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PASCAL DROUHAUD (2) - Portrait d'un Français amoureux d'El Salvador et candidat aux élections législatives de 2017 dans la 2ème circonscription (Amérique latine - Caraïbes).

Écrit par Lepetitjournal San Salvador
Publié le 1 juillet 2016, mis à jour le 5 juillet 2016

 

Pascal Drouhaud est le candidat investi par le parti Les Républicains pour les prochaines élections législatives dans la 2ème circonscription des Français établis hors de France (Amérique latine - Caraïbes). Autour de nombreux articles et ouvrages sur les transformations économiques et politiques de l'Amérique latine, il visite pendant deux jours El Salvador, pays auquel il est plus particulièrement attaché depuis plus de 20 ans. 

 

Lepetitjournal.com En quoi l'action d'un député des Français de l'étranger diffère-t-elle de celle d'un sénateur?

Pascal Drouhaud 

L'action d'un Député des Français établis hors de France est en partie complémentaire de celle du Sénateur. Mais le mode d'élection est totalement différent,: le député est élu au suffrage universel direct. C'est lui qui est ou devrait être,  au contact de chaque Française ou de chaque Français vivant à l'étranger. C'est pourquoi le député est un "facilitateur", un lien entre chacun de nos compatriotes vivant à l'étranger et les instituions nationales.

Le sénateur est élu au suffrage universel indirect mais il est aussi un législateur comme le député. Comme je pense que l'union fait la force, je m'inscris dans la recherche d'une complémentarité d'action, car nous devons avoir en commun une chose: le service et l'intérêt des Français établis hors de France. C'est capital. 

C'est extrêmement important alors que le lien entre les représentants politiques et les Français est pratiquement rompu, dans le climat de crise que notre pays traverse. Je sais combien nos compatriotes établis hors de France souffrent de cette situation, peuvent même être en colère. Ils nous faut créer un sursaut et retrouver la vie de la grandeur de la France dans un environnement mondial, nouveau, concurrentiel et bien instable. Nous qui vivons ou travaillons à l'étranger, avons une compréhension des choses et une vision qui peuvent être très utile à une France actuellement désorientée et donnant le sentiment d'être paralysée. 

 Comment voyez-vous la situation de la France en ce milieu d'année 2016?

 La France traverse une crise profonde. La crise économique est réelle avec plus de 5,5 millions de chômeurs et près de 2 millions de personnes en fin de droit. La crise sociale a atteint son paroxysme  : je m'insurge devant la communautarisation de la société française. Nous pouvons même parler de fragmentation ! 

La crise est sécuritaire, puisque la France est aujourd'hui la cible des terrorises islamistes sur le sol national et à l'étranger et le gouvernement est incapables de mettre hors d'état de nuire quelques centaines de casseurs qui se mêlent aux manifestations sociales depuis quatre mois. Enfin, la crise est identitaire. Il nous faut aujourd'hui construire une nouvelle ambition française, un projet, qui redonne du sens à la France et qui permette de répondre à une question toute simple: que signifie être Français aujourd'hui ? Avec le référendum britannique qui va conduire à une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, le  fameux Brexit, nous voyons bien que nous sommes à la croisée des chemins. Il ne suffit pas de dire que chaque Français à des droits. Il est essentiel de rappeler que chaque Français  a aussi des devoirs. Et nous l'avons oublié depuis bien longtemps ! C'est pourtant cet équilibre entre droits et devoirs, appliqué à tous, qui permettra à la France de sortir de cette crise. En d'autres termes, il est temps de remettre la maison France en ordre. Je fais partie de ceux qui disent qu'il n'est pas trop tard. Mais, il va falloir se retrousser les manches car la tâche est ardue. 

Hommage à monseigneur Romero

 Comme vous le savez, la France revoit à la baisse son réseau consulaire en Amérique centrale et ailleurs. Pensez-vous qu'il y ait une chance pour que le Gouvernement français, alerté sur le danger que représente le trajet en voiture jusqu'à Guatemala city, revienne sur sa décision?

