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EDIBLE GARDEN - Sur le béton, le potager

Écrit par Lepetitjournal Singapour
Publié le 31 août 2014, mis à jour le 31 août 2014

Créée il y a 3 ans sous la forme d'une entreprise sociale, Edible Garden fait un tabac à Singapour. L'initiative de ses fondateurs, Rob Pearce et Bjorn Low, s'inscrit dans le mouvement "Grow your own food" ; un acte militant qui tient autant du désir de faire du bien à la terre, que du plaisir de manger bio et sain tout en créant du lien communautaire. La démarche qui a  séduit hôtels, restaurants et écoles, s'expose sur le toit du Centre National du Design de Singapour à l'occasion de Design Green du 1er au 21 septembre.

L'un est anglais, l'autre singapourien. Tous les deux sont animés par la même passion de la culture biologique et durable. Il y a trois ans, ils ont décidé de faire du "landscaping" autrement, en substituant à la tondeuse, à la souffleuse de feuilles mortes et aux plantes d'agrément, la binette et le râteau et de belles plantes aux formes appétissantes qui ne se dévorent pas seulement du regard mais s'utilisent dans la cuisine et se savourent.
Dans un Singapour dense et urbain où l'agriculture n'a pas survécu à l'envol du prix du m2, l'initiative d'Edible Garden, en parallèle au jardins communautaires et au développement des fermes verticales, vient apporter sa contribution à la renaissance du paysage potager, en jetant son dévolu sur les rares espaces encore disponibles : les toits d'immeubles et le bord des rues.  

Désir de tomates vertes ? il suffit de les cultiver

L'idée a rapidement séduit les hôtels et restaurants, comme Artichoke, et particulièrement les chefs les plus to(c)qués de plantes aromatiques, de légumes et de fruits parfois difficiles à trouver sur les marchés singapouriens, ou bien soucieux d'un mode de culture sans OGM ni pesticide. "Etant donné la rareté des surfaces disponibles et le prix au m2, résume Rob Pearce, il aurait été illusoire de vouloir concurrencer les produits d'importation. Mieux valait se concentrer sur la vraie valeur ajoutée que nous apportons, à savoir la relation et des techniques de culture respectueuses de la nature". De fait, ce que les chefs apprécient par dessus tout, c'est de pouvoir dire ce qu'ils veulent, y compris s'il s'agit de tomates vertes, et de voir en retour pousser dans leur bout de jardin les végétaux dont ils ont envie pour leur cuisine.

Généralement, Edible Garden intervient dans des lieux où la terre est inexistante. Il faut la transporter, construire jardinières et pots, créer l'environnement complet du potager en devenir. Cela représente en moyenne 80 % du travail. Edible Garden assure, avec ses équipes de volontaires, l'ensemble des étapes de la chaine, de la conception à la mise en place et à l'entretien dans le temps des jardins potagers. La jeune entreprise a d'ailleurs développé un design très esthétique pour la culture des plantes aromatiques en concevant des murs de caisses de bois faisant office de jardinières.

Entreprise sociale

Mais le projet social de la société ne se limite pas à son activité. Le concept de "business social" signifie que l'entreprise se fixe l'objectif d'être rentable tout en considérant que son impact social est plus large que le seul objectif économique. "Notre projet social, explique Rob Pearce, est triple. Le premier aspect concerne l'environnement : faire quelque chose qui soit durable, consommer des produits frais et biologiques. Le second est lié au fait de cultiver sa propre nourriture. Le troisième consiste à faire quelque chose qui fait du bien au monde, par le recrutement de volontaires, en intervenant auprès d'enfants désavantagés? ". Edible Garden travaille ainsi avec un nombre croissant d'écoles, parmi lesquelles la Canadian International School ou le United World College. Au début, souligne Rob Pearce, il faut vaincre les réticences. Souvent il y a un enseignant qui est enthousiaste, qui tire le projet dans ses débuts puis finit par entraîner les autres. Dans ces cas-là, on forme les enseignants, on leur apprend à mettre en place des systèmes d'irrigation, on implique les parents? ".

Petit à petit, Edible Garden participe à la transformation du paysage de Singapour. Au landscaping, elle substitue une horticulture utile et s'attache à faire changer les habitudes. Elle développe ainsi une initiative concernant les abeilles. A Singapour, les gens ont peur des abeilles et quand ils en découvrent près de leur habitation, le réflexe est de s'en remettre aux services de Pest Control. Edible Garden propose une autre solution qui est de transporter les butineuses noir et or dans des ruches. " L'idée, précise sur ce point Rob Pearce, n'est pas tant de produire du miel, car les abeilles sauvages des tropiques, ne connaissant pas l'hiver, sont un peu paresseuses et n'éprouvent pas le besoin de stocker. C'est simplement un geste pour soutenir l'écosystème et maintenir la diversité".

Bertrand Fouquoire (www.lepetitjournal.com/singapour) lundi 1er septembre 2014

Site edible garden city

Voir aussi Design green et Singapore's international green building conference (du 1er au 3 septembre)

logofbsingapour
Publié le 31 août 2014, mis à jour le 31 août 2014

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