L'ONU a récemment critiqué l'édition mexicaine du Teletón, reprochant au gouvernement d'abandonner à une entreprise privée la question sociale du handicap. A cette déclaration, Alejandro Hernández, président de la Fondation Nationale du Handicap chilien (FND) a réagit : « toute ressemblance avec la situation de notre pays n'est pas une simple coïncidence »
Les Nations Unies ont reproché au gouvernement mexicain de se décharger de la gestion du problème du handicap au profit de l'entreprise privée Teletón, qui met en scène les handicapés plus qu'il ne défend leurs droits. L'occasion pour Alejandro Hernández, président de la FND, de monter au créneau.
Ce qui est reproché au Teletón
Dans une diatribe publiée sur le site du Ciudadano, Alejandro Hernández s'en prend à l'organisme chilien, et l'accuse de réaliser un « chantage émotionnel » vis-à-vis des donateurs ; notamment quand l'organisme argue que ses instituts de soin cesseront de fonctionner si la quantité totale des dons ne dépassent pas les 25 milliards de pesos, l'objectif de cette année.
D'une part, le président du FND précise que les treize centres hospitaliers du Teletón traitent 25 000 patients, soit 0,8% de l'ensemble des personnes souffrant de handicap au Chili selon lui. Les chiffres de l'Institut National des Statistiques lui donnent partiellement raison : les handicapés seraient un peu plus de deux millions au Chili, soit 13% de la population totale.
D'autre part, le Teletón, télédiffusé chaque année ou presque depuis 1978 est pour Alejandro Hernández un « héritage du gouvernement dictatorial destructeur des droits de l'homme. L'applaudir est une célébration de la discrimination et de la ségrégation des personnes handicapées ». Créé selon lui pour faire bonne figure pendant la dictature, il est aujourd'hui récupéré par les nombreuses entreprises, qui se servent de la marque Teletón, pour inciter à acheter (en l'apposant sur leurs produits), ou pour payer moins d'impôts (notamment en donnant directement à l'organisme en lui-même). Hernández va plus loin, estimant que le fonctionnement du Teletón convainc les gens qu'il suffit de donner pour aider les handicapés, alors qu'à l'heure actuelle 90% de ces personnes en âge de travailler seraient au chômage.
Mascarade cynique ou initiative salutaire ?
Ce n'est pas la première fois que le Teletón et son animateur-star Mario Kreutzberg, dit « Don Francisco » souffrent de telles critiques. A voir la vidéo du lancement de la campagne de cette année, il est vrai que la communication semble rôdée, tout comme le discours du jeune enfant handicapé Matías Torres, symbole de cette édition 2014. Répondant aux accusations d'Alejandro Hernández, Ximena Casarejos, directrice de Teletón Chile a déclaré que l'organisme n'était pas exempt de défauts, mais qu'il cherchait à intégrer les populations handicapées dans la société, tout en essayant en permanence à améliorer son fonctionnement.
Pour se faire une idée, et éventuellement donner, le mieux reste encore de regarder les « 27 heures de l'amour », diffusées en continu sur de nombreuses chaînes télé, le 27 et 28 novembre 2014 ? il sera quoi qu'il arrive difficile de passer à côté.
Fabien Leboucq (www.lepetitjournal.com/santiago) jeudi 30 octobre 2014
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