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TECHNOLOGIE ET EDUCATION - L’enjeu, c’est d'éviter la fracture numérique

Écrit par Lepetitjournal Singapour
Publié le 29 avril 2014, mis à jour le 30 avril 2014

Expert des technologies de l'information et de la communication en Education au Canada, Thierry Karsenti était pendant 2 jours l'invité du Lycée Français de Singapour. Il a conclu sa visite par une passionnante conférence publique sur les technologies et les jeunes au cours de laquelle il est revenu sur les enjeux, les avantages et les risques de l'utilisation de la technologie par les enfants.

Thierry Karsenti, indiquait M Pujol, le Proviseur du Lycée Français de Singapour, a passé 2 jours au LFS dans le cadre du projet d'établissement. "Le LFS, a-t-il précisé, est engagé, sur ce thème des technologies et de l'éducation, dans un processus de réflexion". "C'est, a-t-il souligné, un processus qui prendra du temps et qui ne constitue, d'aucune manière, un enjeu pour la prochaine rentrée".

Au c?ur de la conférence : l'utilisation de la technologie par les enfants, ses enjeux, ses avantages et ses risques. Trois aspects qui méritent d'être envisagés l'un après l'autre. Trop souvent, soulignait Thierry Karsenti, en introduction de son propos, "on a tendance, s'agissant des technologies, à n'en parler que sous l'angle de la sécurité. Les débats dépassent rarement ce stade. C'est regrettable, car l'enjeu essentiel qui est à prendre en compte est celui de la fracture numérique".

Une nouvelle forme d'illétrisme ?

"Certains enfants, prévient Thierry Karsenti, vont savoir utiliser les technologies, d'autres en resteront au niveau du jeu ou de l'interdit. La technologie présente des avantages et des défis. Les avantages sont, à mon avis, plus importants que les défis. Le risque pour certains est de se retrouver, à l'université, dans une situation de handicap majeur quand on est incapable d'utiliser la technologie".

Une position à laquelle fait écho celle de Neelie Kroes, vice-présidente de la Commission européenne, qui déclarait récemment : "L'absence de compétences numériques est une nouvelle forme d'illettrisme". "Quand j'étais enfant, il s'agissait d'apprendre à lire et à écrire. Aujourd'hui, il faut apprendre à faire des recherches sur l'internet et à programmer. Lorsqu'on veut réaliser un rêve ou qu'on rêve d'un métier, on a aujourd'hui besoin de compétences numériques et de l'internet [...]. D'ici 2020 ? autant dire demain ? 90 % des emplois nécessiteront des compétences numériques, et nous ne sommes pas prêts."

Plus d'avantages que d'inconvénients

Pour Thierry Karsenti, les avantages attachés à une utilisation de la technologie par les enfants sont évidents, sous réserve que cette utilisation soit équilibrée, qu'elle soit accompagnée, et qu'elle respecte certaines règles de sécurité.

Le premier avantage de la technologie, selon l'intéressé, est qu'elle s'adresse à tous les âges : "elle suscite l'intérêt des enfants qui ont pour les objets technologiques une forme de prédisposition naturelle".  Le second avantage est qu'elle permet d'apprendre plus. "La mémoire d'un I-pad, c'est l'équivalent de 300.000 livres", suggère-t-il. Le troisième, c'est qu'elle constitue un formidable outil d'apprentissage, par exemple lorsqu'elle permet à un enfant de reconstruire entièrement un texte, non seulement en modifiant certains mots ou phrases mais en réorganisant les paragraphes entre eux? Un outil d'autant plus remarquable qu'il autorise des apprentissages à plusieurs.

25 conseils pour les parents

Thierry Karsenti a établi une liste de 25 stratégies pour aider les parents (qui peut être téléchargée ici), dont nous ne reproduisons ci-dessous qu'une synthèse à partir des commentaires de son auteur pendant la conférence. Ces conseils, ou stratégies, sont de 3 ordres : l'apprentissage, la communication et la sécurité.

Sur l'apprentissage

Des conseils pour exploiter le potentiel des technologies comme outil d'apprentissage. Une première démarche, estime Thierry Karsenti, consiste pour les parents, à s'informer sur les technologies et sur les sites qui sont les plus populaires auprès des enfants. Il faut amener son enfant à développer un esprit critique et constructif face aux technologies et à Internet, lui faire comprendre que tout ce qui est sur Internet n'est ni invariablement vrai, ni invariablement faux. L'enjeu est de l'aider à devenir un citoyen numérique, en ouvrant avec lui un dialogue ouvert et sincèrement positif et en lui donnant l'occasion de mettre en valeur ses compétences.

Sur la communication

4000 ! ? C'est la moyenne des textos envoyés chaque mois par les 13-17 ans en France.

Les technologies donnent tellement d'occasions de parler à d'autres qu'elles peuvent réduire le dialogue avec les parents. Il faut trouver un juste équilibre entre loisirs, travail scolaire et technologies. Il est important de fixer des règles d'usage précisant les conséquences en cas de non respect. Il est important de planifier des moments sans technologie. Il faut définir un juste équilibre entre l'espace privé de l'enfant et la nécessité de se tenir informé de ce qu'il fait et des sites qu'il visite?

Sur la sécurité

400 millions ! ? C'est le nombre des utilisateurs de Snapchat, une application permettant d'échanger des photos qui s'affichent pendant 10 s.

D'une manière générale, Thierry Karsenti relève que les risques de l'internet sont liés à 4 types d'impacts non désirables, qu'il s'agisse des contacts, des contenus, des conduites ou des coûts.
L'environnement, rappelle-t-il, a changé. Une bagarre dans la cour peut être filmée et les images mises en ligne avant même que les protagonistes remontent dans la salle de classe. La diffusion peut-être très rapide.

La cyberintimidation est un risque bien réel dont il faut parler avec les enfants, pour prévenir et être capable de réagir. En cas de cyberintimidation, précise Thierry Karsenti, il convient de faire comprendre à l'enfant :

?    Qu'il doit en parler
?    Qu'il s'agit d'un comportement qui ne peut être toléré
?    Que la loi le protège
?    Que ce n'est aucunement de sa faute
?    Que vous l'aiderez pour que cela cesse immédiatement
?    Qu'il n'y aura pas de conséquence pour lui.

Snapchat, avec ses images qui s'effacent, laisse croire aux adolescents qu'ils peuvent se livrer à certaines transgressions en toute sécurité. Mais des images faites pour disparaître perdent cette caractéristique à partir d'une simple capture d'écran.

Bertrand Fouquoire (www.lepetitjournal.com/Singapour)

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Publié le 29 avril 2014, mis à jour le 30 avril 2014

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