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CULTURE - Ruben Östlund un Suédois en route pour la Palme d’or ?

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Publié le 18 juillet 2017, mis à jour le 19 juillet 2017

Du 17 au 28 mai se déroule la 70e édition du Festival de Cannes. Cette année, la sélection officielle accueille le Suédois Ruben Östlund et son long métrage The Square. L'occasion pour lepetitjournal.com/stockholm de présenter le réalisateur et son oeuvre.

Du ski dans les Alpes à la reconnaissance internationale

Originaire de Styrsö dans l'archipel de Göteborg, la carrière de réalisateur de Ruben Östlund débute dans le milieu du sport. En effet, dans les années 1990, ce passionné de ski travaille dans des stations de sports d'hiver des Alpes où il commence à filmer ses amis en train de skier. Remarqué par une boite de production de films sur le ski, il travaille pour cette dernière durant cinq ans, tournant dans les Alpes ou bien encore au Canada. De ces années où il tournait d'avril à décembre en extérieur, Ruben Östlund a appris l'endurance qu'il pratique encore aujourd'hui lorsqu'il tourne ses longs métrages actuels. En 1998, il rejoint l'Ecole de cinéma et de photographie de Göteborg et en sort diplômé en 2001. Son premier long métrage Gitarrmongot (The Guitar Mongoloid) sort dans les salles six ans plus tard. Le film à mi-chemin entre le documentaire et la fiction reçoit un accueil mitigé des critiques mais recevra tout de même le prix de la Fédération Internationale de la Presse Cinématographique au Festival du film de Moscou 2005.

Un cinéma grinçant qui interroge les rapports humains

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C'est surtout en 2008 avec son film De ofrivilliga (Involuntary ou Happy Sweden en France) que le cinéma de Ruben Östlund s'internationalise. Effectivement, ce film signe le début de son histoire avec le Festival de Cannes alors qu'il fait partie de la sélection Un certain regard. Ce dernier dépeint une satire réaliste de la conformité de la société suédoise à travers cinq histoires qui s'entremêlent sur l'obéissance et le libre arbitre. On retrouvera également cette problématique dans un autre de ses films, Play, sorti en 2011. Dans celui-ci, le réalisateur s'attaque aux discriminations raciales. En suivant un gang d'adolescents qui met en place une stratégie astucieuse de racket, Ruben Östlund pose la question de la perception de l'autre, des préjugés et des non-dits dans la société suédoise. Bien que positivement accueilli par la critique, le film a soulevé la controverse. Accusé de racisme par certains, il souligne surtout que le cinéma de Ruben Östlund interroge plus qu'il ne répond à des questions.

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En 2014, c'est la consécration. Il est de retour à Cannes avec Turist (Force Majeure ou Snow Therapy en France), encore une fois pour Un certain regard. Le film renoue avec les débuts d'Östlund dans le cinéma puisque le décor est celui d'une station de ski dans les Alpes. Il met en scène une famille suédoise de la classe moyenne qui fait face à une avalanche qui va remettre en cause son unité. Le film questionne les rôles sexués au sein de la famille et de la société et les attentes liées à ces derniers. Encore une fois, Ruben Östlund évoque le libre arbitre et l'incapacité d'agir lorsque quelque chose ne va pas, la paralysie face à la peur de mal faire et de se retrouver en dehors de la norme. Le long métrage obtient le prix du Jury et sera le film choisi pour représenter la Suède aux Oscars sans pour autant être nominé.

Östlund veut être un critique objectif des comportements humains et des normes sociales. Il entend faire cela notamment avec sa manière de filmer. Influencé par le début de sa carrière en tant que réalisateur de films sur le ski, Ruben Östlund filme souvent ses acteurs de loin et de dessus, il fait aussi le choix de longs plans séquences comme s'il voulait s'exclure de l'image et se faire oublier. Il entend ainsi se concentrer sur les relations entre les personnes, la façon dont l'un réagit face à l'autre, dans une démarche quasi anthropologique.

The Square le retour du cinéma suédois sur la Croisette

Cette année, la carrière internationale de Ruben Östlund prend une autre mesure. En effet, le dernier film du Suédois fait partie des dix-neuf films de la sélection officielle de la 70e édition du Festival de Cannes. Le réalisateur se retrouve ainsi aux côtés de personnalités reconnues telles que Michael Haneke ou Sofia Coppola.

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Intitulé The Square, le long métrage se déroule cette fois ci dans le monde de l'art. Il met en scène Christian un conservateur d'un musée d'art contemporain. Celui-ci prépare une nouvelle installation intitulée The Square qui veut rappeler la notion d'altruisme aux passants.
L'?uvre entend interroger la responsabilité de chacun en créant un espace symbolique rappelant à chaque concitoyen qu'il devrait aider et prendre soin des autres. Quelles sont les règles dans cet espace ? Ne devrait-on être altruiste qu'à cet endroit précis ? Le film interroge la passivité et rappelle notre responsabilité commune envers l'autre en tant qu'être humain. Pour l'instant, aucune bande annonce n'a été dévoilée et Ruben Östlund reste mystérieux sur l'intrigue. Seulement quelques vidéos ont été publiées par Plattform Produktion qui produit le film sur son compte instagram. Les acteurs principaux sont connus du grand public puisqu'on retrouve Elisabeth Moss, actrice phare de Mad Men et The One I Love, et Dominic West de la série The Wire.

Après dix-sept ans d'absence, The Square annonce le retour du cinéma suédois dans la sélection officielle cannoise. En 2000, le Suédois Roy Andersson avait remporté le Prix du Jury pour son film Songs from the Second Floor. Quant à la dernière Palme d?Or pour un film suédois, elle remonte à 1951 avec le film Miss Julie d'Alf Sjöberg.

Ruben Östlund incarne-t-il le renouveau du cinéma suédois ? The Square remportera-t-il le prix le plus prestigieux du Festival de Cannes ? Rendez-vous le 28 mai !

Sarah Chabane (lepetitjournal.com/stockholm) 17 mai 2017

Photos: Plattform Produktion

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