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MOUVEMENT ETUDIANT – du boom à la négociation

Écrit par Lepetitjournal Santiago
Publié le 30 mars 2015, mis à jour le 30 mars 2015

En 2011, les mobilisations étudiantes rassemblaient plus de 300 000 personnes à son apogée. Depuis, les tambours et les mégaphones se sont tus. Le temps est à la négociation. Rétrospective d'un rapport de force étudiants-gouvernement

Il y a 9 ans, le Chili a connu le plus grand mouvement social depuis la fin de la dictature : le mouvement lycéen des « Pingouinos ». Cinq ans plus tard, en 2011, le mouvement étudiant avait pris encore plus de vigueur, atteignant le monde universitaire. Une véritable révolution pacifique qui a inventé de nouvelles formes d'action collective : danses traditionnelles, musique festive, déguisements carnavalesques, sans empêcher la violence de certains ; tous unis contre cet héritage conservateur et néolibéral du régime de Pinochet. Les parents accompagnaient leurs enfants, quelques ouvriers se mêlaient à la foule, le tout mené par la Fech (Federation étudiante du Chili). Le gouvernement de Sébastian Piñera n'avait pas d'autre choix que d'accepter le dialogue avec les représentants étudiants, plutôt que de les réprimer. Les revendications étaient simples : éducation gratuite, démocratique ; fin de la marchandisation de l'éducation.

Post 2011 : rechute ou maturation

L'année 2012 n'a pas été aussi intense. Les ministres ont commis moins d'erreurs et ont feint d'écouter les revendications des étudiants. Selon la presse, le mouvement était vaincu. Il s'agissait en réalité de passer des manifestations aux propositions : phase délicate où les organisations (Gauche Autonome, Jeunesses Communistes, Front Etudiant Libertaire, Union Nationale des Etudiants, Anarchistes) se sont éloignées les unes des autres, tout en formant une nouvelle gauche, à distance du Parti Communiste et de la gauche parlementaire ; en témoigne l'élection à la tête de la Fech du candidat anarchiste en 2013. Ce manque d'unité a fragilisé le poids de leurs revendications depuis.

La Nouvelle Majorité : partenaire ou ennemi ? 

L'arrivée de Michelle Bachelet au gouvernement en 2013 a annoncé une année périlleuse. En effet, le programme réformateur de la Présidente concernant la santé, l'éducation et la fiscalité a conquis les moins radicaux, les communistes et certaines franges de gauche. L'ouverture au dialogue de la majorité n'a cependant pas servi les étudiants. La Fech 2014, entièrement positionnée à gauche, présidée par Melissa Sepulveda du Front Etudiant Libertaire (FEL), s'est confrontée à un gouvernement apparemment proche de ses revendications, mais éloigné dans les faits. Les étudiants se sont alors assis à la table des négociations et ont été invités à l'élaboration des projets de loi concernant l'Education : une première dans l'histoire sociale. En janvier 2015, la réforme éducative (la loi d'Inclusion pour la fin du profit, de la sélection) est entrée dans l'agenda législatif. Les modalités n'ont pas réellement satisfait les étudiants, qui considèrent que les projets de loi ne suffiront pas à réformer un système éducatif à logique néolibérale. Les étudiants, de retour dans les salles de classe, viennent d'annoncer une nouvelle année de mobilisation, faute d'avoir été entendus lors des négociations. 

Claire GOSSART (lepetitjournal.com/santiago) Lundi 30 mars 2015

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Publié le 30 mars 2015, mis à jour le 30 mars 2015

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