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SARA KAMALVAND - A la découverte des qanats

Écrit par Lepetitjournal Téhéran
Publié le 25 septembre 2016, mis à jour le 18 septembre 2016

 

Sara Kamalvand, née à Téhéran, est Architecte Urbaniste diplômée de l'Ecole Spéciale d'Architecture où désormais elle enseigne, et première diplômée de l'Architecture des Milieux.

En 2009 elle fonde HydroCity, une plateforme de recherche basée au Canada, pour investiguer les nouvelles possibilités programmatiques et morphologiques de l'urbain si l'eau est considérée comme fil conducteur du projet.

Issue d'une triple culture, entre l'Iran la France et le Canada, son projet de réhabilitation des anciens systèmes hydrauliques iraniens est actuellement en cours d'étude et permettra la sauvegarde d'une ressource élémentaire mais primordiale pour l'Iran, l'eau...                                  

 

Aujourd'hui, quelle est la situation au regard des réserves d'eau en Iran?                                                        

Très mauvaise, nos ressources s'épuisent à une vitesse sans précédent. Nous consommons actuellement 70% de nos réserves renouvellables annuellement. Ceci est bien au delà des normes internationales qui se trouvent plutôt à 40%. Cependant le système traditionel des qanats est laissé à l'abandon et continue de drainer de l'eau inutilisée.

Quelles sont les raisons de ce gaspillage ?

Prenons le cas de Téhéran, située aux pieds des montagnes, la capitale bénéficie d'une eau de source totalement naturelle qui au lieu de finir dans des lieux de consommation, est directement dirigée dans les égouts de la cité, sans compter le gaspillage de la société de façon général qui nous met dans cette situation délicate.


Quel est le projet sur lequel vous travaillez actuellement?                                                                       
Le festival de jardins filtrants de Téhéran est un projet de recherche appliquée initié par HydroCity à ESA-LAB, en partenariat avec la mairie du 12ème arrondissement de Téhéran, et le Festival Art, Villes & Paysages de Amiens. Avec ce projet cinq jardins filtrants seront créés dans le centre-ville de Téhéran et deviendront des espaces publics pérennes. L'objectif de ce projet est de sensibiliser le public sur la réappropriation des qanats, un système d'irrigation ancestral abandonné dans les années soixante. Bien que le réseau continue à transporter l'eau, il est considéré aujourd'hui comme archaïque. Ces jardins en ville vont permettre de réhabiliter le qanat le plus ancien de la capitale qui draine aujourd'hui deux cent litres d'eau par seconde rejetés directement dans le réseau des égouts. Les cinq jardins seront positionnés sur l'axe du qanat, depuis sa source jusqu'à son exutoire au Palais Golestan, sur un parcours de cinq kilomètres. En retraçant cet axe, ces nouveaux espaces dans la ville, vont dessiner une promenade écologique qui va révéler la mémoire du qanat et celle de la ville historique

Qu'est ce qu'un qanat?                                                                                                                            
Pour s'approvisionner en eau, les Iraniens ont dû trouver les moyens d'amener à la surface les eaux cachées. II y a 3000 ans, ils inventèrent les qanats : il s'agit d'un système d'alimentation par gravité qui canalise, draine les eaux infiltrées aux pieds des montagnes au moment de la fonte des neiges. C'est d'ailleurs pour cette raison que 90% des villes sont situées dans ces endroits-là. Sans aucun changement technologique depuis son invention, ce réseau n'a jamais vraiment cessé d'amener l'eau, et cela même s'il a été délaissé dans les années 60 au profit de politiques de barrages et de forages puis avec l'importante réforme territoriale de 1963. Dans un monde moderne habitué aux lourdes infrastructures polluantes, et dans une période où l'eau se fait rare, ce système qui utilise la simple force de la gravitation devrait être reconsidéré à sa juste valeur, non seulement comme quelque chose de très écologique et résistant, mais aussi pour son importante richesse patrimoniale. Liés à l'architecture vernaculaire, aux jardins et au tissu urbain, les qanats jouent aussi un rôle important comme modèle d'outil et d'approche pour restructurer les paysages contemporains, puisque son action principale réside dans sa capacité à créer des liens, permettant ainsi une lecture nouvelle et inattendue de la ville.

 

Quelles sont les étapes du projet ?                                                                                                           
Le festival se déroule en trois temps : la recherche, la conception et la réalisation. Suite à un premier appel à candidature, une équipe de recherche a été mise en place à Téhéran pour étudier les enjeux urbains pour les futurs jardins. La restitution de ce travail a eu lieu en juillet 2016 au Musée d'Art Contemporain de Téhéran, une publication est en cours. Un second appel à projets invite cinq équipes de concepteurs pour une résidence de création de 10 jours, durant laquelle, avec l'équipe de recherche sur place, ils concevront les cinq jardins qui seront réalisés courant 2017.

Quelles sont vos sources de financement et comment faire avancer le projet ?

Nous attendons un soutien de fonds privé et public. Nous cherchons des sponsors autant français qu'iranien, des entreprises qui vont nous aider et pourquoi pas des mécènes concernés par le sujet.

Quels sont les évènements à venir pour les personnes intéressées par le thème de l'evironnement à Téhéran ?

Le Colloque construire la ville durable, regards croisés franco-iraniens à l'université Tarbiat modares les 3 et 4 octobre organisé par l'IFRI l'Institut français de recherche en Iran et un workshop fin octobre avec  Platform 28, une galerie d'architecture qui s'est installée en centre ville depuis peu.

Pour en savoir plus : http://hydrocityblog.blogspot.fr

Mikael Setti (www.lepetitjournal.com/teheran) Lundi 26 septembre 2016 

logofbteheran
Publié le 25 septembre 2016, mis à jour le 18 septembre 2016

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