INTERFAITH TOUR– 4 jeunes partis à la rencontre des initiatives interreligieuses

Ariane, Léa, Lucie et Samir sont partis depuis le 1er juillet 2015, dans le cadre du deuxième tour du monde des initiatives interreligieuses (Interfaith tour 2015-2016). La richesse du vivre ensemble, les 4 jeunes globetrotteurs en sont convaincus. L'expérience est au c?ur de leur aventure collective et l'enjeu de leur travail sur le terrain : faire bouger les consciences, donner des motifs d'espérer sur la dynamique vertueuse du dialogue interreligieux comme levier de changement et de réconciliation.

En 2014, un premier groupe de jeunes de l'association « Coexister », avait fait un tour du monde pour rencontrer des acteurs du dialogue interreligieux dans le monde et pour se faire l'écho d'initiatives porteuses de solutions. Le voyage avait été l'opportunité de réaliser de nombreuses interviews et de rassembler un matériau (435 initiatives documentées) utilisable par tous ceux qui s'intéressent ou qui font des recherches sur cette question. Il avait connu un grand succès auprès du public qui l'avait suivi à travers son site et les réseaux sociaux et avait été suivi d'une série de conférences dans plus de 70 villes en France.

Deux ans plus tard, c'est au tour d'un deuxième groupe de partir. « 435 initiatives documentées lors du premier Interfaith tour, il en reste des milliers à découvrir » souligne en introduction, le dossier de presse - très pro- des intéressés. Dans le groupe, chacun vient avec une religion et/ou un rapport à la foi et à la spiritualité différente. Samir est musulman, Lucie est chrétienne, Léa est juive et Ariane athée. Tous ont en commun de ne pas se satisfaire des préjugés et des tabous. « Manger halal devient une pratique alarmiste, se rendre à la messe synonyme de rigidité et respecter le shabbat s'assimile à du conservatisme », dit encore leur profession de foi. « Il suffit de s'aventurer à aborder l'une de ces questions lors d'une conversation pour sentir un malaise profond s'installer comme si la religion devait être l'éternel tabou convoqué exclusivement à l'occasion d'attentats, de revendications, ou encore de manifestions de colère ». Pour eux, le dialogue interreligieux n'est pas une fin en soi mais vaut comme un levier de changement qui permette de déboucher, y compris dans les régions du monde marquées par une histoire douloureuse, sur un meilleur vivre ensemble.

Parti le 1er juillet 2015, après 8 mois de préparation, le groupe, avait déjà, au moment où ils sont passés à Singapour en février, traversé 26 pays, en Europe, au Maghreb, au Moyen orient en Afrique subsaharienne et en Asie. Après l'Asie, ils ont poursuivi leur voyage en Amérique du Sud et aux Etats-Unis.

En Europe, à Londres, ils ont été marqués par l'initiative de la « Collaboration House » qui, hébergeant dans le même bâtiment une dizaine d'organisations, interreligieuses ou non, multiplie les occasions de les faire fonctionner en réseau. En Corée, ils ont rencontré les responsables de « Religions for Peace », une initiative dans le cadre de laquelle se rencontrent régulièrement les leaders religieux de Corée du Nord et de Corée du Sud. En Pologne, en Bosnie, au Rwanda et en Arménie, les quatre jeunes se sont intéressés au processus de réconciliation. Dans ces quatre pays marqués par l'holocauste et les génocides, ils ont visité les lieux de mémoire, tels que le camp d'extermination d'Auschwitz, et le « cimetière vivant » de Srebrenitsa, où ils ont été impressionnés, racontent-ils, par « les impacts de balles sur les murs des maisons qui n'ont pas été reconstruites », et « des restes de la guerre, toujours, dans les yeux des habitants ». Au Rwanda et en Arménie, Ils ont dialogué avec des associations qui oeuvrent à la réconciliation : l'interfaith Commission of Rwanda, fondée par l'Archevêque du Rwanda, qui a entreprise de réintroduire, par le troc, des occasions d'échanges entre communautés religieuses et ethniques; l'Eurasian partnership en Arménie qui favorise les travaux croisés de journalistes arméniens et turcs?

L'ambition est pédagogique. Au delà du travail de documentation, pour des usages académiques, il s'agit de rendre compte de la manière la plus attrayante et positive possible - au travers d'infographies, d'articles ou de reportages vidéo - de ces initiatives qui sont autant de raisons de ne pas céder au défaitisme ambiant et de redonner, particulièrement aux jeunes, de l'énergie pour être eux-mêmes bâtisseurs de passerelles entre les religions et les communautés, pour in fine construire un mieux vivre ensemble. Parmi les 4 jeunes globetrotteurs, deux ont fait des études de communication-journalisme, la troisième a fait des études technico-commerciale et la quatrième étudie la philosophie. Etape après étape, ils rendent compte des personnes qu'ils ont rencontré, des groupes avec lesquels ils ont échangé, sur leur site et au travers des réseaux sociaux. Suivront ensuite 2 mois de tour de France au cours desquels ils animeront une série de conférences et d'échanges autour de leuur expérience.

Bertrand Fouquoire (www.lepetitjournal.com/singapour) lundi 11 juillet 2016 (reprise de l'article publié le 23 février 2016)

Illustration: les 4 membres du groupe: (dans le sens des aiguilles d'une montre) Samir Akacha, Ariane Julien, Lucie Neumann et Léa Frydman

Interfaithtour

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