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BUSINESS SOLIDAIRE - En vogue chez les jeunes Singapouriens

Écrit par Lepetitjournal Singapour
Publié le 12 juillet 2016, mis à jour le 3 août 2016

Loin des clichés, une nouvelle génération d'entrepreneurs, s'inscrivant dans les pas d'une poignée de pionniers, fait d'emblée le choix de modèles économiques dont le c?ur est l'impact sociétal ou environnemental et le profit un moyen. Tour d'horizon de cette « sociale tendance », en pleine émergence à Singapour, avec le support de l'Etat et de grandes entreprises

Midi. Juste avant le coup de feu, dans la cuisine de l'un des restaurants de la chaine Eighteen Chef, le fondateur Benny Teo, 54 ans,  jette un ?il sur les casseroles et prodigue quelques conseils à ses commis.  En salle, une clientèle jeune s'attable aux sons des derniers tubes du moment. « Je viens ici car ce n'est pas cher et que la nourriture est bonne, c'est aussi une alternative à ma cuisine locale » explique Alfin, un client de 19 ans.  De la bonne cuisine, des prix abordables, telle semble être la recette gagnante de Benny Teo qui a ouvert en janvier dernier son 10e restaurant. Mais cette success story comme on en rencontre dans le monde des affaires, a une saveur particulière. Ancien toxicomane, Benny Teo a passé plusieurs années en prison avant de monter son premier restaurant en 2007 avec l'idée de faciliter la réinsertion des anciens détenus. 6 ans plus tard, ces derniers représentent 20% de ses équipes. Mais pas question de faire de cet engagement social un atout marketing. « Nous devons réussir économiquement pour pouvoir embaucher davantage et aider plus de gens, c'est ma priorité » explique Benny Teoh. Car c'est précisément là que réside la clé de l'entreprise sociale : être économiquement rentable pour être socialement profitable.

A l'image de Benny Teoh, Singapour a vu émerger depuis une dizaine d'années une nouvelle génération d'entrepreneurs qui voient plus loin que le bout de leurs profits, et dont le critère de réussite est l'impact qu'ils ont sur la société. Parmi les pionniers de l'entrepreneuriat social figurent Kuik Shiao-Tin, Tong Yee et Elizabeth Kon. Ils se sont rencontrés sur les bancs de l'université et ont créé, en  2002, un centre de soutien scolaire pour aider les étudiants, parmi lesquels beaucoup ignoraient presque tout de l'environnement dans lequel ils vivaient, à passer leur « General paper. Ils avaient 20 élèves au début de l'aventure. Ils en ont désormais 900. Depuis ils ont créé un collectif baptisé The Thought Collective qui réunit 4 autres entreprises sociales, dont la chaine de restaurant Food for Thought. Leur objectif est simple : éveiller les Singapouriens aux problématiques sociales.  

Impossible de parler des entrepreneurs sociaux sans évoquer Aseem K. Thakur et Yu Ming Pong, deux diplômés de la NUS qui ont développé en 2009 Give Asia une plateforme permettant de faire des dons et de lever des fonds pour des associations ou des projets solidaires.  C'est à travers GiveAsia par exemple que le marathon de Singapour organise les levées de fonds pour les associations caritatives. C'est aussi sur cette même plateforme qu'ont été récoltés récemment 47000 dollars pour aider les familles de deux employés de la compagnie de bus SMRT tués dans un accident du travail.

Aujourd'hui on compte quelques 300 entreprises dites sociales. Un chiffre qui a triplé en 7 ans. Selon une étude réalisée par la National University of Singapore en 2013, plus d'un tiers des entreprises sociales de Singapour participent à l'insertion de personnes marginalisées : personnes handicapées, ancien détenus, femmes isolées mais aussi jeunes en difficulté. En plein essor également, les services aux personnes âgées. Dans un pays ou le vieillissement de la population est parmi les plus rapides au monde, répondre aux besoins des seniors est devenu une priorité grandissante pour de nombreux entrepreneurs sociaux.

Pour accompagner l'essor du secteur, le gouvernement a lancé en mai dernier le Singapore Centre for Social Enterprise connu sous le nom de Raise. Une sorte de guichet unique pour les entrepreneurs sociaux. Raise dispose d'un budget de 30 millions $ sur 5 ans qui est utilisé sous forme d'aides ou d'investissements pour les entreprises. Baptisé VentureForGood, le système de subventions allouées par Raise permet d'accompagner l'entrepreneur aux différents stades de son projet.

Mais il n'y a pas que le gouvernement qui mise sur l'entreprise sociale, les banques aussi se penchent sur le secteur, à l'instar de  DBS, la principale banque de l'île, qui, en 2014, a lancé un fonds doté de 50 millions $ destiné à soutenir les entreprises à Singapour et en Asie. En partenariat avec NUS, la banque organise également le Social Venture Challenge, une compétition destinée à identifier et aider de nouveaux projets. Tout dernièrement c'est l'incubateur israélien Tech for Good qui vient de s'installer à Singapour pour accompagner les entreprises qui utilisent les nouvelles technologies pour répondre à des problèmes sociaux.  « Tech for Good veut faire de Singapour le hub régional de la technologie sociale » déclarait son co-fondateur Yoav Elgrichi lors de son lancement en mars 2016. Le rêve singapourien de smart nation pourrait bien aussi être social !

Marion Zipfel (www.lepetitjournal.com/singapour) mercredi 13 juillet 2016

Reprise de l'article paru dans le magazine Singapour n°7 Une jeunesse Singapourienne. Numéro disponible gratuitement à Singapour dans les endroits référencés ICI et téléchargeable sur ISSUU.

Magazine Singapour Une jeunesse singapourienne

 
 
 
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Publié le 12 juillet 2016, mis à jour le 3 août 2016

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