Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

ASSOCIATION KUCHINATE - Le crochet de l'espoir

Kuchinate 5Kuchinate 5
Écrit par Raphaëlle Choël
Publié le 5 juin 2018, mis à jour le 5 juin 2018

Crédit Photos : Uma CAMERA

Le nombre de demandeurs d'asile en Israël en provenance de pays africains ne cesse de croître depuis 2007, une population majoritairement érythréenne et soudanaise estimée en 2016 à 45 000 personnes selon le porte parole du ministère des affaires étrangères, Emmanuel Nahshon (BBC News). Arrivées en traversant le Sinaï égyptien, 15% d'entre elles, soit environ 7500, sont des femmes (selon The Eritrean Women Center) qui ont survécu à des tortures et autres trafics humains pendant leur migration.

Située dans le Sud de Tel Aviv, l'association Kuchinate offre à ces mères un lieu de vie chaleureux où elles peuvent se retrouver, apprendre ou enseigner le crochet et produire des objets dont la vente leur permet d'assurer un petit revenu.

Les cicatrices de la vie

Violences sexuelles, harcèlement et torture, voici la triste réalité subie par ces femmes pendant leur traversée du Sud-Soudan et de la péninsule du Sinaï. Troubles physiques et psychologiques, grossesses involontaires et détresse émotionnelle résultent de ces expériences traumatiques de voyage, une souffrance qui ne fait qu'exacerber les difficultés que représente le statut de demandeur d'asile en Israël[1]. Marginalisées politiquement et économiquement, ces femmes n'ont qu'un accès limité à la santé, au logement, à l'éducation ou à l'emploi. C'est dans le Sud de Tel Aviv (quartiers de Shapira, Neve Sha'anan, Sh'Kunat-Hatikva), où ces populations de réfugiés en provenance d'Ethiopie, d'Erythrée ou du Soudan se retrouvent, que la lutte pour la survie continue d'être une réalité quotidienne complexe.

 

Une thérapie par le crochet

Kuchinate, qui signifie crochet en Tigrinya (la langue principale en Erythrée), est une initiative de Diddy Mymin Kahn, psychologue clinicienne israélienne élevée en Afrique du Sud et au Royaume-Uni qui s'est intéressée aux problématiques de viols et abus sexuel des femmes érythréennes en demande d'asile. Avant de fonder Kuchinate en 2011, Mymin Kahn a passé cinq ans en tant que coordinatrice sociale et psychologique pour le Centre de Développement des Réfugiés Africains de Tel Aviv. Elle est accompagnée de nombreux bénévoles dont la S?ur Aziza, infirmière et conseillère érythréenne, qui a été la première personne à lever le voile et alerter les autorités internationales sur les tragédies du Sinaï.

Pressentant que ces femmes en situation de survie avaient davantage besoin d'un projet, de soutien et d'argent que d'une thérapie à proprement parler, Diddy ouvrit ce studio de création où les femmes, souvent mères célibataires, confectionnent tapis et corbeilles à partir de tissu recyclé. L'espace représente pour elles un environnement rassurant et convivial, qui leur offre également une précieuse flexibilité (beaucoup de femmes ont des enfants malades et ne peuvent s'engager dans un emploi fixe). En plus des ateliers proposés pour apprendre le crochet ou des visites du studio lors d'une cérémonie du café auxquelles quiconque peut s'inscrire, les articles sont vendus au studio (ou lors de ventes privées et marchés), ils sont proposés entre NIS 35 et NIS 600. Une source de revenus non négligeable pour l'association dont les recettes ont augmenté de plus de 600% en 5 ans.

Kuchinate a déjà accueilli et aidé plusieurs centaines de femmes, une initiative aussi précieuse que pleine d'avenir dont témoignent les sourires et la joie de vivre qui émane malgré tout de ces belles âmes en détresse.

En savoir plus : www.kuchinate.com

 

Raphaëlle CHOËL (www.lepetitjournal.com/tel-aviv) mardi 5 juin 2018


 

raphaelle choel
Publié le 5 juin 2018, mis à jour le 5 juin 2018

Flash infos