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REGARD D’EXPERT – Une vision relativement optimiste de l’économie italienne

Écrit par Lepetitjournal Rome
Publié le 22 septembre 2014, mis à jour le 22 septembre 2014

Alors que la France et l'Italie passent pour les parents pauvres de la croissance au niveau européen, avec pour l'Italie une croissance attendue pour 2014 proche de 0% (après avoir espéré jusqu'à 1 %), un regard positif sur certains aspects peut cependant être posé. Telle est la proposition de Nicolas Diers, vice-président de la section italienne du Comité National des Conseillers du Commerce Extérieur de la France, qui propose la valorisation et la prise en compte des points forts de l'Italie en matière d'export.

Le pire de la crise de confiance est passé
Utilisé depuis 2011 par les analystes, économistes et journalistes, le spread avait plongé à l'époque l'Italie dans une crise de confiance sans pareil. Mais de quoi s'agit-il ? Le spread correspond au différentiel de taux payé par les titres de dette publique italiens par rapport à leurs équivalents allemands. Souvenez-vous, sa montée à 570 BP (soit 5,70 % de plus) cette année-là avait terriblement affaibli l'Italie, et provoqué la chute de Silvio Berlusconi dans lequel les marchés financiers n'avaient plus aucune confiance.

Concrètement, une variation de 100 BP signifiait pour l'Italie dont l'endettement est de 2.100 milliards d'euros, une charge financière supplémentaire de 21 milliards d'euros à l'année. Bien plus qu'une man?uvre financière (réduction des dépenses et hausse des impôts) ! Une variation de 200 ou 300 BP représentait donc à terme, 2 à 3 fois ce montant chaque année. Une situation intenable pour un pays qui avait pourtant réussi à avoir une balance primaire positive. Dans le même temps, cette variation alourdissait proportionnellement aussi le coût du crédit aux entreprises, qui ne reflétait pas la réalité de l'économie italienne : un tissu d'entreprises industrielles, la plupart familiales, largement exportatrices.

Face à cette crise de confiance, seuls des changements de personnes, de messages, et bien sûr, de politique pouvaient améliorer la situation. Avec un spread redescendu à 130 BP, l'image de la situation économique de l'Italie apparait donc bien meilleure et plus proche de ce qu'elle est réellement. Une marge de man?uvre pour le gouvernement, certes mais aussi une bouffée d'oxygène pour les entreprises dont le coût de l'endettement doit baisser. Rassurés par le risque, tablant sur une reprise et appréciant la surprime par rapport au Nord Europe, les investisseurs étrangers ? américains notamment - reviennent en Italie.

Le "High Tech" et le "Medium Tech" italien
Outre les phénomènes de mondialisation et de crise, le monde traverse par ailleurs une phase de changements technologiques rapides. Et il est clair que ce n'est pas fini !

Dans cette course à la haute technologie, l'Europe semble à la traine derrière les Etats-Unis, et souvent même derrière la Corée et bientôt la Chine. Mais si elle doit sans aucun doute accentuer ses efforts de recherche pour développer un "High Tech" européen de qualité, elle doit aussi être attentive à ne pas abandonner trop systématiquement son industrie. L'observation de l'Italie (et de l'Allemagne), avec ses déclarations sur le "Medium Tech", est ici intéressante. Restées toutes les deux sur une économie industrielle, moins liée aux services que la France, l'Italie et l'Allemagne croient aux entreprises de taille moyenne, souvent familiales. Des entreprises qui exportent largement malgré un Euro cher. Comment cela s'explique-t-il ? C'est que ces entreprises produisent et exportent des produits de qualité, à forte valeur ajoutée, correspondant à un véritable savoir-faire européen : celui de la maitrise des processus industriels, de la recherche appliquée associée au design, et d'une concentration sur des marchés haut de gamme, ceux-là mêmes qui sont mal couverts par les Etats-Unis et l'Asie.

Ce sont ces produits, souvent classiques (voitures, machines-outils, luxe, biens de la personne et de la maison, produits alimentaires, ...) qui constituent le "Medium Tech", en opposition au "Low Tech" ou "Low Cost" à grands volumes, laissé aux pays émergents. L'Italie a décidé de le vanter et de le développer.

Pourquoi donc ne pas défendre ensemble un Medium Tech européen qui constituerait sans aucun doute un domaine privilégié pour des collaborations et partenariats franco-italiens adaptés à nos ETI et PMI ? La complémentarité de nos savoir-faire devrait nous inciter à partir à la  conquête de marchés export en commun.

Le ?Bello e Ben Fatto? italiano: ?Esportare la dolce vita?, il lusso made in Italy
Récemment, Confindustria (équivalent italien du Medef) a lancé la campagne "Esportare la dolce vita" pour promouvoir le "Bello e Ben Fatto" (BBF) italien (Beau et Bien Fait) qui constitue pour eux le "Medium Tech" dans les secteurs de l'alimentation, l'habillement, le textile, la maison, la chaussure et la bijouterie. Des secteurs stratégiques à l'export, points forts de l'Italie, poussés par une image positive des produits italiens à l'international. Une approche bien plus large et bien plus complète que l'approche du Luxe à la française, et qui fait appel à une large main d'?uvre spécialisée. Le patrimoine culturel et touristique italien y est toujours associé. Un concept fort, qui regroupe pas moins de 14.000 entreprises !

Slow-Food, Bello e Ben Fatto, Dolce Vita, etc. Autant d'idées et de concepts marketing originaux du made in Italy, sur lesquels réfléchir et peut-être s'inspirer !

Les "Start-up" et les "Re-Start" italiennes
Nouvelles technologies, nouvelles habitudes de vie et d?organisation qui imposent de nouvelles solutions. La mémoire collective se souvient des grands succès américains et des aventures personnelles auxquelles elles sont associées. En France comme en Italie, il est grand temps de permettre et de faciliter ces nouvelles aventures entrepreneuriales qui feront notre économie de demain : mécanismes d'accueil, accompagnement, formation et financement. Il y a beaucoup à faire encore, y compris en termes de mentalités pour aider les start-up.

Mais à ce concept de start-up, l'Italie industrielle et entrepreneuriale ajoute celui de Re-Start. Oui à la création ex-nihilo que nous favorisons en France, mais n'oublions pas le processus global de changement qui consiste à revoir et adapter l'existant aux bouleversements en cours. Les entreprises doivent largement se remettre en cause, tant sur les produits, les modalités de commercialisation, les marchés que l'organisation, et s'interroger sur les nouveaux types de financement et les nouveaux modes et profils de collaboration.

Seule une prise de conscience en faveur du changement permettra de maintenir des savoir-faire anciens et des emplois spécialisés. Avec cette idée de Re-Start, redéfinir une entreprise à risque ou non, relancer une activité abandonnée (même s'il a fallu réduire les effectifs), penser à utiliser un savoir-faire dans d'autres domaines, s'allier avec d'autres constituent de beaux challenges qui valent ceux d'une Start-Up et ne sont pas très différents. Les mécanismes d'aides doivent s'y adapter également dont la considération de chacun aussi.

Nicolas Diers (pour lepetitjournal.com/milan) ? mardi 23 septembre 2014

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Crédit photos : http://www.italiapregevole.it/ et Corbis

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Publié le 22 septembre 2014, mis à jour le 22 septembre 2014

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