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UN LIVRE, UNE HISTOIRE – L'éloge de la paresse de Paul Lafargue

L'éloge de la paresse de Paul LafargueL'éloge de la paresse de Paul Lafargue
Écrit par La Bouquinerie Le Liseron
Publié le 26 juin 2017, mis à jour le 26 juin 2017

Toutes les semaines, nous vous proposons, en partenariat avec La Bouquinerie Le Liseron, de retrouver le goût de lire. Lémile, le moine qui ouvrit sa bouquinerie, n'a pas son pareil pour rendre les ouvrages qu'il présente contemporains. Avec humour et fantaisie, il arrive à faire le parallèle entre ouvrages d'hier et société moderne.

 

20H00 : Rituel du déchaussage de chaussures
20H00:01: Râle jouissif  
20H01 : Toujours en train de râler
20H02 : Toujours en train de râler
20H03 : Toujours en train de râler
20H04 : Questionnements existentiels entre deux râles « Mais pourquoi est-ce que je m'inflige encore ça? »? « Rhaaaa mais qui remet les allumettes cramées dans la boîte ? »? « Demain je mets des CROCS rien à foutre ! ».
Hébété, je contemple les boulets modernes au pied du lit.
Le travail c'est un peu comme cette histoire de chaussures... On doit en avoir mais on ne sait plus pourquoi.

Une étrange folie possède les classes ouvrières des nations où règne la civilisation capitaliste. Cette folie traîne à sa suite des misères individuelles et sociales qui, depuis deux siècles, torturent la triste humanité. Cette folie est l'amour du travail, la passion moribonde du travail, poussée jusqu'à l'épuisement des forces vitales de l'individu et de sa progéniture.

C'est ainsi que débute le célèbre « Droit à la paresse » de Paul Lafargue.

Fous, nous le sommes bien l'ami liseron! Car si l'on me demandait pourquoi diable est-ce que je me lève la gueule enfarinée à 5H00 tous les #@! de matins que Dieu fait pour aller rechausser mes chaussures d'homo-costarcravate, je serais comme le daufin phace aux filosofes de la réphorme de l'orthografe : j'en perdrai mon phrançais !

Poursuivons dans le bestiaire phantastique pour comprendre le jeu néo-liberalo-menthe à l'eau-capitaliste : la pholie du travail me phait penser à mon hamster Kaphka : plus il court plus ça tourne, plus ça tourne plus il court, plus il court?

Un poète grec du temps de Cicéron, Antiparos, chantait ainsi l'invention du moulin à eau (pour la mouture du grain) : il allait émanciper les femmes esclaves et ramener l'âge d'or :

« Épargnez le bras qui fait tourner la meule, ô meunières, et dormez paisiblement ! Que le coq vous avertisse en vain qu'il fait jour ! Dao a imposé aux nymphes le travail des esclaves et les voilà qui sautillent allègrement sur la roue et voilà que l'essieu ébranlé roule avec ses rais, faisant tourner la pesante pierre roulante: Vivons de la vie de nos pères et oisifs réjouissons- nous des dons que la déesse accorde »

Hélas ! Les loisirs que le poète païen annonçait ne sont pas venus ; la passion aveugle, perverse et homicide du travail transforme la machine libératrice en instrument d'asservissement des hommes libres : sa productivité les appauvrit.

Sommes-nous encore capable d'imaginer un monde sans travail ? Difficile n'est-ce pas ?! Marius, mon ami clochard en CDI, me disait l'ote jour en rigolant : « Le travail c'est la santé? eh ben je vais laisser ça aux gens malades alors ! »

Évidemment ! Si j'étais à sa place, assis toute la journée sur mon cul à regarder la valse à mille temps des passants, je me considérerais vite comme le seul sain d'esprit à la ronde.

Changer d'idée nous est si ardue que nous préférons persévérer dans la bêtise plutôt que de se donner tort. L'homme a d'étranges mécanismes non ? Il va donc s'aliéner à son idée première de travailler, et y ajouter de toute sa mauvaise foi : Perfectionner les outils de travail (ô dieu Progrès) ; produire une quantité de biens exponentielle sans qu'il soit jamais possible d'en consommer le quart du tiers de la moitié (l'important c'est que ça tourne Kaphka, alors court !) ; se prémunir contre toute idée censée subversive à l'Horlogerie des temps modernes par une police armée (pour le bien de ses concitoyens) ; inventer le crédit illimité pour toujours produire produire produire (Kaphka fait la machine à laver dans son vomi)  etc etc

Ami liseron, j'ai l'air de prendre cela à la légère, mais loin s'en faut !

Il faut lire le petit livre du « Droit à la paresse » de Paul Lafargue pour retrouver un peu de bon sens. C'est un vrai remède à la bêtise humaine, à l'amour honteux du travail. Aussi court que dense par ses analyses, ce chef d'?uvre vous (re)donnera le goût de paresser. Car que faisaient donc nos ancêtres à l'âge d'or de la paresse ?

Ils avaient des loisirs pour goûter les joies de la terre, pour faire l'amour et rigoler ; pour banqueter joyeusement en l'honneur du réjouissant dieu de la Fainéantise.

La Bouquinerie Le Liseron
Publié le 26 juin 2017, mis à jour le 26 juin 2017

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