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Singapour-sur-mer : une ambition touristique et de loisirs planifiée

Écrit par Lepetitjournal Singapour
Publié le 24 janvier 2017, mis à jour le 24 janvier 2017

Avec plus de 15 millions de visiteurs en 2015, le tourisme à Singapour est une des clefs du dynamisme économique de l'île. Au delà des qualités souvent vantées à l'étranger : sécurité, propreté, diversité de son shopping, la cité-Etat aimerait mettre en avant d'autres attraits. Surtout que le tourisme depuis quelques années est en baisse (moins 3% en 2015).  Et pourquoi pas ces îles et bords de mer ?  En 2000,  dans un plan gouvernemental, Lazarus island, ile au Sud de Sentosa  était même présentée comme une future « Capri » du détroit.

Ambition Touristique tournée vers les iles ?

Une des particularités de Singapour est que dans tous les domaines : économie, éducation, sociétal, tourisme, le pays essaie d'anticiper, de prévoir, de planifier pour permettre et soutenir la croissance économique mais aussi pour garantir une bonne qualité de vie à ces citoyens. La planification constituée du Concept-Plan, qui donne la vision sur 40-50 ans du développement de Singapour et des Master Plan, plans de moyen-termes sur 10-15 ans sont des outils forts de (gestion des) projets et les fondements de la réussite singapourienne.

Mais ici, rien d'idéologique, ni de figé dans le marbre,  tous ces plans sont revus tous les 10 ans pour le Concept-Plan et tous les 5 ans pour le Master Plan et à chaque fois adapté aux réalités  de développement.

Et l'une des planifications concerne le développement du tourisme et des loisirs notamment vers les  îles du Sud.

 

Sentosa et ses soeurs 

Les iles du sud, Southern Islands,  terme  utilisé par les urbanistes singapouriens  regroupent les iles de Kusu, Lazarus, Seringat Kias, Tekukor, St. John's, Sentosa,  les Sister's Islands,  et ont vu leurs aspects profondément modifiés depuis les années 1970 avec le système de reclamation Land  pour créer des zones de baignades et des lagons artificiels.

L'une d'elle est le symbole de cette transformation : Sentosa, une ile dédiée aux loisirs et au tourisme de luxe. Depuis 2014, un slogan la qualifie même de « State of Fun ». Sur ces 500 hectares, 2 kilomètres de plages de sable fin ont été aménagés, des grands parcs à thème comme Universal Studio ou Adventure Cove rivalisent avec des attractions plus insolites : descente de luges, chute libre etc. Au début des années 80, Sarong Island,  Pulau Selegu et l'ilot de Buran Darat ont été annexés pour construire entre autre un golf et une zone résidentielle, Sentosa Cove.

Pour loger les touristes 13 hôtels de luxe ont été progressivement construits.

Cependant, l'histoire de cette ile n'a pas toujours été aussi joyeuse. Au XIXème siècle, son nom, Pulau Blakang Mali, traduit en malais, signifiait « l'ile derrière la mort ». Une des versions de l'origine de ce nom étrange est que des esprits sanguinaires hantaient cette île. Pendant la seconde guerre mondiale, malgré les 3 forts qui la protégeaient,  elle  fut le théâtre d'une des plus cinglantes défaites de l'empire britannique. Occupée par les japonais,  elle s'est alors transformée en camp de prisonniers de guerre comptabilisant jusqu'à 400 soldats alliés. Dans les années 1960, de part sa situation stratégique près de l'ile principale, un scénario de transformation de l'ile pour abriter des bâtiments industriels dédiés à l'armée avait été longuement étudié. Finalement, dans les années 1970, le projet touristique gagna la partie et en 1972, les premiers travaux furent lancés pour accueillir resorts, plages et attractions. Pour gommer son histoire tragique, le nom de l'ile fut changé en Sentosa, traduit par « paix et tranquillité ».

 

Aujourd'hui, avec plus de 19 millions de personnes qui ont franchi l'année dernière son péage, cette ile, reliée à la terre par un cable car et un pont est une des emblèmes de réussite de la planification singapourienne en terme de tourisme et de développement des loisirs vers la mer. Le projet de développement touristique ne devait, cependant, pas s'arrêter là. Les autres îles du Sud devaient être intégrées dans ce grand projet de rénovation et de « conquête » de territoire.

