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CLIN D'OEIL – Le paradoxe de l’économie mondiale

Écrit par Lepetitjournal Rome
Publié le 31 octobre 2011, mis à jour le 21 octobre 2011

Le moment est difficile pour tous ceux qui n'ont pas la bosse des maths. Entre cours de la bourse, taux de chômage et prévisions de croissance, la valse des chiffres à la une des journaux ces dernières semaines a de quoi faire tourner bien des têtes. Mais les chiffres sont-ils tous vraiment fiables ?

"La matematica non è un'opinione"(les maths ne sont pas une opinion) : voilà ce que l'on répète souvent aux élèves italiens ayant du mal à s'en sortir avec l'algèbre et les calculs. Difficile de contredire cet axiome : depuis notre enfance, nous avons appris que deux et deux font quatre et que les parts d'un gâteau coupé en 8 sont malheureusement plus petites que si on n'avait été que 4 à le partager? En grandissant, nous avons fait nos preuves en équilibrant notre budget familial ou, pire, en remplissant notre déclaration d'impôts. Tâches difficiles et souvent désagréables, que nous avons toutefois remplies avec soin, à l'issue d'une bataille acharnée contre tous ces montants à inscrire, à additionner, à soustraire? Toujours guidés par une certitude : cette valse de chiffres se terminerait à coup sûr par un verdict incontestable. Et pourtant? Pourtant, je vous avoue que, parfois, je ressens un certain malaise vis-à-vis du monde des chiffres, ces petits symboles si ordonnés, tous en rang comme des petits soldats prêts à accomplir leur devoir. Un doute s'installe, alors : cette docilité ne nous cacherait-elle pas quelque chose, par hasard ? Un secret inavouable enfoui dans la nuit des temps, devenu trop difficile à? déchiffrer ? Croyez-vous vraiment qu'il soit possible de dompter cet univers infini ?

Une erreur de calcul
Prenons le zéro, par exemple, ce petit cercle sympathique et aux apparences inoffensives s'il est seul, mais investi d'un pouvoir insoupçonnable dès qu'il se trouve à la traîne d'un de ses confrères. Comme dans bien d'autres cas, si ses rondeurs sont bien placées, son importance et son charisme n'en sont que multipliés. Quand il n'est pas en si charmante compagnie, néanmoins, il n'a certainement pas la vie facile : avoir le moral à zéro, il compte pour zéro, repartir de zéro? nombreuses sont les expressions qui soulignent la valeur nulle donnée à ce symbole. Pas étonnant du tout, alors, de découvrir que son nom nous arrive de l'arabe sifr (*), c'est-à-dire le vide. L'étymologie toutefois, vous le savez très bien, peut parfois jouer de vilains tours : le mot sifr est aussi à l'origine de chiffre, le caractère dont on se sert pour représenter tous les nombres. Vous rendez-vous compte ? Chiffre et zéro partagent la même ascendance et sont issus de la même lignée !
Pas de panique pour autant : inutile de jeter aux orties des siècles d'équations de premier et de deuxième degré, ou de douter de l'utilité du Service du chiffre et de la consistance du chiffre d'affaires d'une société; il serait également déplacé de déclarer d'un ton catastrophique que toute l'économie mondiale se base sur un énorme malentendu? 
Que vous soyez matheux ou littéraires, il ne vous reste plus qu'à vous rendre à l'évidence. Si vous pensiez que le monde des chiffres était un monde parfait, où règnent la clarté, la précision et surtout la logique, eh bien, ce n'était qu'un? mauvais calcul !
Luisa Gerini (www.lepetitjournal.com /Turin) Lundi 31 octobre 2011

(*) le zéro ne faisait pas partie du système de numération des Romains qui utilisaient de nouveaux signes pour indiquer par exemple la dizaine ou la centaine.

lepetitjournal.com rome
Publié le 31 octobre 2011, mis à jour le 21 octobre 2011

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