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UN LIVRE, UNE HISTOIRE – L’art d’aimer d’Ovide

ovideovide
Écrit par La Bouquinerie Le Liseron
Publié le 22 mai 2017, mis à jour le 21 mai 2017

Toutes les semaines, nous vous proposons, en partenariat avec La Bouquinerie Le Liseron, de retrouver le goût de lire. Lémile, le moine qui ouvrit sa bouquinerie, n'a pas son pareil pour rendre les ouvrages qu'il présente contemporains. Avec humour et fantaisie, il arrive à faire le parallèle entre ouvrages d'hier et société moderne.


Hey mad'moizelle!
Tu m'passes ton 06 ?
Je suis docteur coccys...
Vas-y t'es moche et tu te crois belle !

Ce sont ces mots ailés qu'adressa le gros relou l'orateur Bouba sur son destrier volé en location longue durée, à l'élégante la sportive du dimanche bisextile, Samantha, dans son baggy, doudoune et bulle violette de chewing-gum re-meu-meu-chouillé gracieusement entre ses dents du bonheur.

Cette scène, ô émouvante pour tout poète des mirifiques cages d'escalier du 93, Ovide aurait pu nous la conter de sa verve prosaïque.

Ce Machiavel de l'amour nous livre un art d'aimer, où toutes les armes dont dispose l'homme pour séduire sa belle sont passées en revues. Mensonges compliments, voyeurisme attention, nudisme sont au rang des plus élogieuses trouvailles de l'amour courtois Ovidéen.

Qu'on ne s'y trompe guère, Ovide est oraculaire ! Précurseur dans des domaines aussi versicolores que sont le sadisme : « Chacun ne pense qu'a son plaisir et même celui que procure la douleur d'autrui à son charme. »

Du-gros-degueu-qui-se-frotte-à-toi-dans-le-métro : « [...]ce cirque, où se rassemble un peuple immense, est très favorable aux amours. Là, pour exprimer tes secrets sentiments, tu n'as pas besoin de recourir au langage des doigts, ou d'épier les signes, interprètes des pensées de ta belle. Assieds-toi près d'elle, côte à côte ; approche ton corps le plus possible du sien ; heureusement la dimension des places force les gens, bon gré mal gré, à se serrer, et les dispositions du lieu obligent la belle à se laisser toucher.
[..]Si, par un hasard assez commun, un grain de poussière volait sur le sein de ta belle, enlève-le d'un doigt léger ; s'il n'y a rien, ôte-le toujours : tout doit servir de prétexte à tes soins officieux. Le pan de sa robe traîne-t-il à terre ? Relève-le, et fais en sorte que rien ne le puisse salir. Déjà, pour prix de ta complaisance tes yeux verront des jambes qui en valent la peine. »

La filsdeputerie (hommage à la délicate formule de monsieur Emmanuel Barré) : « Dis : ? Bonne santé à celle que j'aime; bonne santé à celui qui partage sa couche?, mais souhaite intérieurement ?Mâle mort à son amant". »

Wesh monte sur ma mob !
On va faire le tour du bloc D sans prob
Vas-y, fait pas ta pute, montre ton string
J'ai du chichon à réveiller les morts comme Sting

La ressemblance avec le poète latin est stupéfiante, n'est-ce pas ?

C'est un manuel pratique de séduction qu'est « L'art d'aimer » et bien que certaines situations archaïques prêtent à sourire (comme d'aller courtiser sa belle aux jeux du cirque? Essayez un peu pour voir aujourd'hui entre deux klaxons de clown et un éléphant sur une bicyclette, de déclarer votre flamme à l'élue de votre coeur), il n'en demeure pas moins que les vues de l'auteur sur les jeux de l'amour n'ont pas pris une ride. « Les larmes également sont utiles : avec des larmes tu amollirais le diamant. »

On se plaît à imaginer notre boutonneux poète essayer son art sur les belles, comme un Gaston Lagaffe s'essaye pour la première fois au curling. Car à présent, il nous déclare avec une mâle assurance : « En me prenant pour guide, aucun homme ne s'égarera. »

Que cet ouvrage ai traversé les siècles est une grâce revancharde accordée à tous les appareils-dentaire-binoclard-maladroit-face-de-pizza de l'histoire de la drague.

« Souvent un visage muet a une voix et un verbe éloquent.
[...] Explique toi par des signes à double entente. »

Non Bouba... Crois moi ce signe n'a aucune double entente?

Ami Liseron, seul devant ton écran et ton paquet de kleenex, reprend courage, Ovide a tracé pour toi le chemin cousu d'or vers les harems biélorusse !

 

 

 

La Bouquinerie Le Liseron
Publié le 22 mai 2017, mis à jour le 21 mai 2017

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