Seringat-Kias, île crée en submergeant les rochers de Seringat et de l'ile de Kias et en les reliant à l'ile existante de Lazarus, devait concentrer les locaux commerciaux, des zones résidentielles et des hôtels tandis que Lazarus Island,  les activités de « Sport et de récréation ». Cet ensemble a été amélioré en achetant notamment une cocoteraie à la Malaisie. Plus de 1000 arbres ont été plantés sur l'île.   Depuis les années 2000 et la fin des travaux de ce nouvel ensemble, plusieurs projets ont été évoqués : autoroute le reliant à l'ile de Sentosa, ferry direct, création d'un Resort exclusif, d'un Casino, d'éco-tourisme? A ce jour, aucun grand projet n'est  vraiment lancé.

Seules les eaux de Sisters Islands ont été requalifiées de Marine Park area  et l'île de Saint John en  parc protégé. Des experts scientifiques ont mis en garde contre la montée des eaux et la difficulté d'un projet viable et d'ampleur sur ces îles. Par ailleurs, pour réaliser cet ensemble ludique, il faudrait encore des quantités de sable, sujet sensible aujourd'hui à Singapour.

 

Des bords de mer pour tous : la valorisation récente de la Rustic Coast

CONEY ISLAND

 En parallèle, les autorités singapouriennes prévoient depuis plus de 15 ans le développement d'une autre ouverture récréative vers la mer, moins tournée vers le tourisme, plus sur l'amélioration d'un cadre de vie pour inciter les Singapouriens résidents à dépenser sur place leur budget loisir : la Rustic Coast située à l'Est de l'île.  Cet ensemble comprend Punggol Point et Coney island, Pasir Ris Park, Changi Village et Pulau Ubin. Avec la pression démographique et l'urbanisation croissante sur une terre limitée, l'URA soulignait dès les années 2000 la nécessité de créer des zones d'espaces « pour éviter que les résidents se rendent à l'étranger pour avoir le sentiment d'un espace ouvert » (Identity Plan, URA, novembre 2002), en résumé pour pouvoir respirer ? L'idée énoncée à ce moment était de relier par bateau-taxi l'ensemble de cette côte pour profiter « d'un charme rustique de Singapour ». Même si aujourd'hui, cet objectif de constituer une seule et même entité n'est pas atteint, la rénovation et l'inter-connectivité de cet ensemble sont bel et bien entamées.

L'exemple de Coney Islands et Punggol Point est significatif.  Relié par un pont au continent depuis Octobre 2015, cet ensemble sur 16 hectares offre une ballade de bord de mer, une boucle de 20km en vélo, des passerelles pour pêcher, des restaurants de fruits de mer, et d'autres activités pour contenter toute la famille. L'ile privée appartenait aux Frères Haw Par et depuis les années 1970, elle est revenue dans le giron du gouvernement singapourien. Depuis cette date, de nombreux scénarios se sont succédés, à chaque fois évalués en fonction de la pression économique, démographique et urbaine. Celui qui l'a emporté est celui d'une création d'ensemble d'un Singapour rustique et ouvert sur la mer, garantie d'une qualité de vie pour les résidents et donc en parallèle à son dynamisme économique d'une certaine pérennité de la cité-état ; qualité de vie qui se tourne de plus en plus vers la mer ? 

Singapour/Punggol

Clementine de beaupuy ( www.lepetitjounal.com/singapour),le jeudi 25 janvier 2017 

Version longue de l'article paru dans le Magazine n°8 Singapour, Côté Mer sous le titre de Sentosa et ses soeurs 

Pour connaitre les points de distribution : ici 

 

Photo une : Sentosa Beach, CC domaine public

Photo1 : Sentosa Beach, CC domaine public

Photo 2 : Balade en vélo à Coney Island,2016 CC de Beaupuy

Photo 3: Punggol Bridge, 2016, CC de Beaupuy 

logofbsingapour
Publié le 24 janvier 2017, mis à jour le 24 janvier 2017

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