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PORTRAIT- Alexandre Fernandes, Consul de France à Singapour

Écrit par Lepetitjournal Singapour
Publié le 11 janvier 2016, mis à jour le 11 janvier 2016

A 39 ans, Alexandre Fernandes est un jeune consul qui mène sa mission avec simplicité et professionnalisme, tout en parvenant à attiser la sympathie de tous ceux qui croisent son chemin. A l'écoute, bienveillant et dynamique, il a accepté de se raconter.

Pouvez-vous nous parler un peu de vous?

Alexandre Fernandes - Je suis né à Montmorency en 1976 d'un père portugais et d'une mère italienne. Tout jeune j'avais déjà « une certaine idée de la France » et de la chance que j'avais d'y être né et d'y vivre. Je ressentais, sans réussir à l'exprimer clairement, une envie de rendre ce que j'avais reçu de ce pays qui avait accueilli mes deux familles.

J'ai passé une grande partie de ma scolarité en pension à Saint Martin de France à Pontoise dans un environnement cosmopolite et ouvert sur le monde. Ces amitiés lycéennes et mon histoire familiale m'ont donné l'envie de découvrir de nouveaux horizons et ont orienté mes choix suivants (bachelor à Montréal, stage de 6 mois au Maroc, coopération militaire au sein du consulat de France à Los Angeles). Après un master en business, je suivais une carrière de consultant RH assez tracée avant que le destin ne me ramène vers mes premières amours et ne me pousse à passer les concours du Quai d'Orsay. J'y ai ensuite travaillé à la DRH avant d'exercer les fonctions de consul au Niger pendant 3 ans préalablement à mon affectation à Singapour en septembre 2013.
 
En quoi consiste le métier de consul exactement ?

- Le métier de consul est par nature fonction du pays d'exercice. Chaque communauté a ses exigences et ses besoins. Il est évident que les contextes sécuritaires, la densité des communautés françaises ou les tensions migratoires ont une influence déterminante quant aux priorités de l'action consulaire.

L'activité consulaire est divisée entre deux axes principaux qui, assez schématiquement, relève des attributions d'une mairie (élections, passeports, services sociaux,?) et d'une préfecture (visas). Le consul encadre ces missions en synergie avec son équipe et en bonne intelligence avec les autres services de l'Ambassade. Il suit attentivement les situations qui nécessitent un accompagnement spécifique. Il est aussi l'interlocuteur privilégié des conseillers consulaires, des présidents d'associations françaises et des services administratifs français.
 
A quoi ressemble la journée type d'un consul de France?

- Il n'y a pas à proprement parler de journée type. La journée se définit à 70 % en fonction des urgences du jour. Le consulaire c'est « la vie » et, comme cette dernière, elle est imprévisible (arrestation, décès, naissance, urgence sociale, homme d'affaire en mission bloqué aux frontières?). Toutefois, en marge des grands rendez-vous saisonniers (commissions des bourses, commissions électorales, comité de sécurité?), les journées restent avant tout ponctuées par le traitement des démarches usuelles du quotidien (inscription au registre des Français de l'étranger, passeport, visa, acte notarié, procuration de vote?).

Quel est votre principal défi ici à Singapour ?

- Les caractéristiques du pays et la sociologie de notre communauté, qui est principalement composée de grands voyageurs, plaident pour une facilitation de la délivrance des passeports. Il faut actuellement 8 à 10 jours entre la prise de rendez-vous et l'obtention du titre de voyage (un délai plus rapide qu'en France métropolitaine !). Le v?u de cette Ambassade est de réussir, alors que les moyens de l'Etat sont contraints et que la communauté s'accroît à un rythme élevé, de continuer à répondre aux besoins d'usage de nos compatriotes  (état civil, titre de voyage, nationalité, acte notarié,?) avec professionnalisme et courtoisie.

Par ailleurs, depuis septembre dernier, ce poste délivre des visas Schengen en 48 heures pour les demandeurs chinois, indiens, indonésiens, philippins, thaïlandais et birmans. L'attractivité de notre pays passe aussi par un service de qualité vis-à-vis de ces publics.

Une anecdote de votre carrière que vous accepteriez de partager?

- La vie consulaire fourmille d'anecdotes puisque le quotidien nous place dans l'intimité de ceux qui nous sollicitent et que ces fonctions nous amènent aussi à vivre des situations exceptionnelles? hélas souvent dramatiques (otages AREVA en 2010, enlèvement et assassinat de deux Français en 2011, accident d'hélicoptère près d'un site pétrolier en 2012...)

Je me souviens qu'à l'occasion d'une mission aux confins du désert libyen et tchadien j'avais été accueilli dans une oasis qui servait de garnison pour l'armée nigérienne. A mon arrivée, on m'avait indiqué avec emphase que me seraient réservés les appartements du gouverneur qui, comme je le découvrirai après coup, étaient en réalité une? pièce sans toit (les pluies y étant rares) ni mobilier et dont l'espace qui servait de fenêtre permettait aux chèvres de se donner quelques libertés? Le méchoui qui ponctua le réveil vers 5h30 du matin avait été un moment de convivialité euphorique dont je garde comme du reste de ce séjour un souvenir amusé et attendri.
 
De quoi sera fait demain ? Avez-vous un rêve?

- Je devrai quitter mes fonctions actuelles en août 2016 afin de réintégrer le ministère à Paris. La carrière diplomatique est une alternance entre vie à l'étranger (communément deux affectations de suite de 3-4 ans) et retour en France. Ce passage « par la case départ » est d'ailleurs nécessaire afin d'éviter de se couper du réel. Il permet de continuer à être en phase avec le pays que l'on défend. Un rêve ? Que tous les Français s'inscrivent au registre des Français de l'étranger !

Propos recueillis par Raphaëlle Choël (www.lepetitjournal.com/singapour) mardi 12 janvier 2016

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Publié le 11 janvier 2016, mis à jour le 11 janvier 2016

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