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ALLIANCE FRANCAISE- "Notre mission est de créer du désir"

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Claire-Lise Dautry et Emmanuel Lainé (Crédit Photo Alliance Française)
Écrit par Bertrand Fouquoire
Publié le 24 mars 2014, mis à jour le 26 mars 2014

Multiplication des animations, expositions et spectacles, l'Alliance française brille de mille projets alors que s'achève à peine un très intense festival de la Francophonie. Rencontre avec Claire-Lise Dautry et Emmanuel Lainé, dirigeants comblés d'une Alliance Française qui est au coeur de la promotion de la langue et de la culture française à Singapour.

Comment décrire en quelques mots les missions de l'Alliance Française?

Claire-Lise Dautry - Notre mission est de créer du désir. Du désir pour la langue et la culture françaises. A ce titre,  nous nous attachons à créer des liens entre les différentes façettes de ce qui se passe à l'Alliance. L'animation, dans le sens de rendre les choses animées, vivantes, est un mot fort.

Au moment où nous parlons, par exemple, nous avons programmé « Jules et Jim » mardi au cinéclub, lancé la deuxième édition du Speed-dating, « Voulez-vous parler (français !) avec moi ce soir ? » le jour de la Saint Valentin. Pour les publics enfants, nous avons accueilli samedi le spectacle de la Petite école, proposé une journée porte ouverte dimanche, avec différents ateliers et le désormais très populaire Cinékid.

Toutes ces activités de nature très variée contribuent à une ambiance globale qui fédère nos publics. L'Alliance française a deux activités, l'enseignement du français et la programmation d'évènements culturels, mais elle a aussi deux publics, celui de ceux et celles, notamment les Singapouriens, qui apprennent le français ; celui, aussi, de la communauté francophone à Singapour.

Quelles sont vos ambitions et vos priorités ?

CLD - L'Alliance Française est une entreprise presque comme les autres, qui doit en l'occurrence assurer elle-même 97,5% de son financement. L'Alliance vit du centre de langue, et l'enseignement du français langue étrangère est sa mission essentielle.

Les activités culturelles, largement autofinancées, accompagnent cette offre. Nous recevons une aide ponctuelle, sur objectifs, de l'Institut Français, et avons la chance de bénéficier du soutien d'entreprises locales, en particulier pour les célébrations de la francophonie, courant mars. Notre objectif est très clairement de faire rayonner la culture française vers les publics singapouriens francophiles et francophones et contribuer au dialogue interculturel. Créer, là encore, de la curiosité, du désir de découvrir.

Néanmoins, il existe un écart important entre le public des cours de langue et celui qui vient aux différents spectacles, quelquefois majoritairement français. L'objectif pour l'avenir est de réduire cet écart, à travers nos évènements sociaux, qui attirent de plus en plus de jeunes Singapouriens, qu'ils soient étudiants ou non de l'Alliance, et des jeunes Français, pour des moments de rencontres conviviales.

C'est aussi la raison pour laquelle l'Alliance concentre son offre culturelle sur le cinéma, avec 3 festivals par an (Films francophones en mars, Films d'animation en mai, 3° RDV with French Cinema en décembre), en partenariat avec  l'Insitut Français, un cinéclub thématique régulier, des « goûters cine-kid ».. Tous nos films sont en VO, sous-titrés anglais, et peuvent être l'objet de recherches ou discussions en classe.

Comment l'Alliance conçoit-elle sa mission dans le domaine culturel ?

CLD - La nature de la production culturelle dépend étroitement du contexte, de l'offre existante, des moyens dont nous disposons  et des besoins.  La mission de l'Alliance est de proposer une offre de qualité, identifiable, cohérente. C'est un vrai défi !

Sous quelle forme l'Alliance française s'implique-t-elle dans la production de spectacles et autres événements culturels ?

