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STEPHANIE RABOURDIN- de l’INA à l’Ambassade de France

Écrit par Lepetitjournal Singapour
Publié le 22 avril 2015, mis à jour le 23 avril 2015

Sa vie relève du cinéma ! Juriste de formation, Stéphanie Rabourdin s'est rapidement tournée vers l'audiovisuel, avant de rejoindre l'INA, dont elle est actuellement détachée, auprès de l'Ambassade de France à Singapour, comme Attaché Audiovisuel régional. Avant de revenir, dans un article à suivre, sur son grand projet du moment « Media 21 », dans la perspective de la conférence Paris 2015 sur le Changement Climatique, et dans un autre, sur le Cinéma en France et à Singapour, elle nous parle ici de son parcours et des 3 missions essentielles qui sont les siennes pour soutenir et valoriser l'audiovisuel français dans la région. 

Stéphanie Rabourdin
Au terme de quel parcours devient-on Attaché audiovisuel à l'Ambassade de France à Singapour ?
Stéphanie Rabourdin - Il n'y a pas de parcours type. Je suis juriste de formation. Je me suis spécialisée dans le droit de la communication et des nouvelles technologies, à une époque où tout ce qui concernait l'audiovisuel était en pleine explosion. J'ai d'abord travaillé dans le domaine de la négociation des droits. Puis j'ai complété ma formation par un an à l'Ecole Supérieure de Commerce de Paris (ESCP) pour acquérir des compétences en gestion financière. Cela m'a permis d'évoluer vers l'administration de production, en charge du montage administratif et financier de films.

Le fait, dès vos études de droit, de vous spécialiser dans le droit de la communication n'était pas un choix anodin. Qu'est-ce qui vous attirait dans l'audiovisuel ?
- Rien ne se fait par hasard. Le Cinéma est une aventure humaine passionnante. C'est la magie de la production que de voir se former une équipe autour d'un projet. Et à la fin il y a un bébé : un film, un documentaire, une série…

Sur quels types de production avez-vous travaillé ?
- J'ai principalement travaillé dans le domaine du documentaire, notamment sur les films de Rithy Panh notamment S21 sur les khmers rouges, quelques long-métrages, un peu de re-création de spectacles vivants, un magnifique portrait de Merce Cunningham, le seul qui existe à ce jour…

Les documentaires ne représentent pas les mêmes budgets que les films long métrage ou les fictions. En dehors des archives, le poste le plus important du budget se situe au niveau du montage. Certains documentaires comme « Etre et avoir » de Nicolas Philibert qui ont eu un beau succès en France sont difficilement exportables car leur sujet interroge un référentiel qui est essentiellement français.

Dans quelles circonstances avez-vous rejoint l'INA ?
- J'ai rejoint au début de ma carrière l'Institut National de l'Audiovisuel (INA), l'entreprise publique chargée notamment de la sauvegarde, de la valorisation et de la transmission de notre patrimoine audiovisuel. J'ai notamment accompagnée le développement de toute la filière de formation initiale– du BTS au Master- des métiers de l'audiovisuel : Direction de production, Technicien AV, Ingénieur du son, Master en production ou gestion de contenus.  

J'ai ensuite pris en charge les affaires internationales auprès du Président de l'INA avec la mission de coordonner les activités de formation, recherche, production et archives à l'international ; de piloter des projets transversaux (au Cambodge, au Timor, au Vietnam pour parler de projets régionaux) et enfin d'être l'interlocutrice de différentes institutions à l'international.

En quoi consiste cette mission patrimoniale de l'Ina ?
- La mission comprend deux aspects : la sauvegarde et la valorisation du patrimoine audiovisuel. La France a ainsi joué, sur le premier aspect, un rôle de catalyseur auprès de la communauté internationale.  Elle l'a alerté sur la fragilité de cette mémoire audiovisuelle et a été l'un des premiers pays à faire inscrire des documents audiovisuels au patrimoine mondial de l'Unesco. Le premier à l'être fut l'appel du 18 juin du Général de Gaulle.

