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ENVIRONNEMENT - Singapore Without Fins, une pétition de visages pour sauver les requins

Écrit par Lepetitjournal Singapour
Publié le 4 décembre 2016, mis à jour le 7 décembre 2016

Connu pour ses photographies publicitaires ou dans la mode, le Singapourien Aaron Wong est aussi un des photographes sous-marins les plus convoités d'Asie. A travers ses images colorées, il dévoile la beauté et les mystères du monde sous les mers, et milite pour la protection des océans. Il est particulièrement engagé à Singapour pour obtenir l'interdiction de la consommation des ailerons de requins.

Lepetitjournal.com ? Vous êtes plongeur, passionné par les requins depuis toujours. Est-ce pour cela que vous êtes engagé pour leur cause ?

Aaron Wong ? Certes, je suis fasciné par les requins comme beaucoup de plongeurs, car ce sont des animaux magnifiques, qui inspirent le respect et l'admiration de ceux qui ont la chance de les observer dans leur environnement. Mais la sauvegarde des requins n'intéresse pas que les plongeurs. Les requins sont aujourd'hui en voie de disparition, alors que ce sont des espèces cruciales pour la santé de nos océans. En tant que grands prédateurs, en haut de la chaine alimentaire, ils sont indispensables pour la régulation des populations de poissons et l'équilibre de l'écosystème tout entier.

La situation est alarmante, on parle de surpêche, mais il faut bien comprendre qu'il s'agit de cent millions de requins pêchés chaque année, dont les trois quart pour le commerce des ailerons. Ça veut dire un toutes les trois minutes. Or les requins sont particulièrement vulnérables car ils ont un taux de reproduction très faible. Ainsi, de plus en plus d'espèces sont menacées et, si nous continuons à ce rythme, les requins auront disparu dans seulement quelques décennies.

(c) Aaron Wong

Pour quelle raison faut-il une interdiction de la consommation des ailerons de requin ?

Si nous voulons avoir un effet sur les taux de pêche des requins dans les océans, il faut stopper la demande. Depuis plusieurs années, de nombreuses espèces de requins sont protégées, et des quotas de pêche ont été instaurés. Malgré cela, la surpêche continue, et notamment la pêche illégale, car la consommation reste légale.

Aussi, diverses campagnes de sensibilisation ont été réalisées à travers le monde ces dix dernières années. Le grand public a pris conscience du problème, mais le passage à l'action collective ne se fait pas tout seul. A présent, il faut une action gouvernementale forte pour que les choses changent réellement.

Et pourquoi à Singapour ?

Tout d'abord, il est évident qu'il s'agit d'un problème asiatique, c'est en Asie que l'on mange les ailerons de requins. Le problème doit donc être réglé par les peuples asiatiques. Singapour est le deuxième pays plus gros consommateur d'ailerons de requins au monde, après Hong-Kong. On les consomme sous forme de soupe, lors de réception, de mariages, etc. La tradition est très forte ici, mais certaines traditions doivent disparaître lorsqu'elles sont mauvaises ! L'aileron du requin n'apporte en fait aucune saveur à la soupe et ne possède aucune vertu alimentaire ; pire, la chair de requin est connue pour contenir des métaux lourds, comme le plomb et le mercure, et des toxines. Enfin, Singapour est un lieu stratégique, géographiquement et économiquement, une interdiction ici aura un fort impact régional et mondial.

Est-ce que les Singapouriens sont prêts pour un changement ?

(c) Aaron Wong


Les générations précédentes restent très attachées aux traditions et peu enclines au changement, mais les Singapouriens ont beaucoup changé en l'espace d'une génération ; ils se sont notamment modernisés et occidentalisés, et sont prêts à recevoir le message. Une étude du WWF[1] parue cette année montre d'ailleurs que 75% des Singapouriens interrogés sont en faveur d'une législation et pensent que le gouvernement ne fait pas assez d'efforts pour protéger les requins.

"Singapore without fins"? une pétition de visages ?

En tant que photographe et éditeur, je connais le pouvoir des images et des médias. L'idée d'une pétition de visages m'est venue naturellement. Un visage c'est une personne, bien plus qu'une simple signature sur une liste. Aussi, une image permet de communiquer de façon universelle, sans la barrière de la langue. « Singapore without fins » est ma deuxième campagne sur ce principe, après « I'm finished with fins » qui a été un véritable succès médiatique à travers le monde mais qui s'est malheureusement éloignée de Singapour et de l'objectif initial en devenant plus une campagne iconique qu'une pétition. C'est pourquoi j'ai décidé de recommencer, en focalisant cette fois l'attention sur Singapour.

Comment participer ?

C'est très simple ! Tout se passe sur notre page Facebook. Le principe est de poster une photo de vous, un selfie ou un portrait, avec la bouche couverte. Le but est que ce soit fun, vous pouvez couvrir votre bouche avec vos mains ou ce que vous voulez, et la photo peut être prise n'importe où.  Il suffit alors de liker notre page, de poster votre photo sur votre mur et de la partager sur notre page, en indiquant en commentaire « I vote for a Singapore without Fins » et en nominant 3 amis pour en faire autant. Vous pouvez aussi nous aider à répandre le message en partageant au maximum sur tous vos réseaux.

Notre objectif est de rassembler 10000 signataires et de porter la « pétition » au gouvernement singapourien.

I'm finished with fins (c) Aaron Wong

I'm finished with fins (c) Aaron Wong

 
Propos recueillis par Cécile Brosolo (www.lepetitjournal.com/singapour) Lundi 5 décembre 2016
 
Photos : (c) Aaron Wong


[1] Source : WWF Singapore (World Wildlife Fund) Survey 2016 : Shark Fin Consumer Survey 

 

logofbsingapour
Publié le 4 décembre 2016, mis à jour le 7 décembre 2016

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