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MEMOIRE – Claudia Soto défend la mémoire positive

Écrit par Lepetitjournal Santiago
Publié le 16 décembre 2014, mis à jour le 6 janvier 2018

 

A l'occasion de son passage au Chili pour tenter de distribuer son film Les Enfants des mille jours, lepetitjournal.com a rencontré Claudia Soto Mansilla. Cette réalisatrice, exilée en France depuis l'âge de 4 ans, vient défendre son film dans lequel elle rappelle les années Allende.

C'est à la terrasse d'un café de la plaza Brasil que nous avons rencontré Claudia Soto Mansilla, réalisatrice des Enfants des mille jours, produit par l'IKRA, sorti dans les salles françaises le 2 octobre 2013, concentré de témoignages des acteurs de l'Unité Populaire.. Cette fille d'exilé de 45 ans est à Santiago depuis un mois pour faire la promotion de son film sur l'Unité Populaire, pas encore distribué au Chili. Exilée depuis l'âge de 4 ans, elle vécu sept ans à Cuba, puis le reste de sa vie en France, avant de tenter un retour qui n'a duré qu'un an au pays natal en 1993. Eduquée aux histoires glorieuses du gouvernement Allende, elle ne pouvait pas comprendre ce pays qui semblait si différent de celui raconté par son père.

Promouvoir une mémoire positive

Autoproduction totale, coréalisé avec Jaco Biderman qui tenait la caméra, le film entend rappeler ce que le Chili s'efforce de faire taire dans son travail de mémoire: l'espoir du gouvernement d'Allende entre 1970 et 1973 qui précède l'horreur de la dictature. Pour Claudia, « le musée de la mémoire c'est le musée de la douleur », un musée essentiel mais qui ne parle que de ce qui a suivi le 11 septembre. Contrairement à la mémoire officielle, elle cherche à rappeler l'histoire de l'espoir des années Allende. Ceux qu'on considère aujourd'hui comme des victimes étaient les artisans de l'Unité Populaire. Ils sont morts, ils ont disparus ou ils ont soufferts pour leur engagement. Et aujourd'hui « on oublie leur lutte pour les maintenir dans leur statut de victime ». La mémoire chilienne omet selon elle un pan de son histoire qui représente l'aboutissement d'une centaine d'années de luttes commencées dans les mines du nord, et finalement cristallisées autour de la personnalité de Salvador Allende.

Son exil a fait de Claudia Soto une militante. Ce film est certes un éloge de Salvador Allende, mais c'est avant tout un témoignage de l'entourage du président. Et c'est en ceci qu'il s'agit d'un travail de mémoire important, une mémoire heureuse, où s'impose l'espoir du peuple. Mais selon elle le Chili se borne à enseigner que la destitution d'Allende était nécessaire, voire que le coup d'Etat ne pouvait s'éviter pour les plus radicaux. Quand on pense l'Unité populaire au Chili, on pense au chaos économique, à la dictature socialiste et aux tanks soviétiques pour ceux qui continuent de croire la propagande pinochétiste. Une majorité, plus pragmatique, se rappelle du blocus des camions, des queues devant les magasins ou encore de la présence policière. Elle, Claudia, veut rappeler pourquoi aux élections législatives et municipales qui ont suivi l'arrivée au pouvoir d'Allende, il y avait encore 57 % des chiliens qui lui offraient sa confiance.

Un Chili peu réceptif

Malheureusement pour elle, le film peine à trouver son public au Chili, alors que l'accueil tant du public que de la presse a été bon en France. Une situation qui témoigne selon elle de l'immobilisme dans lequel est plongé le Chili. La répression fut tellement forte que les traces de l'Unité populaire ont presque disparu. Les témoignages qui restent, ceux que Claudia est allé récupérer, « ils ne parlent jamais car on ne leur pose jamais de questions ». Mais comme elle le dit si bien, « le film n'a plus besoin de moi, il est rentré chez lui ». Elle compte maintenant sur la bonne volonté de ceux qui ont accepté de la suivre, ou de cette jeunesse, cette « génération sans peur » qui depuis 2011 proteste contre une Constitution qui date encore de l'âge Pinochet.

Benjamin Delille (lepetitjournal.com/Santiago) mercredi 17 décembre 2014

Une troisième et dernière projection aura lieu dans l'ancien centre de détention Londres 38, jeudi 18 décembre à 18h30, au 38 de la calle Londres comme son nom l'indique.

 

logofbsantiago
Publié le 16 décembre 2014, mis à jour le 6 janvier 2018

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