Au début des années 2000, l'INA a mis en place un vaste plan de sauvegarde et de numérisation de ses archives faisant ainsi de la France le premier pays à sauver sa mémoire audiovisuelle. L'INA possède l'équivalent de plus 3 millions d'heures d'archives numérisées issues de la télévision, de la radio,  des actualités cinématographiques et depuis 2010 de sites internet.

Mais la sauvegarde de ce patrimoine n'a de sens que s'il est valorisé et rendu accessible auprès des différents publics (professionnels, chercheurs, …). En 2007 l'INA a ouvert son site « grand public » www.ina.fr qui a permis à l'ensemble des français d'accéder à plus de 300 000 heures de programmes. Ce fut et cela reste encore aujourd'hui un énorme succès.

A noter, concernant les archives audiovisuelles que, du 22 au 28 Avril, se déroule à Singapour la 19ème conférence de la South East Asia Pacific Audio Visual Archive Association (SEAPAVAA).

Vous travaillez depuis 4 ans à l'Ambassade de France comme Attaché audiovisuel régional.  En quoi consiste votre travail?

Je couvre une zone géographique qui comprend 6 pays : Singapour, la Malaisie, l'Indonésie,  les Philippines, Brunei et le Timor Oriental. Quand je suis arrivée à Singapour, mon objectif a été de monter des actions régionales pour donner plus de visibilité aux contenus français : construire une nouvelle stratégie pour donner plus de valeur aux festivals, notamment en rompant avec la gratuité des évènements ; travailler sur le numérique, sur les media en ligne…

Le rôle de l'attaché audiovisuel comprend 3 volets. Le premier consiste à valoriser les contenus et l'expertise française dans un spectre très large qui va de l'industrie du cinéma et des programmes, des diffuseurs (France 24, TV5…) aux jeux vidéo, plateforme internet et à la musique. Le deuxième concerne la facilitation des contacts et la mise en relations des professionnels français avec leurs homologues, les institutionnels et les décideurs dans la région. Rentrent dans cette mission la diffusion d'information sur les festivals français ou des aides à la production mais aussi tous les détails administratifs et financiers qu'il faut aider à régler, comme l'obtention d'un visa, d'une autorisation de tournage…  C'est une partie du travail qui est très chronophage. Enfin la 3ème mission de l'Attaché Audiovisuel est de réaliser une veille sur la zone : comment évolue la législation dans les différents pays ? Quels sont les nouveaux talents qui émergent ?...

Votre mission, telle que vous la présentez, relève généralement davantage du BtoB que de la promotion auprès du grand public. Comment s'inscrit dans ce contexte un événement comme Rendezvous with French Cinema ?
- Rendezvous with French Cinema est une exception ; c'est l'un des rares évènements grand public dont je m'occupe, avec les équipes de l'Institut Français de Singapour et l'Alliance Française. L'objectif du festival est double  soutenir la promotion des films français achetés par les distributeurs locaux et faire connaitre la diversité de notre cinéma auprès du grand public. J'ai dupliqué ce modèle sur tous les festivals de films français de ma zone de compétence. Depuis 2011 un lien a été crée entre les distributeurs locaux et les festivals de films français. Nous offrons aux intéressés l'opportunité de présenter les films français qu'ils ont achetés dans le cadre du festival. Ils profitent ainsi de la visibilité et de la communication de l'évènement. Avec le soutien d'Unifrance, nous invitons des talents : acteurs, réalisateurs, scénaristes, sur les films achetés pour préparer les interviews et la promotion des films. Dans ce contexte, ce que j'aime surtout c'est travailler sur la programmation : trouver le juste équilibre entre des films grand public et des films plus pointus, entre des films achetés et des films moins commerciaux; réfléchir aux invités du festival producteurs, acteurs, réalisateurs qui pourront valoriser notre cinéma et faire de ce rendez-vous une belle fête du cinéma !

Propos recueillis par Bertrand Fouquoire (www.lepetitjournal.com/singapour) jeudi 23 avril 2015

CONVERSATIONS AVEC STEPHANIE RABOURDIN- Plongée en 3 volets dans l'univers de l'audiovisuel français et de sa valorisation à l'international. 1/ De l'INA à l'Institut Français 2/ Le projet Media 21 3/ Le Cinéma français, c'est de la haute joaillerie.

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Publié le 22 avril 2015, mis à jour le 23 avril 2015

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