CLD - Cela peut se faire de trois manières différentes. Dans le premier cas, il s'agit simplement d'accueillir un événement produit par d'autres. Dans ces situations, l'Alliance française est seulement loueur d'espaces : l'organisation complète est prise en charge par le producteur.

A l'inverse,  pour certains évènements, l'Alliance intervient comme producteur à part entière, avançant la trésorerie et assumant l'ensemble des risques financiers. Dans ce cas, elle se rémunère sur les recettes. Le plus marquant en 2013 a été Ma vie avec Mozart, qui a réunit prés de 1000 spectateurs.

Enfin il y a des dispositifs intermédiaires où les coûts, les risques et les éventuels bénéfices sont partagés. L'Alliance joue un rôle d'opérateur, ou de co-opérateur.

Pourquoi les Singapouriens apprennent-ils le français ?

Emmanuel Lainé - Beaucoup le font par plaisir, parce que le français c'est chic et que le parler donne, d'une certaine manière, le sentiment de faire partie d'une élite. Sur un CV, le français présente une véritable valeur ajoutée.  

Dans les motivations des Singapouriens, on retrouve encore un certain nombre de représentations sur la France : la mode, le romantisme, la cuisine, le vin... Comme partout en Asie, notre public est majoritairement féminin.

L'environnement des classes est très multiculturel. Cet environnement devient un élément à part entière de l'apprentissage du français, un lieu d'échanges riche. Les étudiants parlent beaucoup entre eux. Il n'est pas rare que des discussions lancées pendant les cours se poursuivent après l'heure de manière informelle, voire que les étudiants se retrouvent à l'extérieur.

CLD - Et c'est jubilatoire pour nous d'entendre les échanges se poursuivre en français, en dehors des cours !

L'enseignement du français aux Singapouriens implique-t-il d'adapter la pédagogie ?

EL - La pédagogie du FLE (Français Langue Etrangère) va à l'encontre de l'histoire éducative des étudiants singapouriens. On explique dès le début les différences. Cela fait partie déjà d'une certaine introduction à la culture française. On souligne que l'enjeu, c'est de communiquer au présent, de libérer la parole, d'émettre des opinions. Il ne s'agit pas d'enseigner le français pour le français mais d'apprendre à faire des choses en français. Nous avons la chance d'avoir une équipe enseignante bien formée qui met tout en ?uvre pour que les étudiants parlent dès leur premier cours ! Vis à vis de ses étudiants, l'Alliance a une véritable stratégie d'ouverture et de découverte d'un monde. La langue fait partie d'une culture et la culture fait partie intégrante de l'enseignement.

C'est assez novateur par rapport à la manière dont on enseigne encore l'anglais en France?
EL - Le FLE a toujours été précurseur sur le plan pédagogique. Aujourd'hui, les professeurs de langues en France s'en inspirent. L'Alliance joue à Singapour un rôle de centre d'expertise dans l'enseignement du français langue étrangère, en relation avec l'association des enseignants de français à Singapour et avec les départements d'enseignement du français dans les universités.

Enfin, ces dernières années, l'Alliance a développé d'excellentes techniques d'apprentissage aux jeunes enfants grâce au développement de son programme Zouzous pour les 1-5 ans et devrait dans un futur proche partager ses savoir-faire avec le réseau régional.

Qu'est-ce qui vous donne du plaisir dans votre métier ?
EL - Donner du plaisir aux gens. Faire en sorte qu'ils aient une véritable expérience à la française.

CLD - On est heureux quand on a des retours du type : j'ai assisté à tel spectacle, c'était formidable. Quand des communautés se créent pour partager des passions (ce qui se passe pour Brigitte, par exemple). Quand nous avons le sentiment, à notre échelle, d'avoir contribué à élargir des visions du monde !

Propos recueillis par Bertrand Fouquoire (www.lepetitjournal.com/singapour) mardi 25 mars 2014

Site de l'Alliance Française

 

Bertrand Fouquoire
Publié le 24 mars 2014, mis à jour le 26 mars 2014

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