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A QUOI REVENT LES SINGAPOURIENS? une autre définition du succès

Écrit par Lepetitjournal Singapour
Publié le 23 octobre 2014, mis à jour le 18 octobre 2014

Trop élitiste la société singapourienne ? Il y a 18 mois, les Singapouriens, dans le cadre de « our singapore conversation » avaient exprimé leur malaise vis-à-vis de systèmes – éducation, enseignement supérieur, emploi,… - aboutissant à une définition unique du succès... et à une peur panique de l'échec. En appelant ses concitoyens à changer le système de valeurs des Singapouriens, le Premier ministre s'est fait l'écho d'une préoccupation nationale d'autant plus essentielle qu'elle touche au moral des intéressés, au vivre ensemble dans la communauté, et à la diversité.  

Singapour une autre manière de définir le succès
Singapour doit développer son heartware en tant que « nation intelligente » suggérait récemment un article paru dans Today sur l'utilisation des nouvelles technologies dans la cité. De fait, champion indiscutable sur le terrain des infrastructures (hardware) et de l'intelligence (software), Singapour peine davantage quand il s'agit d'empathie et de solidarité.

Il faut dire que le terrain de jeu à Singapour, très libéral, est d'abord marqué par la compétition et par les signes extérieurs qui attestent, financièrement, des succès individuels : le fameux 5Cs « Cash, Car, Condominium, Country club membership et Credit card ». Dès le plus jeune âge, les jeunes singapouriens sont engagés dans un parcours très sélectif, nourri d'activités d'éveil, de cours de soutien et d'investissements extrascolaires. A ce jeu, la pression est intense et la culture des interessés dominée, souvent, par la peur de l'échec. "L'idée de l'échec, souligne le verbatim de "Our Singapore Conversation" est vue de manière très négative. Vous ne pouvez pas échouer... On devrait pouvoir ne pas réussir et valoriser ce qu'on peut apprendre de l'échec".

Or la compétition n'a pas que des avantages. Au niveau de la société elle présente l'inconvénient de creuser le fossé entre ceux qui réussissent et ceux qui y parviennent le moins, remettant en question le bon fonctionnement du système méritocratique. En termes d'initiative, d'entrepreneuriat et d'innovation, le Kiasu (peur de l'échec) n'est sans doute pas l'état d'esprit qui prédispose le mieux à la prise de risque.  Sur le plan économique, les chemins trop étroits de la réussite aboutissent à l'uniformisation des parcours et à moins de diversité, facteurs de déséquilibres entre les talents et les besoins.

Dans un système qui valorise à l'excès une seule définition du succès, il y a un risque de voir les individus les plus doués se tourner en masse vers les secteurs et les métiers les plus valorisés – la Finance, le Droit..- ou, comme le suggérait le Président de la Nanyang Technological University, de préférer à des études longues, des études courtes qui permettent d'obtenir rapidement un emploi*. Il y a deux semaines, le ministre du travail, inquiet du nombre d'étudiants en Droit par rapport aux besoins de juristes à Singapour, exhortait ainsi les intéressés à envisager d'autres carrières que juridiques. A l'inverse, d'autres spécialités dont l'expertise est critique dans le cadre du développement de Singapour, moins valorisées ou trop contraignantes, peuvent souffrir de la déshérence des étudiants.

L'autre risque est de laisser sur le bord de la route la grande majorité de ceux qui n'ont pas, suffisamment tôt, emprunté les filières d'excellence. C'est à cette catégorie que s'adressaient les réformes et programmes, présentées par le Premier ministre de Singapour lors du national day rally, visant à renforcer la formation continue et multiplier les possibilités de reprendre des études supérieures. A l'honneur, les étudiants des Instituts Techniques (ITE) et polytechniques. Plutôt qu'un long discours, le Premier ministre, s'appuyait sur le témoignage de deux dirigeants de la société Keppel, sortis du rang mais s'étant élevés dans la hiérarchie de l'entreprise, à force de formations complémentaires et d'engagement, pour démontrer que la course au diplôme n'était pas la seule manière de s'ouvrir un futur brillant.

Bertrand Fouquoire (www.lepetitjournal.com/singapour) republié vendredi 24 octobre 2014

Bertil Andersson souligne que seulement 30% des Singapouriens d'une génération poursuivraient des études supérieures, contre 40% en Grande Bretagne. Le gouvernement Singapourien a pris l'engagement d'amener ce chiffre à 40%.

logofbsingapour
Publié le 23 octobre 2014, mis à jour le 18 octobre 2014

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