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TRANSBOUNDARY RIVERS - En photo: 3 fleuves, 3 surexploitations de l’eau en barrages organisées

Écrit par Lepetitjournal Singapour
Publié le 4 mai 2016, mis à jour le 5 mai 2016

Sous la colonnade et les super-trees du Garden By the Bay, dans le cadre du Festival Voilah!, Franck Vogel présente jusqu'au 30 mai Transboundary rivers, une exposition sur les fleuves transfrontaliers : le Nil, le Brahmapoutre et le Colorado. En 60 photos, ce photo journaliste témoigne des enjeux liés à la bataille de l'eau. Par son travail, il fait prendre conscience, sans grand discours mais avec de belles images, des dangers de la consommation intensive d'une ressource naturelle essentielle, sacrifiée sur l'autel du développement économique.

Un fleuve à bout de force qui ne parvient plus jusqu'à son embouchure

Quand J'ai découvert que le Colorado ne coulait plus jusqu'à la mer, j'ai eu un choc ! commence par raconter Franck Vogel, en montrant une magnifique photo aérienne d'un immense delta ? asséché et blanc. On se trouve au Mexique à l'embouchure du Colorado.

Le Colorado, le plus grand fleuve du Sud-Ouest américain,  qui traverse 7 états aux Etats-Unis jusqu'au Mexique est emblématique de l'accaparement d'une ressource commune à plusieurs pays au profit de quelques uns.  En cause les immenses barrages et détournements d'eau construits au profit des besoins toujours croissants de la population américaine. Dans l'Imperial Vallee, les terres agricoles, créées à renfort d'irrigation, détourneraient à elles seules 70% de l'eau au profit de 3000 fermiers. En Californie, la photographie d'une ville, lake City, construite autour d'un lac artificiel avec un golf au gazon flamboyant, forme un contraste frappant avec d'autres photographies: celles d'une ville fantôme, rongée par le sel et la pollution agricole. La magnificence de Las Vegas avec ses fontaines et ses flots de touristes fait ressortir d'autant plus la désolation du désert qui condamne les populations indiennes locales.

Transboundary River, Franck Vogel à Gardens by the bay
150 barrages sur le Brahmapoutre

Autres pays, enjeux comparables. Entre les 2 géants, la Chine et l'Inde s'écoule le Brahmapoutre, fleuve large de 20km, qui s'assèche en passant en Inde à la saison sèche. Là aussi, des barrages en Chine accaparent l'eau. Des conflits politiques, où la propagande se mêle, tendent les relations entre les 2 pays. Mais l'Inde qui accuse la Chine de détourner l'eau , devant faire face à une population croissante a aussi des projets pour ce fleuve : 150 barrages seront construits sur le fleuve , ce qui devrait permettre de couvrir 10% des besoins en électricité de sa population. Quid du Bangladesh alors qui ne recevrait plus d'eau s'écoulant du Brahmapoutre ?
Tous ces grands travaux de développement même s'ils contribuent à l'amélioration des conditions de vie se font au détriment des populations locales, de plus en plus fragilisées : les pêcheurs mexicains du delta partent désormais en mer pour survivre, les indiens d'Arizona n'ont plus accès à l'eau potable, les populations tribales en Inde ont vu leur habitat détruits par les débuts des grands travaux ?

Le Nil, transformé en poubelle

L'exposition continue en nous montrant jusqu'où peut aller cette bataille pour l'eau, avec l'exemple dramatique du Nil et de la guerre qui a ravagé pendant 25 ans le sud- soudan. L'image présentée est celle d'une machine rouillée, digne de Mad Max; une grande excavatrice, creuseuse de digue, symbolique de la guerre civile qui a dévasté le pays.

Le Nil, le plus long fleuve du monde, qui traverse 11 pays, est soumis à rude épreuve par la population qui vit souvent grâce à lui. Encore un choc pour le photo journaliste : la découverte qu'en Egypte, ce fleuve sacré est utilisé comme poubelle. "J'y ai vu flotter des machines à laver, des vieilles motos, plein de détritus. Je ne comprends que cette eau importante pour la population soit gâchée comme cela?"

A travers toutes ces photos le photographe pointe du doigt un problème mondial : le peu de considération des populations pour l'eau qui les font vivre. L'eau est une ressource naturelle qui s'épuise vite au regard de notre développement croissant. A travers ses photographies, Franck Vosgel espère sensibiliser chacun de nous à notre consommation d'eau. Passionné par la photographie et préoccupé par les questions environnementales, il raconte comment ingénieur de formation, il a délaissé une carrière classique pour être utile?

Il multiplie donc les projets et formats. l'exposition Transboundary rivers, dévoilée à Singapour, fait partie d'un travail qui portent sur 7 fleuves transfrontaliers et qui s'expriment sous diverses formes: expositions, livre, publications presse. Soutenu par le magazine français GEO qui publie fin avril un de ses reportages sur le Jourdain, Franck Vogel aimerait continuer à témoigner et est constamment à la recherche de financement pour ses projets. Il conclut en martelant comme un slogan : «  nous pouvons vivre sans pétrole mais pas sans eau »

La vallée du Colorado, Franck Vogel, Transboundary rivers


Clémentine de Beaupuy (www.lepetitjournal.com/singapour) jeudi 5 mai 2016

Transboundary river, par Franck Vogel, exposition du 16 avril au 30 mai à Gardens by the bay, dans le cadre du festival Voilah! 2016

 

logofbsingapour
Publié le 4 mai 2016, mis à jour le 5 mai 2016

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