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Patrice Blanchet – « Bas les masques ! »

Patrice BlanchetPatrice Blanchet
Écrit par Laurence Huret
Publié le 12 avril 2021, mis à jour le 12 octobre 2021

Arrivé en Asie du Sud Est en 1980 pour Alcatel, Patrice Blanchet a été basé à Bangkok, Kuala Lumpur, Jakarta puis Singapour, tout en faisant de longues missions au Sri Lanka, au Bangladesh et au Vietnam. Durant toutes ces années, ses deux fils, alors étudiants en France, venaient le voir régulièrement durant leurs vacances dans les pays où il résidait. Ils ont attrapé le « virus asiatique » et sont installés l’un à Hong Kong, l’autre à Singapour, depuis la fin des années 90. Patrice a choisi de prendre sa retraite à Singapour en 2013, afin d’être plus près de ses enfants et petits-enfants.

 

Patrice, pouvez-vous nous raconter votre parcours ? Qu'est ce qui vous a amené à Singapour ? Depuis quand ?

J’ai commencé à sévir en Asie du Sud Est en 1980, lorsque CIT ALCATEL qui venait de m’embaucher avait décidé de se lancer à l’exportation.

A l’époque cette grosse PME française de 10.000 employés n’avait qu’un client principal : LES PTT devenus ensuite France TELECOM. Ses activités hors de France se limitaient à des expéditions de matériels téléphoniques non achetés par les PTT dans des pays aux normes françaises…! La France avait à l’époque une avance technologique importante sur ses concurrents internationaux potentiels, ayant été pionnière en matière de réseaux de télécommunication digital. Après une visite à l’UIT (Union Internationale des Télécommunications – Agence de l’ONU), il est apparu clairement à la direction générale d’ALCATEL que le devenir du marché mondial des réseaux de télécommunication pour les 40 années à venir se trouvait pour 38% en Asie-Pacifique, 30% en Amérique du Nord, 20% en Europe, le reste du monde se partageant le reste.

Je fus chargé par le Vice-Président Asie, qui se réservait L’Inde et La Chine - soit la moitié de la population mondiale - de mettre en place une stratégie de pénétration des pays d‘Asie du Sud Est que l’on désignait en ce temps-là par le qualificatif de « Dragons de l’Asie ». Il s’agissait essentiellement de Singapour, la Malaisie, la Thaïlande, les Philippines, l’Indonésie - tous pays avec des taux de développement annuel à deux chiffres - puis par la suite du Vietnam, le Sri Lanka, le Cambodge, le Bangladesh etc…

 

Patrice Blanchet

J’ai été associé de très près au développement du groupe dans la région à différents titres, soit en base arrière au siège à Paris, soit en tant que « Chief Executive Officer » expatrié dans les pays les plus porteurs de potentiels, qui durant une quinzaine d’années (1982 /1998) ont lancé des appels d’offre internationaux gigantesque de plusieurs centaines de million d’euros, souvent associés à des transferts de technologie et des  créations de joint-ventures avec des partenaires locaux très importants.

Dans ce cadre, j’ai été basé successivement à Bangkok, Kuala Lumpur, Jakarta, Singapour, et j’ai pu faire de longues missions au Sri Lanka, au Bangladesh, au Vietnam. J’ai passé quatre années en poste à Singapour en tant que représentant régional, avant d’être affecté à Londres pendant cinq ans, afin de lancer le processus de gestion des Grands Comptes pour l’ensemble des implantations d’Alcatel dans le monde.

 

Avez-vous des membres de votre famille avec vous en Asie ?

Durant toutes ces années mes deux fils, qui finissaient leurs études en France, venaient me voir régulièrement dans les pays où je résidais pour leurs vacances et ils ont en quelque sorte attrapé le « virus asiatique », puisqu’ils ont tous les deux décidé de s’installer l’un à Hong Kong, l’autre à Singapour, depuis la fin des années 90.

Pour ma part j’ai décidé de prendre ma retraite à Singapour en 2013, peu après le décès de mon épouse, afin d’être plus près de mes enfants, et petits-enfants qui eux sont à Hong Kong.

 

Patrice Blanchet

 

Quels souvenirs gardez-vous de Singapour lors de votre arrivée ? Quels sont les évènements qui vous ont le plus marqué ?

Mes souvenirs les plus marquants sont bien antérieurs à l’an 2000, étant donné qu’entre 1996 et 2010 je n’ai pas été très présent à Singapour. Par contre, j’ai de nombreux souvenirs remarquables entre les années 1980 et 1996.

Je me suis installé à Singapour en 2013 pour y passer une bonne partie de ma retraite, les quelques éléments marquants que je peux avoir sont ceux qui relèvent d’une vie de retraité dans un environnement que je connais bien et qui pour ce qui concerne Singapour se caractérise par le fait que « Tout marche », aussi bien dans les administrations (parfois trop bien même) que dans le quotidien. Je ne crois pas avoir jamais vu une ampoule de cassée à l’aéroport de Changi !

