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QUE PENSENT LES ITALIENS DE - L'art est-il un business comme un autre ?

Écrit par Lepetitjournal Rome
Publié le 29 septembre 2014, mis à jour le 30 septembre 2014

Le 16 septembre dernier, l'Association Civita a présenté le rapport  "L'arte di produrre l'Arte. Imprese italiane del design a lavoro" à l'Ara Pacis. L'occasion de mettre en avant le rôle fondamental qu'occupe la culture au sein de l'économie italienne, un rôle pour l'instant mal exploité. Un avis de professionnel mais aussi d'Italiens qui vivent tous les jours au contact de la Grande Bellezza.

"L'art est le meilleur investissement"

Quoi de plus adéquat que de parler d'Art dans un lieu tel que l'Ara Pacis ? Et plus précisément du marché de l'art ou comment faire de la culture, une industrie. Le 16 septembre dernier, l'Association Civita a présenté le rapport  "L'arte di produrre l'Arte. Imprese italiane del design a lavoro." en la présence de Gianni Letta, Président de l'Association Civita, d'Emmanuele Francesco Maria Emanuele, Président de la Fondation Roma et de son auteur, Pietro Antonio Valentino. Un rapport qui offre une photographie de la situation actuelle sur le développement des activités culturelles et économiques en Italie. Tous sont unanimes : le territoire n'exploite pas assez ses ressources, uniques au monde !

Pour Gianni Letta, "la solution pour que ce pays sorte du déclin et retrouve la force de renaître est la culture". Selon lui, "l'art est le meilleur investissement. L'Italie possède un patrimoine exceptionnel qu'on ne pourra jamais délocaliser. Les places, les monuments, les biens archéologiques ne peuvent pas être démontés et partir à l'étranger. Ceux-ci sont la pierre angulaire de la diversité italienne".

Ce rapport offre donc un débat, des clés de compréhension pour remettre au c?ur des politiques stratégiques actuelles, l'importance de la Culture. Emmanuele Francesco Maria Emanuele est encore plus catégorique : "L'Art est l'unique instrument du pays pour sortir de la crise. Nous avons une tradition, une vocation naturelle pour le monde de la Culture. Le gouvernement actuel ne comprend pas son importance". Face à ce sombre constat, des solutions expliquées dans le livre, sont déjà en place actuellement comme l'Art bonus ou encore la restructuration du système tarifaire des musées mais cela reste encore insuffisant.

Les chiffres parlent d'eux même. L'analyse du secteur de l'Industrie Culturelle et Créative (ICC) est alarmante : les familles italiennes dépensent moins pour la culture que les autres pays européens, les entreprises culturelles perdent leurs employés dans des domaines où elles devraient être plus opérationnelles. A l'origine de ces dommages irréparables à long terme ? Le manque d'investissement ! Le nombre d'entreprises culturelles italiennes ainsi que leurs employés sont en forte baisse. De 2008 à 2011, l'Italie a perdu plus de 10.000 entreprises. Seul le secteur de la construction a connu pire !

"L'art est l'essence de cette ville"

Une situation plus ou moins préoccupante que Giulia, 27 ans, vit tous les jours. "Je suis diplômée depuis deux ans d'une école de graphisme. Pourtant aujourd'hui, je travaille dans un supermarché ! Sortie major de ma promotion, je pensais avoir un peu plus de chance de trouver un travail mais en Italie le domaine du design est trop instable. On ne parie pas sur les petites entreprises, croit-en d'ailleurs encore au Made In Italy ?".

Pour Matteo, 40 ans, Romain de toujours, l'art est partout et c'est ça qui pose problème. "Nous possédons un patrimoine tellement extraordinaire que nous pensons que cela suffit, que nous n'avons rien à améliorer. Vivant dans cette ville depuis toujours, je vois comment on traite l'art ici. On laisse d'incroyables monuments tomber en ruine. On ne valorise pas assez notre patrimoine mais par dessus tout on ne profite pas assez économiquement du potentiel qu'offrent les villes italiennes. C'est un peu caractéristique de la mauvaise gestion du pays !" s'énerve-t-il.

Rome et l'Italie dans son ensemble seraient-elles victimes de leur beauté ? Isabella, étudiante en architecture de 23 ans, est au contact de chef d'?uvres tous les jours. "L'art est l'essence de cette ville, mais elle se retrouve dans beaucoup d'Italiens je pense. Certaines personnes ne voient d'ailleurs pas la nécessité de rentrer dans des musées ou d'aller voir des expositions tellement chaque coin de rue est déjà riche artistiquement. Mais nous devons encourager, pousser les gens et plus particulièrement les enfants, à découvrir d'autres formes d'art comme la photographie, l'art abstrait ou contemporain. Il ne faut surtout pas se laisser enfermer dans un seul moule et croire qu'il n'existe que ça, que l'art peut se mettre dans une seule catégorie" analyse al jeune fille.

Enfin, pour Gabriella, 62 ans, retraitée, la culture doit être mise au centre des préoccupations du gouvernement. "Nous devons promouvoir et miser sur le savoir-faire que possède l'Italie. Mettre en avant notre offre et créer une véritable industrie culturelle. C'est nécessaire de rattacher l'Art à l'économie, actuellement l'un ne peut pas aller l'un sans l'autre".

Sarah Cohen (Lepetitjournal.com de Rome) ? mardi 30 septembre 2014

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Publié le 29 septembre 2014, mis à jour le 30 septembre 2014

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