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PAUVRETE – On a suivi une association

Écrit par Lepetitjournal Santiago
Publié le 25 avril 2014, mis à jour le 11 mai 2014

Structure d'accueil, accompagnement social, la "corporacion Nuestra casa" est une association qui fait modestement office de Samu Social.  Lepetitjournal a suivi ses patrouilles

La nuit commence à tomber rue Huerfanos, à l'ouest du Barrio Brazil. Les bénévoles enfilent leurs vestes jaunes aux couleurs de l'association, et déposent les bidons de thé et les sacs de sandwichs dans une voiture garée en face de la maison d'accueil. Ils sont une petite dizaine, comme tous les jeudis soir, à se rendre dans le quartier de "La Vega", pour apporter de la nourriture aux sans-abris et passer un peu de temps à leurs côtés.  

Arrivés sur les lieux – un terrain vague où de nombreuses personnes sont déjà présentes -, les volontaires se séparent en deux équipes. La première improvise un stand d'accueil et invite les habitués, familiarisés avec les horaires de l'association, à venir prendre un verre de thé et un sandwich au "manjar" (confiture de lait). La seconde, pendant ce temps, entreprend une ronde à la rencontre des sdf qui sont dans le quartier, pour leur apporter à manger et s'assurer qu'ils vont bien. Durant une heure trente, parfois deux,  les volontaires distribuent ainsi de la nourriture et discutent avec les sans abris. Avec certains, ils plaisantent, et la familiarité des échanges révèle les habitués, pour qui la présence de l'association est devenu un rendez-vous hebdomadaire.  
 
Toutes les personnes présentes ne sont cependant pas à la rue. Certains habitent avec leurs familles, comme Francisco, 55 ans, qui vit avec sa femme et ses trois enfants. Il n'arrive pas à subvenir à leurs besoins et vient à la rencontre des bénévoles pour rapporter chez lui de quoi nourrir sa famille. Mais l'immense majorité des personnes présentes – elles sont une grosse trentaine - vit à la rue, dormant souvent sur des cartons à même le trottoir. Beaucoup d'entre eux, pourtant, travaillent dans la journée, déchargeant les camions qui alimentent le célèbre marché de la capitale. La nuit, ils fourmillent dans le quartier en compagnie des chiens errants, et hantent ses trottoirs dans l'attente du jour suivant. Par le biais des sandwichs et des "tecito" (tasse de thé), les bénévoles de l'association parviennent à créer un échange .
 
Des associations à l'origine de ces initiatives solidaires
 
Derrière ces maraudes – c'est le nom de ces rencontres avec les sans-abris -, il y a une
association, la Corporación Nuestra Casa,  un centre d'accueil implanté au sein du quartier Yungay. Elle offre une possibilité de logement pour certaines personnes de la rue, et s'implique pour venir en aide aux sans-abris qu'elle ne peut pas héberger. Ils sont une trentaine à vivre dans la maison, moyennant une légère contre partie financière.  

Enrique, 45 ans, est employé au sein de l'association: «Pour chaque personne, on se demande ce qu'elle peut apporter à la corporación, pas seulement ce qu'elle peut y recevoir. Ici, on n'offre rien. Le repas se paye, la nuit se paye, on n'est pas dans le schéma 'ah tu es pauvre, je vais t'aider'. Ce n'est pas une relation paternaliste.». L'objectif, pour lui, est de responsabiliser les résidents, de manière à faciliter les relations au sein de la communauté: « Quand une personne souhaite intégrer la communauté, elle a deux entrevues. Parce que passer du monde de la rue à la maison associative, ce n'est pas forcément facile. Dans la rue, il n'y a pas de règle. Ils n'ont pas de comptes à rendre.  Les gens doivent prendre conscience qu'ici, ils sont responsables. »    
 
Certains résidents sont là depuis longtemps. C'est le cas d'Emilio, qui vit dans la maison associative depuis deux ans. Âgé de 32 ans, il travaille comme ouvrier dans le bâtiment et participe parfois aux maraudes organisées par l'association. Une manière pour lui de retourner dans la rue, qui était son quotidien avant qu'il n'entende parler de la" Corporación", il y a deux ans. Depuis, il se sent intégré dans la maison d'accueil : « A la fin de l'année, nous sommes tous allés à la piscine. Résidents et employés, on y est allé ensemble, et on y a passé la journée. On a fait un asado, on s'est baigné...  ». Comme tous les résidents, il doit participer aux frais de l'association - 1100 pesos pour la nuit, 500 pesos pour le repas -, et doit quitter la maison avant 9h du matin (seuls ceux qui sont malades ou qui travaillent la nuit peuvent rester durant la journée).  
 
Une pauvreté endémique
 

Selon les chiffres du Ministère du développement social, il existait en 2011 près de 6.000 sans-abris à Santiago. Un chiffre plutôt faible pour une capitale (ils seraient trois voire quatre fois plus nombreux à Paris), qui peut s'expliquer entre autres par la structure de la société chilienne - où la solidarité  familiale est plus forte, par exemple. Mais ce chiffre ne doit pas cacher l'ampleur de la pauvreté au Chili, où l'on compte près de 2,5 millions de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté, et où ils sont plus de 600 000 à vivre dans des conditions d'indigence. C'est également à cette population que les associations tentent de venir en aide, avec le soutien plus ou moins régulier de l'État.

Clément Ourgaud (www.lepetitjournal.com/Santiago) Vendredi 25 avril 2014

Si vous voulez venir en aide aux associations d'aide aux sans-abris (en faisant des dons ou bien en faisant du volontariat - mieux vaut avoir de bonnes bases en espagnol), vous pouvez contacter celles-ci:
Nuestra Casa : L'association se trouve au 2832, rue Huerfanos (métro Quinta Normal)  
Langar Chile

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Publié le 25 avril 2014, mis à jour le 11 mai 2014

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