 Je le souhaite ardemment, mais je n'y crois pas malheureusement. En effet, la réorganisation du réseau consulaire est une décision du Gouvernement actuel. On nous dit que, pour des raisons budgétaires, il est impératif de réduire le réseau consulaire. Cela peut conduire à compliquer la vie administrative de chacun: il faudra par exemple, se rendre au Guatemala pour avoir un accès physique aux services consulaires. Le Gouvernement français fait donc courir un risque à nos compatriotes en raison de l'insécurité qui règne sur la route entre San Salvador et Guatemala Ciudad. En Amérique latine, nombreux sont les exemples de fermeture de postes consulaires, comme au Paraguay par exemple. Je le regrette vivement. Là encore, le député a un devoir d'information et d'explication auprès du gouvernement. Mais pour le moment, rien n'est fait. Que fait donc le député actuel pour aider nos concitoyens ? En tout cas, voilà le résultat d'une passivité lourde de conséquences et de difficultés pour nos compatriotes! (*)

 Vous avez une activité professionnelle très forte sur le plan international, vous écrivez, et vous vous présentez à des élections législatives. Si vous êtes élu, comment allez-vous organiser votre emploi du temps? 

 Depuis toujours, j'ai été porté par la volonté d'être utile à mon pays. Cela peut paraître surprenant à certains, et pourtant c'est tellement vrai. Je n'ai pas varié. Depuis des années, rien ne m'y oblige. Et pourtant, cette passion est tellement forte que j'ai trouvé le temps de me consacrer à une activité au service d'une certaine idée de la France, aux côtés des Français établis hors de France. Je serai, bien entendu, un député à temps plein: je quitterai mes fonctions professionnelles pour me consacrer à mon mandat parlementaire. J'espère être le porte-parole des électeurs du continent sud-américain, un allié dans le c?ur de nos institutions, mais également au quotidien, dans la réalisation de leurs projets. 

J'ai tellement envie de mettre en valeur les talents et réalisations de ces milliers de compatriotes, que je rencontre depuis des années et qui n'ont pas perdu l'espoir de porter une part d'une France qui rayonne  l'étranger. Par exemple, j'ai participé au mois de mai 2016 à la Fête française du pain au Pérou. Il s'agit d?un rendez vous annuel incontournable des professionnels de la filière agro-alimentaire, des boulangers, des pâtissiers qui résident dans le Andes. En plus du savoir faire de chacun, leur activité développe tout le secteur de la formation professionnelle, avec des instituts aussi prestigieux que le Cordon Bleu ou l'Institut Paul Bocuse. J'ai envie, à travers cet exemple, d?accompagner les efforts de ces Français qui ne ménagent pas leur peine pour réaliser leur part de rêve et leur projet professionnel et familial ici, en Amérique latine et dans la région des Caraïbes.

 Avez-vous un message à faire passer aux lecteurs du Petitjournal.com en général et à la communauté française en particulier?

Je sais bien que Le Petit journal assure un lien entre Français d'une part, et la France d'autre part. C'est un vecteur d'information essentiel, et, parfois il est même le seul lien que certains de nos compatriotes ont avec la France. Avec Le Petit Journal, c'est le rôle que chacun souhaite avoir avec notre pays à l'étranger.

Mon message est simple: accrochez-vous, ne perdez pas espoir et participez à la vie démocratique française. Pour vous tous qui vous sentez liés à la France d'une façon ou d'une autre, il est encore temps de changer les choses. Mais pour cela il faut assumer sa responsabilité de citoyen, c'est-à-dire aller voter lorsqu'il y a  les élections. Vous savez, les Français établis hors de France portent une part de l'image de notre pays à l'étranger. La majorité de nos compatriotes à l'étranger ont à coeur de porter haut les couleurs de la France. Le meilleur moyen de le démontrer, c'est de voter, notamment à l'élection présidentielle d'avril-mai 2017 et aux élections législatives de juin 2017.

 N'oublions pas qu'un taux de participation représentatif permettra au prochain député des Français d'Amérique latine - Caraïbes d'être crédible à Paris auprès du Gouvernement et d'une manière générale auprès des instituons nationales. Soyons acteurs d'une part du destin national, soyons les acteurs du sursaut que nous voulons pour la France. 

 

Au lycée français de San Salvador

 

(*) ndlr: sur les dangers potentiels de la route d'El Salvador au Guatemala, voir ici: 

http://youtu.be/KrylhNVjq1M

http://todomotor.com.sv/pilotos-salvadorenos-sufren-robo-y-secuestro-en-guatemala/

 http://m.20minutos.es/noticia/204141/0/guatemala/salvador/diputados/

 

 

Entretien réalisé le 24 juin 2016 à San Salvador. 

Jean-Jacques Sutra (www.lepetitjournal.com/sansalvador) vendredi 1er juillet 2016

lepetitjournal.com san salvador
Publié le 1 juillet 2016, mis à jour le 5 juillet 2016