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THIERRY MARIANI - "L’enjeu est aussi d’ouvrir l’Assemblée Nationale sur le monde"

Écrit par Lepetitjournal Singapour
Publié le 20 février 2013, mis à jour le 19 février 2013

Maire de Valréas, Conseiller régional pour la Provence Côtes d'Azur, Vice-président du Conseil Général du Vaucluse, Secrétaire d'Etat puis Ministre chargé des Transports et député de la 11ème circonscription des Français de l'étranger, voici les grandes lignes du parcours électif de Thierry Mariani. Rencontre à l'occasion de sa première visite en tant que député dans la cité-Etat.

Lepetitjournal.com- Quel regard portez-vous sur votre chemin parcouru depuis 1988 ?
Thierry Mariani -
Ce cheminement m'a conduit à choisir la voix de la députation dans le Vaucluse en 1992 et j'en suis heureux. J'aurais pu y rester et être, si l'on en croit les experts, réélu. Cependant, après déjà quatre mandats dans la même circonscription, j'aurais peut-être fini par mener moins bien ce pour quoi j'avais été élu. Surtout, depuis 2000, je suis en charge, au RPR puis à l'UMP, des Français établis hors de France. J'ai d'ailleurs été l'un des inspirateurs de la création des sièges des députés des Français de l'étranger. Dans le contexte de la mondialisation, les expatriés sont un véritable atout pour notre pays et notre devoir est de les accompagner. La tâche est immense et passionnante.

Et ce d'autant que votre circonscription couvre un tiers de la superficie mondiale de la Russie à l'Australie. Comment comprendre ce découpage ?
Le Conseil Constitutionnel a défini un quotient de 120.000 Français par circonscription. S'il a suffi de regrouper la Suisse et le Liechtenstein pour atteindre ce quotient, il a fallu 49 pays pour constituer la 11ème circonscription. Ses plus grosses communautés sont à Hong Kong, Shanghai, Bangkok, Sydney, Pondichéry et Singapour.

Les Français de votre circonscription partagent forcément des situations différentes. Peut-on toutefois dégager des problématiques communes ?
Oui. Il s'agit traditionnellement de la couverture sociale, de la fiscalité et de l'enseignement. Dans ce dernier domaine, la suppression en 2012 de la prise en charge de la scolarité a suscité de vives réactions. Je précise que si le montant de la prise en charge devait être reporté sur celui des bourses, il ne l'a pas été intégralement. Cette mesure a donc conduit dans les faits à une diminution de plus de 10% de l'aide à la scolarité.
Deux nouvelles tendances sont apparues. Tout d'abord, de plus en plus de retraités français s'installent  en Asie, hors ?villes chères' que sont Shanghai, Hong Kong et Singapour. Avec un loyer mensuel de 400 euros pour une maison et l'aide d'une ?helper' pour 150 euros par mois, un couple de retraités peut avoir, par exemple en Thaïlande, une qualité de vie inespérée. Des groupes de réflexion travaillent ainsi sur le sujet de la création de maisons de retraite à l'étranger.
Par ailleurs, le nombre de couples mixtes s'est accru plus particulièrement en Chine, au Japon et en Thaïlande. S'ensuit  la résolution souvent complexe de problèmes liés à la nationalité, à la reconnaissance d'un enfant ou à celle d'un divorce. Il y a pour le moment encore peu de situations semblables à Singapour.

Comment percevez-vous la communauté française de Singapour ?
Son profil et l'environnement dans lequel elle évolue sont très proches de celle de Hong Kong. Avec 10.450 inscrits au 31 décembre 2012, Singapour est troisième en Asie après la Chine (30.787 inscrits) et Hong Kong (10.673 inscrits). La progression continue ; Singapour est le seul point sur ce continent où la demande de scolarisation augmente de 10% par an.
Le coût élevé de la vie, l'arrivée d'une population plus jeune et le développement de contrats locaux font forcément évoluer la communauté française de Singapour. Je profite d'ailleurs de cette visite pour rencontrer les représentants de cette communauté et multiplier les échanges. Cette communauté est un atout économique et culturel pour la France ; mon rôle est de l'accompagner.

En Europe, seuls les expatriés français, italiens, portugais et roumains bénéficient d'une représentation spécifique au Parlement et de l'action d'une structure pour la défense de leurs intérêts. Avons-nous donc en tant qu'expatrié français beaucoup de chance ?
En effet, la France est pionnière dans ce domaine et c'est une longue tradition historique. Nous avons le plus gros réseau d'établissements scolaires, homologués et conventionnés de par le monde. Quant à notre réseau diplomatique ou consulaire, il arrive dans le peloton de tête avec les Etats-Unis en première position. Nos expatriés bénéficient d'un dispositif complet de représentation institutionnelle avec 12 sénateurs, 11 députés et l'Assemblée des Français de l'Etranger (AFE), créée en 2004. Le projet de loi sur la réforme de l'AFE devrait d'ailleurs être présenté au Conseil des Ministres ce mercredi.

Si vous êtes l'élu de la 11ème circonscription des Français de l'étranger, vous siégez à l'Assemblée Nationale en tant qu'élu de la nation?
Oui et j'y débats actuellement d'un projet de loi relatif à l'élection des conseillers départementaux et municipaux. La présence de députés représentant les Français de l'étranger à l'Assemblée est un vrai enjeu. Elle permet d'ouvrir le parlement national sur le monde. De nombreux élus, qu'ils soient de gauche ou de droite, raisonnent encore dans une optique purement franco- française. Imaginez que des débats récents ont porté sur le maintien ou non de la station météo de Bergerac !

Un hebdomadaire d'actualité mentionnait récemment que « les huissiers à l'Assemblée Nationale doivent maîtriser les gestes de premier secours puisque, séparation des pouvoirs oblige, les pompiers ne peuvent entrer dans l'hémicycle pour secourir un député ». Est-ce vrai ?
Tout à fait. Mais, nous bénéficions en général de la présence dans l'hémicycle de médecins qui sont députés. Je me souviens du malaise de deux élus qui ont tout de suite été pris en main par le Professeur Debré et Bernard Kouchner.

Quand vous quittez votre fonction de député, qu'aimez-vous faire ?
Je suis deux à trois jours chaque semaine à Paris, pour les débats parlementaires. Quant aux jours restants, quatre semaines sur cinq à l'étranger, pour aller à la rencontre des Français de l'étranger, la 5ème étant par conséquent et tout simplement consacrée à ma famille !

Propos recueillis par Christine Leleux (www.lepetitjournal.com-Singapour) mercredi 20 février 2013

 

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Publié le 20 février 2013, mis à jour le 19 février 2013

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