui nous aidait au moindre problème. Concernant la méthode d'éducation, les Polonais ont encore une relation très hiérarchique au professeur. Les cours étaient sympas mais pas transcendants, ils ne nous poussaient pas à travailler beaucoup. Valider ses cours était extrêmement facile. C'était très relax, vraiment le cliché qu'on peut avoir des Beaux-Arts. Ça m'a marqué parce que j'avais fait un BTS où le cadre était très strict, avec des horaires fixes 8-18h. Ici, ils mettent l'accent sur l'indépendance et l'autonomie.

As-tu profité de cette année pour voir du pays ?
Je n'ai pas beaucoup bougé en hiver : seulement Cracovie, Auschwitz, et Prague avec le workshop. Au deuxième semestre, j'ai mis les bouchés doubles : j'ai visité Wroclaw et Budapest (grâce à un voyage organisé par l'ESN, une association d'étudiants polonais qui s'occupent des Erasmus). J'ai aussi rendu visite à mes amis du premier semestre retournés chez eux, à Helsinki et à Istanbul.

Quel est ton endroit préféré à Varsovie ?
En été, j'adore tous les espaces autour de la Vistule, la plage avec les petits bungalows. J'aime aussi beaucoup la forêt de Kabaty, à la fin de la ligne de métro. C'est à une demi-heure du centre et on y est complètement dépaysé, on peut y faire des barbecues entre amis. Varsovie est vraiment une capitale qui respire, avec énormément de parcs.

Ta meilleure adresse pour sortir ou faire la fête ?
Pour boire un verre, je recommande Eufemia, un bar-restaurant un peu rétro dans l'école des Beaux-arts de Varsovie, avec des plats traditionnels pas chers à environ 15 zlotys, des bières et une grande collection de cassettes que tu peux choisir toi-même dans le coin fumeur. Il y a aussi des jeux de société, une terrasse, ils organisent des soirées deux fois par semaine, c?est vraiment top. Sinon, j'adore aussi Plan B, un bar à côté de l'arc-en-ciel de la place Zbawiciela. C'est une autre ambiance, plutôt alternative, avec une déco grunge.

Que t'as apporté cet échange Erasmus ?
L'envie de voyager. Avant de partir, je n'étais jamais allé plus loin que la Belgique. J'ai aussi beaucoup progressé en anglais, parce que j'ai volontairement cherché à ne pas rester avec des Français. Erasmus a augmenté ma confiance en moi, je me sens différent.

Si c'était à refaire, reviendrais-tu en Pologne ?
Oui : mon année s'est tellement bien passée, que je peux difficilement imaginer meilleur scénario. Ce qui est bien avec Varsovie, c'est que c'est vraiment une ville pour vivre, beaucoup moins touristique que Cracovie.

L'une des réalisations de Samuel cette année : une affiche revisité du décalogue numéro 6 de Krzysztof Kie?lowski à l'occasion des 25 ans du Festival de film polonais de Gydnia. Le film, Une brève histoire d'amour, avait gagné en 1988.

Et l'année prochaine, que feras-tu ? Où seras-tu ?
Je vais « reprendre mes études » ! Soit en DSAA en communication visuelle à l'ESAAT de Roubaix, soit peut-être à la fac de Lille 3 en histoire de l'art ou philo. J'essaierai de travailler en même temps. A plus long terme, j'aimerais voyager dans d'autres pays, en-dehors de l'Europe si possible. Et bosser soit comme graphiste, soit dans un musée.

Propos recueillis par Marie-Jeanne Delepaul (lepetitjournal.com/Varsovie) - Mercredi 1er juin 2015

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Publié le 30 juin 2015, mis à jour le 30 juin 2015