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PARMIGIANO-REGGIANO – Le fromage italien victime d'imitations

Écrit par Lepetitjournal Rome
Publié le 30 mars 2015, mis à jour le 30 mars 2015

Le parmesan est en crise. Le célèbre fromage italien est victime d'imitations qui plombent son exportation. La Confederazione Nazionale dei Coltivatori Diretti (Coldiretti), la principale association de représentation de l'agriculture italienne, tire la sonnette d'alarme.

?Il s'agit du fromage le plus copié?, déplore Giorgio Apostoli, responsable de la section zootechnie de Coldiretti. Parmesao, Reggianito, Parmesan, autant de produits qui cartonnent et qui n'ont pourtant rien à voir avec le Parmigiano-Reggiano. En 2014, le fameux fromage italien s'est fait doublé par de pâles copies.

Dans les communiqués de presse de la Confederazione Nazionale dei Coltivatori Diretti, on trouve des données pour le moins surprenantes. En 2014, la production d'imitations de Parmesan et de Grana a dépassé 300 millions de kilos dont un peu moins de la moitié a été produite aux États-Unis. La Russie aussi s'est fait une place sur ce marché. On peut également trouver le Parmesao au Brésil, le Reggianito en Argentine, mais aussi le parmesan perfect italiano, produit en Australie.

La Coldiretti compte bien lutter contre les imitations. "La crise, déjà latente, a débuté il y a quelques mois?, rappelle Giorgio Apostoli. Elle touche davantage le Parmigiano-Reggiano que le Grana Padano, lui aussi en difficulté. Une étable sur quatre a fermé depuis le début des perturbations. "Si on ajoute le Gorgonzola, le Grana Padano et le Parmigiano-Reggiano représentent la moitié du lait italien.? L'enjeu est de taille. L'association agricole juge la crise bien plus importante que celle traversée, il y a trois ans, suite à un tremblement de terre. De nombreuses étables avaient alors été détruites.

Il Parmigiano-Reggiano et le Grana Padano représentent à eux deux un chiffre d'affaires de 4 milliards d'euros dont près d'un quart provient des exportations. Ces dernières chutent dangereusement, contrairement à d'autres fromages comme le Pecorino ou le Gorgonzola. Face à ce tableau noir, la Coldiretti avance tout de même des solutions.

L'export, le nerf de la guerre

"Il nous faut une tutelle européenne forte, répète à plusieurs reprises Giorgio Apostoli. Nous devons aussi défendre davantage la DOP (Denominazione di origine protetta ? appellation d'origine contrôlée). Et il faut évidemment régler le problème du nom."

Face à ces fromages d'imitation qu'il qualifie de "dégoûtants", l'export est la clé. Le marché italien est déjà saturé. L'Italie peut difficilement augmenter sa consommation. "Toutes les familles italiennes mangent du Parmigiano-Reggiano ou du Grana Padano. Il faut donc viser les marchés extérieurs?, précise le responsable zootechnie. Ce sont en effet les deux fromages les plus représentés sur les tables de la péninsule.

Un autre problème est pointé du doigt par la Coldiretti : le Corsorzio. Depuis 1934, l'organisme ?uvre pour la sauvegarde et l'amélioration du Parmigiano-Reggiano. Le consortium est acteur dans le monde des médias et de la communication, afin de promouvoir ce fromage aux origines moyenâgeuses.

"Le consorzio devrait valoriser le Parmigiano-Reggiano et s'ouvrir davantage au monde. Il ne nous satisfait pas, il ne donne pas

de bons résultats. Nous demandons donc un changement de gouvernance?, réclame Giorgio Apostoli.

Tous mobilisés

"Cinq provinces où l'activité du lait est conséquente sont touchées." Le 5 mars dernier, éleveurs, fromagers, affineurs, dégustateurs, cuisiniers et consommateurs, venus de toute la région d'Emilie-Romagne, sont descendus dans les rues de Bologne pour manifester leur mécontentement. Même les vaches ont rejoint la Piazza del XX settembre. Parmi les slogans affichés, on pouvait lire : "Il Parmigiano non si fa in ?Wisconsin? (Le Parmesan ne se fait pas dans le Wisconsin), "Fermiamo i furbetti del Parmigiano? (Arrêtons les petits fourbes du Parmigiano), "No Parmigiano no Expo" (Pas de Parmigiano pas d´Expo, en référence à Expo 2015).

La mobilisation n'en est qu'à ses débuts. Pourtant, elle a déjà gagné la toile. Les tweetos se sont emparés du hastag #ParmigiAmo. "Nous continuerons, assure Giorgio Apostoli. Et nous éveillerons encore l'attention pendant l'Expo.?

Toinon Debenne (Lepetitjournal.com de Milan) - mardi 31 mars 2015

Crédits photos : Corbis LD

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Publié le 30 mars 2015, mis à jour le 30 mars 2015

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