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THAÏS BRETON - "Singapour est stratégique pour commencer une carrière dans le cinéma"

Écrit par Lepetitjournal Singapour
Publié le 11 janvier 2015, mis à jour le 13 juin 2015

Ancienne élève du LFS, Thaïs Breton est revenue à Singapour pour étudier le cinéma à LASALLE College of the Arts, The Puttnam School of Film. Diplômée en 2014, elle s'est vue décerner le très recherché « McNally Award Excellence in the Arts » qui récompense La meilleure réalisation parmi les travaux de l'ensemble des élèves de l'école, toutes spécialisations départements confondus.

Thaïs Breton
– Qu'est-ce qui vous a fait choisir d'étudier à LASALLE?
Thaïs Breton – Je suis arrivée à Singapour quand j'avais 7 ans. J'ai été élève au LFS du CP jusqu'à la seconde. Je suis ensuite rentrée 4 ans en France où j'avais commencé une prépa HEC dans l'optique de devenir cadre d'une entreprise de production. Mais je me suis rapidement rendue compte que l'aspect créatif et technique du cinéma m'intéressait également. Je ne voulais pas étudier le cinéma en France, parce que je voyais que beaucoup de mes amis étudiants cinéastes avaient du mal à trouver du travail, même avec des masters. Au cours d'un séjour à Singapour, je suis allée visiter toutes les écoles qui proposaient une formation en cinéma. C'est d'abord l'environnement de LASALLE  (l'architecture du bâtiment est extraordinaire !), puis l'aspect pluridiscplinaire de l'école qui m'ont fait me décider. Le fait que ce soit une école d'arts qui propose un enseignement dans toutes les formes d'arts imaginables est un réel atout qui permet aux élèves des collaborations uniques.

– Comment se sont déroulées vos études?
– Dans la Puttnam school of film, les élèves partagent un tronc commun les deux premières années durant lesquelles ils touchent à tous les aspects techniques du cinéma, et suivent  un cursus culturel et historique très approfondi. Durant ces deux premières années, chaque élève doit réaliser de A à Z un minimum de deux films de 5 minutes par an, ce qui représente un apport conséquent au portfolio de chacun, et la possibilité de s'exprimer de manière plus personnelle. De plus, chaque année, la réalisation de courts-métrages en groupe pousse les élèves encore plus loin dans la technique et la maîtrise du travail d'équipe ; un exercice qui plonge la classe dans une représentation grandeur réelle du monde du travail. La troisième année est dédiée à l'écriture d'une thèse, et de la création d'un film lié à celle-ci. Les élèves ont alors le choix de se spécialiser en cinématographie, son, décors, post-production, production, réalisation de films de fiction ou de documentaire. J'ai choisi de me spécialiser en post-production et en réalisation de documentaire, parce ce qu'il y a beaucoup d'aspects de la vie réelle que j'aimerais aborder plutôt que de créer de la fiction, en tout cas pour le moment.

Mon documentaire de fin d'année fut consacré au thème de la mémoire. « The Collectors » est un documentaire qui retrace l'histoire de trois personnes dont les parents souffrent de la maladie d'Alzheimer. L'idée était de lier une crainte de la perte de mémoire et d'identité avec le risque d'amnésie globale dont souffre Singapour dans son élan de modernisation intensive, au détriment des lieux de son histoire.

– Quelle était l'ambiance de LASALLE ?
– Le rapport entre les professeurs et les élèves était fabuleux. Beaucoup de professeurs sont  actifs dans l'industrie du cinéma locale et offrent souvent aux élèves la possibilité d'avoir des expériences extra-scolaires dans leurs projets, ce qui permet en plus la formation rapide d'un réseau de contacts conséquent pour chacun. De plus, les promos sont relativement réduites, de l'ordre de 30 élèves environ. Dans chaque classe, les étudiants viennent de tous les pays- Singapour, Malaisie, Indonésie, Chine, Inde, État-Unis, Slovaquie, France, Norvège... c'est extrêmement enrichissant d'être confronté à une telle mosaïque des cultures, et l'on sort de ces trois années de collaboration avec une excellente aisance sociale.

LASALLE est un environnement qui bourdonne. Il y a beaucoup de collaborations possibles entre les secteurs : rien que pour le département cinéma, nous avons pu collaborer avec des acteurs, des designers sonores, des graphistes, des danseurs…Cela permet également de rencontrer des gens avec qui il sera possible de collaborer à la fin de ses études. En fin d'année, lors du LASALLE show, au cours duquel les élèves de toutes les spécialités présentent leurs productions, on découvre un niveau de créativité inimaginable, tous départements confondus.

– Et maintenant, quels sont vos projets ?
– J'ai terminé mes études en Juin dernier. Malgré le fait que j'avais de nombreux contacts à Singapour et la possibilité de travailler dans plusieurs boîtes de production, je ne souhaitais pas continuer à vivre à Singapour. J'y ai vécu pendant treize ans et j'ai envie de connaître un autre pays, rien que pour continuer d'alimenter mon enthousiasme artistique, avoir des nouvelles idées de films, entretenir mon plaisir de créer. J'ai monté à Strasbourg une boîte de production et je propose à des entreprises des clips commerciaux, je filme également des spectacles, des concerts, des festivals, des mariages et des vidéos pédagogiques. Pouvoir gagner ma vie avec ma passion est un vrai plaisir ! Comme je travaille à mon compte, j'ai aussi la possibilité de développer mes prochains films.

– Comment fait-on pour démarrer dans le métier ?
– Je pense qu'intégrer une boîte de production est une bonne manière de commencer dans le métier parce qu'on peut y apprendre énormément techniquement et professionnellement. Il peut également être judicieux de se faire engager sur des tournages, même avec un petit rôle dans un premier temps. Après, avec les contacts, les choses se font naturellement si vous faites du bon travail. Personnellement, j'ai fait les choses un peu à l'envers : j'ai commencé par travailler à mon compte. Cela peut aussi être une bonne solution pour se faire un nom dans le métier, et éventuellement créer sa propre boîte !

– Avoir un site est-il un outil de travail pour quelqu'un qui se lance dans le cinéma aujourd'hui ?
– Oui, absolument, c'est très important que l'on puisse accéder à votre portfolio. L'un des atouts de la Puttnam School of Film de LASALLE est la création d'un portfolio conséquent sur lequel on peut s'appuyer ensuite dans le monde du travail.

– Comment les gens en France réagissent-ils à votre parcours ?
– Vous devez aussi connaître ça si vous êtes basés à Singapour, mais c'est sûr que d'annoncer à n'importe qui en France que l'on vient de Singapour marque toujours un sacré effet. Cela fait  évidemment rêver les gens, mais pour l'instant, malgré le fait que cela ait pu me rendre bilingue en Anglais, ça n'a pas encore été un atout pour trouver plus facilement du travail ! Ce qui intéresse avant tout les boîtes de production, c'est vraiment la qualité du travail et du portfolio.

Propos recueillis par Bertrand Fouquoire (www.lepetitjournal.com/singapour) lundi 12 janvier 2015

Voir le portfolio de Thaïs sur Vimeo

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Publié le 11 janvier 2015, mis à jour le 13 juin 2015

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