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LEE HSIEN LOONG AUX SINGAPOURIENS – La raison plus que les sentiments pour gérer les affaires

Écrit par Lepetitjournal Singapour
Publié le 8 octobre 2014, mis à jour le 11 octobre 2014

A l'occasion du 60ème anniversaire de la NUS Society, le Premier ministre de Singapour Lee Hsien Loong s'est fait l'avocat de la raison, plutôt que des sentiments, dans la manière d'adresser les questions auxquelles est confrontée la société singapourienne. Une plaidoirie illustrée dans trois domaines : le rapport aux étrangers, la couverture sociale et la croissance.

Lee Hsien Loong à NUSS
« We must never be hard-hearted but we must never shy away from being hard headed ».

Pas simple à traduire, la formule utilisée par Lee Hsien Loong fait la part belle à l'équilibre entre cerveau droit (le cœur) et cerveau gauche (la raison) pour une bonne gouvernance des affaires publiques. Si la formule surprend de prime abord, c'est qu'elle prend l'observateur occidental à contre pied, davantage habitué à ce qu'on l'engage à mâtiner la raison de sentiments plutôt que l'inverse. La formule laisse penser que le gouvernement doit savoir prendre des décisions impopulaires pour le bénéfice de la société dans son ensemble. C'est bien l'objet du discours du Premier ministre, mais, en l'occurrence, ce qu'il désigne par les sentiments, ce sont les émotions, les préjugés et la tentation de la facilité, quand ce qu'il désigne par la raison renvoie au pragmatisme et à la bonne gestion.

Main d'œuvre étrangère - modérer le flux, sans le stopper

De quoi s'agit-il ? Le sujet de la population et celui du rapport avec les étrangers qui en dérive, fournissent une éclairante démonstration. "La population, souligne le chef de gouvernement de Singapour, est un problème qui doit être adressé avec le cœur, mais aussi avec la tête". Coté cœur : les aspects émotionnels et pratiques – la  manière dont les Singapouriens réagissent au rythme de l'immigration, dont ils demandent aux immigrants qu'ils s'adaptent aux normes de Singapour et à la manière dont la société fonctionne. Coté tête :  le suivi des chiffres, et le maintien du flux migratoire à un niveau modéré et durable.

Petit tacle, en passant, au jeu plus "cœur" que "tête", du Workers' Party lors des débats qui avaient suivi la publication du livre blanc sur la population en Février 2013. A l'époque, rappelle Lee Hsien Loong, le Workers' Party appelait à l'arrêt du recours aux travailleurs étrangers.  Une posture, "populiste et irresponsable" qui aurait atteint l'économie de Singapour, fragilisant en particulier les PME et se serait traduit par moins d'emplois pour les Singapouriens. A l'inverse, poursuit le Premier ministre, ce que le gouvernement a choisi, c'est de modérer le flux de travailleurs étrangers sans le stopper.

Eviter les sentiments anti-étrangers

S'adressant aux Singapouriens, Lee Hsien Loong en profite pour les encourager à résister à la tentation, particulièrement évidente dans les forums sur internet, de développer des sentiments anti-étrangers, de mettre sur le dos des étrangers tout ce qui ne va pas à Singapour et de généraliser à l'ensemble des étrangers les mauvaises actions d'un non singapourien (cf. ANTON CASEY- l'expat anglais dont les posts sur Facebook ont déclenché la colère des Singapouriens)

Petite pique, cette fois, aux démocraties occidentales : "attention à ne pas développer des sentiments ant-étrangers comme au Royaume-Uni, en France ou à Hong Kong. Et même en Suède, connue pour être un pays libéral avec un grand cœur".  Le Premier ministre met en garde contre les préjugés : allusion à joseph Schooling, présenté sur internet pendant les jeux asiatiques comme un talent étranger alors que son père et lui sont eurasiens nés à Singapour.

les Systèmes sociaux – "Quand ce gouvernement fait une promesse. Il le fait de manière sincère et s'y tient"

Critique des pays occidentaux, quand le Premier ministre fait allusion aux systèmes mis en place dans un certain nombre de pays pour résoudre les problèmes de pauvreté. Des dispositifs qui, au lieu d'éradiquer le problème, ont au contraire, selon Le Premier ministre, créé de la dépendance à l'égard de l'Etat providence.  "C'est la première raison pour laquelle nous devons être 'cerveau gauche' pour obtenir les bons résultats".

Les Singapouriens doivent, d'ailleurs, eux aussi fonctionner "cerveau gauche" pour eux-mêmes lorsqu'il s'agit du CPF et de la santé. "Ce serait facile de transmettre la charge aux générations à venir en offrant des systèmes généreux payés par le gouvernement. Dans le cas du "Pioneer generation package", au lieu de laisser les générations futures financer le dispositif, le gouvernement a fait le choix de provisionner les fonds nécessaires aujourd'hui".  "Quand ce gouvernement fait une promesse. Il le fait de manière sincère et s'y tient".

Incontournable croissance.

Sur la croissance enfin, le Premier ministre exprime son inquiétude quant à ceux qui pensent que la croissance peut être ralentie et parlent de "choses plus importantes dans la vie". "Je pense qu'il y a beaucoup de complaisance dans cette façon de voir. Sans croissance, vous ne pouvez améliorez la situation d'un individu sans que cela se fasse au détriment de la situation d'un autre".

Bertrand Fouquoire (www.lepetitjournal.com/singapour) jeudi 9 octobre 2014

Le Premier ministre a fait une conférence le 3 octobre intitulée "Singapore in transition: the next phase" à la National University of Singapore Society

logofbsingapour
Publié le 8 octobre 2014, mis à jour le 11 octobre 2014

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