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CA S’EST PASSE PENDANT L’ETE – Le naufrage de Swiber

Écrit par Lepetitjournal Singapour
Publié le 28 août 2016, mis à jour le 29 août 2016

Créée en 1996, la société singapourienne Swiber, spécialiste des services de support et de construction des plateformes pétrolières, faisaient partie des entreprises en vue sur la place financière de Singapour. La belle histoire s'est arrêtée avec la demande de mise en liquidation de la société intervenue le 27 juillet 2016. La nouvelle a pris de court les analystes, tant chacun pensait que la société était paradoxalement protégée par l'ampleur de ses dettes. Le marasme du secteur pétrolier et l'endettement de certaines entreprises font craindre aux spécialistes que la liquidation de Swiber ne soit pas la dernière.

Sur le banc des accusés: la baisse des cours du prix du pétrole. Pour la société Swiber, tout avait pourtant bien commencé 20 ans plus tôt. C'était dans un contexte différent, celui d'un prix de baril de pétrole qui ne cessait de monter au point de passer la barre des 100$ en 2008, époque à laquelle il s'était même envolé jusqu'à 140$, avant de s'engager sur les sentiers beaucoup plus scabreux d'une décroissance vertigineuse qui le situe aujourd'hui à un peu moins de 50$.

??L'entreprise Swiber, qui travaille dans les services de support et de construction de plateformes pétrolières, était rapidement montée en puissance, finançant les importants investissements nécessaires à sa croissance en ayant largement recours à des financements externes dont l'accès était d'autant plus facile que le secteur se portait bien. 20 ans après sa création, selon les informations publiées sur son site internet, la société opérait 13 navires et employait 2700 personnes, dont 1000 environ à Singapour.

La société était devenue une darling du Singapore Stock exchange, ses actions cotées 0,57 S$ valaient en octobre 2007, à leur niveau le plus haut, 6,16 S$. La même année, elle avait fait partie de la liste des « meilleures entreprises en dessous d'un milliard » du magazine Forbes, figurant parmi les 200 sociétés en Asie Pacifique dont la croissance des ventes et des profits avait été constante au cours des 3 années précédentes.

Las, que le vent tourne et c'est toute une série d'indicateurs, aussi liés entre eux qu'un jeu de dominos, qui virent au orange puis au rouge vif. Aux premiers signes dépressifs du secteur, entraînés par la chute du prix du baril,  les sources de financement et de refinancement se tarissent. Des entreprises comme Swiber s'y trouvent violemment prises en tenailles entre une baisse brutale de leur activité, l'ampleur de leur dettes et l'impossibilité de se refinancer.

Dès le début 2015, la société Swiber commence à rencontrer des difficultés pour trouver de nouveaux financements. Les finances de la société se détériorent rapidement. Dans les derniers jours de mai 2016, la compagnie se retrouve confrontée à des dettes abyssales. Au même moment, elle doit rembourser une dette de 205 millions venue à échéance alors que son chiffre d'affaires est impacté par l'annulation ou le report de l'équivalent de 466 millions US$ (627 millions S$) de projets. A la fin 2015, la société publie pour la première fois de son histoire un résultat déficitaire de 27,4 millions de US$.

La société se lance alors dans un marathon désespéré, dont le feuilleton, passionnant, était relaté dans les pages du Straits Times début août, pour trouver des solutions sous la forme de refinancement ou d'injection de cash. Mais comme il arrive souvent en de telles circonstances, les rares bonnes nouvelles auxquelles les dirigeants sont tentés de s'accrocher désespérément comme à des bouées, sont aussi implacablement submergées par les coups du sort, les annulations et les reports, que le sont les plages par la marée. Après que la dernière solution envisagée, l'apport de 200 millions de cash par la firme anglaise AMTC se fut évanouie, La société Swiber, que l'on croyait, selon un adage de moins en moins pertinent, trop endettée pour être abandonnée, a fini par jeter l'éponge en demandant sa mise en liquidation. Au moment de la suspension de son cours le 27 juillet 2016, la valeur de l'action Swiber ne valait plus que 10,9 cents.

Bertrand Fouquoire (www.lepetitjournal.com/singapour) lundi 29 août 2016

Sources : Straits Times, Bloomberg et site de la société Swiber
Illustration: rapport annuel Swiber 2015

logofbsingapour
Publié le 28 août 2016, mis à jour le 29 août 2016

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