Ce qui m’a le plus marqué au cours des années 80/90, c’est la vitesse de la transformation de la cité/Nation. J’ai vu en effet en l’espace de 10 ans le pays s’agrandir de près de 20% de sa surface, par des travaux gigantesques de de récupération sur la mer. J’ai connu notamment l‘époque où le Raffles Hôtel était au bord de mer (Beach Road) et où le Boat Quay était le port de la criée des pêcheurs qui stationnaient leurs sampans dans le bassin de l’actuel Boat Quay un peu comme Aberdeen à Hong Kong.

J’ai souvenir également d’un 14 juillet mémorable où, avec l’autorisation de la ville, la communauté française de Singapour avait organisé « La course des Garçons de Cafés » sur Orchard Road qui avait été neutralisée durant 4h pour l’occasion. Plusieurs dizaines de milliers de badauds s’étaient déplacés tout au long de l’avenue et plusieurs centaines de « garçons de cafés » - parfois autodéclarés ! - ont participé à condition d’être sponsorisés par un restaurant ou un café. Une bonne idée pour un prochain Voilah !

 

Patrice Blanchet

 

Plus récemment j’ai été très impressionné par l’organisation annuelle de deux évènements récurrents : Le Grand Prix de F1 en ville et en soirée, et de la phase finales des Championnats du Monde de Rugby Seven !!

Enfin, une véritable explosion des activités culturelles depuis une dizaine d’années, auxquelles de nombreux Français et Françaises résidents sont associés, soit lors de grandes manifestations internationales organisées à Singapour, soit à l’occasion d’expositions, de concerts, de représentations officielles ou privées.

Dans un tout autre registre, je suis toujours aussi ébahi de voir comment les traditions, l’ancien, le moderne et le futur s’entremêlent, coexistent et parfois de marient dans la cité-Etat, tout comme les religions, les ethnies, les langages et les générations. Il est vrai qu’à l’échelle de 5,5 millions d’habitants, cela est plus facile qu’à l’échelle de la France ou d’un continent.

 

Quels ont été les challenges professionnels et personnels auxquels vous avez dû faire face? Quel appui vous ont apporté les différentes institutions françaises ? La FCCS ?

A vrai dire, rien que des chalenges classiques liés à l’expatriation, mais compte tenu du fait que « Tout Marche » à Singapour, il est sans doute plus facile d’y faire face de façon efficace. J’ajouterais que l’ensemble des institutions françaises présentes à Singapour se sont toujours montrées très coopératives, efficaces et soucieuses de se positionner sur l’avenir.

A l’époque où j’étais administrateur de la Chambre de Commerce Franco-Singapourienne, qui était une Chambre de Commerce mixte issue d’une association entre la Fédération des Chambres de Commerce et de l’Industries en France et l’Economic Development Board (EDB) de Singapour, nous avons pu collaborer au lancement de très nombreuses initiatives de coopération scientifiques, commerciales, industrielles et éducatives qui sont aujourd’hui toujours d’actualité.

J’émettrais une petite réserve néanmoins à la mention que « Tout marche » à Singapour, car cela est vrai pour autant que ce soit « programmé ». En effet, le formatage de la culture et de l’éducation fait que très souvent lorsqu’on est confronté à un imprévu non programmé les choses peuvent devenir très compliquées et parfois impossibles… ! Le tout est de savoir anticiper.

 

Patrice Blanchet

 

Comment voyez-vous la situation actuelle à Singapour dans le contexte de la pandémie ? Sur le plan professionnel ? Extra-professionnel ? Familial ?

Je pense sincèrement que nous avons beaucoup de chance de nous trouver à Singapour en ces temps de pandémie, car fort de son expérience avec le SARS et autres fléaux épidémiques comme la dengue, le gouvernement a su très vite réagir en prenant des mesures appropriées, sans état d’âme, mais avec efficacité, car à ce jour les cas de contagion et de décès sont restés à un niveau extrêmement limité et la campagne de vaccination bat son plein sous une logistique très efficace.

Etant retraité, je n’ai pas de soucis professionnels, seule ma famille de Hong Kong me manque car je n’ai pas pu voir grandir mes petits-enfants depuis 18 mois. Pour eux leur grand père n’est qu’un visage sur un écran de téléphone…! Faute de mieux, j’améliore mon handicap de golf, malheureusement pas sur les parcours malais ou indonésiens si jolis.

 

Comment envisagez-vous votre avenir ?

Par définition, en période de pandémie, il est impossible d’avoir une visibilité sur l’avenir. Pas de projets, pas de voyages, pas de grandes réunions familiales ou festives.

Je n’aspire qu’à une chose, c’est voir très vite revenir le « temps d’avant », où je recevais chaque mois chez moi des amis du monde entier de passage à Singapour, et où j’allais visiter mes amis un peu partout en Asie. BAS-LES-MASQUES…!

 

Patrice Blanchet

 

 

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Dans le cadre de l’anniversaire des 20 ans de lepetitjournal.com, l’édition de Singapour a souhaité donner la parole et mettre en lumière des Français et francophones résidant à Singapour depuis une vingtaine d’années.

 

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