Violences conjugales - 32% des féminicides commis par arme à feu

“Samedi 23 novembre, nous étions 150.000 partout en France pour dire stop aux violences sexistes et sexuelles et exiger du gouvernement des mesures à la hauteur. C’est la plus grande marche féministe de l’histoire de France“ déclare le collectif initiateur du mouvement #NousToutes sur sa page Facebook.

Plus de 49.000 personnes, selon le cabinet d’études indépendant Occurrence, sont descendues manifester dans les rues de Paris, suivi par plus de 30 autres marches dans l’hexagone.

“L’Hymne des femmes”, l’un des emblèmes du Mouvement de libération des femmes (MLF), a résonné dans près de 70 villes de France ce week-end, en prévision de la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes de ce Lundi 25 novembre.
 “Levons-nous femmes esclaves, et brisons nos entraves. Debout, debout, debout ! “. Tout est dit.

Cette mobilisation a été programmé dans le but de faire pression sur le Premier ministre Edouard Philippe, et le gouvernement, qui doit confirmer ce matin les mesures retenues dans le cadre du “Grenelle“ contre les violences conjugales. L'objectif principale consiste à faire reculer le nombre de meurtres de femmes par des hommes, les féminicides, ainsi que les violences physiques ou sexuelles dont sont victimes quelques 220.000 femmes en France chaque année, dans un cadre conjugal, selon les données officielles. 

“Ce qui va permettre d’agir efficacement, (…) c’est une action coordonnée », a déclaré la secrétaire d’Etat à l’Égalité femmes-hommes, Marlène Schiappa, lors d’une conférence de presse.

Des chiffres inquiétants

D’après le collectif  “Féminicides par (ex) compagnons“, on compte 137 féminicides depuis Janvier 2019 en France.
Selon les estimations mondiales de l’OMS, d’autres chiffres officiels accompagnent ce constat alarmant :

• 1 femme sur 3 dans le monde a subi des violences physiques et/ou sexuelles à un moment de sa vie, le plus souvent de la part d’un partenaire intime;
• Plus d’un tiers des femmes tuées dans le monde, l’a été par un conjoint ou ex-conjoint (environ 30.000 au total);
• Chaque jour, en moyenne dans le monde, 137 femmes sont tuées par un proche;
• On estime que 58% des 87.000 femmes tuées dans le monde ont été assassiné par leur conjoint ou des membres de leur famille;
• Moins de 40% des femmes victimes de violences demandent de l’aide;
• Près de 750 millions de femmes et de filles dans le monde étaient mariée avant leur 18ème anniversaire;
• Dans 43% des cas, le passage à l’acte est motivé par l’annonce ou la séparation elle-même.

En France :

• 47% des décès liés aux violences conjugales sont survenus au sein de couples mariés;
• Près de 32% des féminicides ont été commis par arme à feu et 31% avec une arme blanche, en 2018;
• 220.000 femmes subissent des violences sexistes ou sexuelles, 93.000 sont victimes de viol ou tentative de viol et connaissent leur agresseur

En Espagne :

• On recense 51 femmes assassinées par violence conjugale depuis le début de l’année
• 12 ont été recensés en Andalousie, faisant de cette région la plus touchée, suivie par la Catalogne, 8 femmes assassinées en 2019, et la communauté de Valence, avec 7 femmes.
   

Les failles du système 

L'entourage du Premier ministre Edouard Philippe, admet “qu'il y a de grands progrès à faire dans l'accueil quand les femmes osent pousser la porte d'un commissariat ou d'une brigade de gendarmerie“. En 2019, selon un rapport commandé par le gouvernement à l’Inspection Générale de la Justice (IGJ) 80% des plaintes ont été classées sans suite. Un des points inéluctables vise à améliorer les difficultés et les dysfonctionnements de l’accueil des victimes et de leur suivi dans les commissariats, les gendarmeries et les tribunaux, en commençant par le dépôt d’une plainte en bonne et due forme et une amélioration des investigations.
 

Lundi 25 Novembre, Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes

Une cinquantaine d’autres mesures concrètes ont été promises par Edouard Philippe, premier ministre, dont la possibilité  de donner le droit aux médecins et aides-soignants de s'affranchir du secret médical dans certains cas pour dénoncer les violences conjugales. 

Le gouvernement acceptera-t-il la modification de l’article 226-14 du code pénal recommandé par l’Inspection générale de la Justice pour permettre, ainsi, à tout professionnel de santé de signaler les faits même en cas de refus de la victime ?

Rendez-vous ce matin à 9h sur la page Facebook de #NousToutes pour écouter et réagir aux annonces du gouvernement contre les violences.

Sources : Rapports IGJ (mission sur les homicides conjugaux, octobre 2019) / ONU / INSEE / #NousToutes / Féminicides par (ex) compagnons