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MARIAGE - Le business des sites de rencontre

Écrit par Lepetitjournal Singapour
Publié le 14 juin 2016, mis à jour le 14 juin 2016

C'est un fait général, les Singapouriens se marient moins et, quand ils se marient, le font de plus en plus tard. Loin d'être l'indice d'une moindre envie de construire une vie à deux, la situation traduirait la difficulté de concilier carrière professionnelle et recherche de l'âme s?ur ; une situation qui fait le bonheur des agences matrimoniales. 

Selon le Département des Statistiques, environ 1 million de résidents à Singapour, en 2014, étaient célibataires : 25 % de plus qu'il y a 10 ans. Sur la même période, l'âge médian du premier mariage est passé de 26,6 à 28,1 ans pour les femmes et de 29,1 à 30,2 ans chez les hommes. Pour Paulin Straughan, sociologue à la National University of Singapore (NUS), citée par le Straits Times en 2015, cette situation est liée à plusieurs facteurs : la priorité à la carrière, l'allongement des études et des critères de sélection du partenaire de plus en plus stricts. Pour autant, selon une étude (Marriage and Parenthood Study) réalisée en 2012, 83 % des célibataires cherchent à se marier. C'est aussi la conclusion d'un sondage réalisé par Lunch Actually, qui se présente comme la première agence de « lunch dating » en Asie. Pour la cofondatrice de Lunch Actually, Violet Lim, même si la façon de penser de la nouvelle génération est moins traditionnelle et plus moderne, les jeunes Singapouriens ont toujours le même désir de trouver un ou une partenaire pour la vie. Dans la culture asiatique, Il est mal perçu de ne pas se marier et de ne pas perpétuer la lignée. Si la pression parentale est moins forte qu'en Chine, où une femme de 30 ans non mariée est désignée par le terme péjoratif de « leftover woman », elle reste forte à Singapour. Plus indépendants et occidentalisés, les jeunes Singapouriens, ont une vision idéalisée de la relation amoureuse et la pratique du mariage arrangé par la famille est rare, mais il est courant, indique Alex Tam, cofondateur de l'agence de rencontre GaiGai, qu'il soit contacté par des parents inquiets de ne pas voir leur enfant trouver un partenaire.

Le business des rencontres

La situation fait le bonheur des sites de rencontre et des agences matrimoniales. Les agences hors-ligne, telles que GaiGai ou Lunch Actually, restent populaires. Elles offrent de nouveaux services, à l'instar de GaiGai où l'accent est mis, explique Alex Tam, sur la personnalisation de l'expérience, l'accessibilité et le côté « fun », avec des activités allant du sport (bubble football, kayak) au dîner classique en passant par l'atelier cuisine ou la dégustation de vin. Les clients de GaiGai sont représentatifs de cette nouvelle génération à la recherche du grand amour : 32 ans en moyenne, 80 % de diplômés de l'enseignement supérieur. Chez Lunch Actually, On propose des services de coaching. L'agence rencontre chaque prétendant avant de lui proposer des rendez-vous afin d'assurer la qualité de leurs célibataires et la sécurité des rencontres. Les « matchs » sont réalisés « à la main ». Familiers des nouvelles technologies, les jeunes Singapouriens utilisent de plus en plus les applications en ligne telles que Tinder, moins stigmatisées qu'auparavant. Mais ils restent, en général, très discrets, par comparaison avec les jeunes américains qui n'hésitent pas à partager leurs profils Facebook ou LinkedIn sur les sites de rencontre. Certains rechignent à donner leur nom ou à parler de ce qu'ils font dans la vie. Une réticence qu'a bien intégré Lunch Actually, qui dans ses arguments de vente met en avant la confidentialité.

Mieux vaut être seul que mal accompagné

Malgré ces offres, le nombre de célibataires continue d'augmenter. Une interview conduite par Life (Straits Times) explique que cette tendance serait dû à l'attitude ambivalente des jeunes vis-à-vis de la relation amoureuse, à la restriction de leurs cercles sociaux, à un mode de vie de plus en plus autonome ou encore au décalage entre leurs attentes et la réalité. La recherche en ligne et la succession de « premiers rendez-vous » qui en découle peut paraître épuisante. Certains abandonnent au bout de quelques mois. Un premier échec peut être ressenti comme décourageant et influer de manière négative sur l'estime de soi.  Les attentes élevées sont sources de déception, si bien que nombreux préfèrent s'en tenir à l'adage ?mieux vaut être seul que mal accompagné?. Enfin il y a les aspects pratiques : avoir une bonne situation matérielle est souvent une condition sine qua non avant d'établir une relation. Toujours selon Life, les femmes mettraient en premier le critère de la stabilité femmes, tandis que les hommes se concentreraient sur l'apparence et la capacité de la femme à être mère.  Enfin, à force d'attendre, de plus en plus de personnes s'habitueraient tellement au célibat qu'elles ne sauraient plus s'adapter à un mode de vie à deux.

Tom Tiger (www.lepetitjournal.com/singapour) mercredi 15 juin 2016

Reprise de l'article paru dans le magazine Singapour n°7 Une jeunesse Singapourienne. Numéro disponible gratuitement à Singapour dans les endroits référencés ICI et téléchargeable sur ISSUU.

Mag Singapour #7

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Publié le 14 juin 2016, mis à jour le 14 juin 2016

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