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Vivaldi ou l’évanescence de l’être

Roger Baillet LivreRoger Baillet Livre
Écrit par Karine Gauthey
Publié le 16 avril 2021, mis à jour le 16 avril 2021

Roger Baillet revient avec un nouveau roman, intitulé Vivaldi ou l’évanescence de l’être, qui forme une sorte de diptyque avec son autre ouvrage, Michel-Ange ou la sculpture de l’être. Il aborde une fois encore l’un de ses thèmes de prédilection, qui coïncide avec ses travaux de recherches historiques et littéraires, et plonge ses lecteurs dans la Venise baroque.

 

En feuilletant les premières pages du roman de Roger Baillet, l’on découvre Venise au début du XVIIIe siècle à travers le journal intime de Camille, jeune orpheline déposée à l’âge de six ans à la Pietà, hospice et conservatoire de musique très actif aux XVIIe et XVIIIe siècles. Financée par la République de Venise, cette institution voit le jour en 1346 et accueille les nouveau-nés abandonnés, les orphelines, ainsi que les filles illégitimes ou de familles indigentes. Certaines jeunes filles recevaient alors une éducation musicale poussée ; d’ailleurs, Antonio Vivaldi y fut maître de violon à partir de 1704 et fut compositeur principal de 1713 à 1740. Dès qu’elle le rencontre, la jeune Camille est subjuguée par le talent de « Padre Vivaldi » :

 

« Sa gloire, qui est comme l’éclat de ses trompettes, comme l’eau profonde de son harmonie, qui court et qui avance, s’appelle Viva Viva Viva Venezia Viva Vivaldi … Et je sais, maintenant, que si je me suis complètement trompée sur Judith, Holopherne, et sur le sens de cette histoire, parce que j’étais une petite fille qui n’y connaissait rien, je ne me suis pas trompée du tout sur sa musique. Elle était comme je l’ai vue et entendue, ce jour-là : une pulvérisation de couleurs dans la trame légère d’une grille dorée. »

 

Rapidement, Camille est attirée par le violoncelle, instrument avec lequel elle se sent tout de suite en osmose : « C’était comme s’il chantait avec moi, comme si mon ventre et ma poitrine étaient sa caisse de résonnance ». La jeune femme devient très vite une musicienne talentueuse, au point de faire naître dans le cœur de ses aînées des espoirs d’évasion de la Pietà. Un événement dramatique transformera sa vie, mais celle-ci sera véritablement bouleversée par sa rencontre avec Anna, cantatrice qu’elle déteste autant qu’elle finira par adorer.

En somme, dans ce roman sous la forme d’un journal tenu par une ancienne élève de Vivaldi, on découvre l’histoire de ces jeunes filles anonymes, sans nom et disposant seulement d’un prénom, cachées derrière des grilles, qui ont permis de montrer tout le talent de Vivaldi. C’est là toute l’évanescence de l’être.

Parmi les anecdotes qui parsèment ce roman, on retrouve l’accusation portée contre Antonio Vivaldi d’héberger sa cantatrice Anna Giraud et son acquittement après maintes demandes :

 

« Pendant ce temps, Padre Antonio écrivait lettre sur lettre pour se justifier, en appelait au Pape qui n’avait jamais exigé qu’il dise la messe, à cause de sa faiblesse de poitrine, protestait que Anna et Paolina n’avaient jamais habité chez lui et étaient des saintes femmes. Nous avions connaissances de ces lettres, et elles nous peinaient beaucoup, parce que nous nous rendions bien compte qu’il donnait des coups d’épée dans l’eau, mais comment le lui dire sans le blesser ? À Venise, en effet, il ne fut jamais inquiété, et les choses se calmèrent quand ses adversaires eurent obtenu ce qu’ils cherchaient : que la représentation de son opéra n’ait pas lieu à Ferrare. »

Karine Gauthey
Publié le 16 avril 2021, mis à jour le 16 avril 2021

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