Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

UN LIVRE, UNE HISTOIRE - La rue est mon église

La rue est mon égliseLa rue est mon église
Écrit par La Bouquinerie Le Liseron
Publié le 24 avril 2017, mis à jour le 1 mai 2017

 

Toutes les semaines, nous vous proposons, en partenariat avec La Bouquinerie Le Liseron, un ouvrage en rapport avec l'actualité, l'Océanie. La semaine dernière, le centre Macadam Partage, qui héberge et accompagne les sans-abri de Nouméa, a fermé volontairement ses portes dans la nuit de jeudi à vendredi. Un geste désespéré pour une situation désespérée. Présenter « La rue est mon église » de Guy Gilbert apparaît comme une évidence.


J'étais jeune, plein de foutre et d'hormones comme dit l'élégante formule. Je cherchais des hommes et des dieux à la providence de mes pérégrinations. Un jour, dans le Haut Var, j'embarque dans une caisse avec un illuminé du Bon Dieu me proposant d'aller rencontrer Guy Gilbert.

Gilbert qui ? Le gars des livres d'occasion ? Pas vraiment le nom des mystiques indiens de mes lectures d'alors.

Nous arrivons à la bergerie du Faucon. Havre de paix pour animaux et jeunes fauves délinquants des banlieues chaudes. C'est dans ce lieu que Guy Gilbert tente de redonner un visage humain aux oubliés, défigurés par la haine de nos sociétés carnassières.

« Tu ne sauras jamais Guy, tu ne peux pas savoir ce que c'est que de ne compter pour personne. »

Cinq ans plus tard, je viens de lire « La rue est mon église » et je suis stupéfait d'être passé à côté du saint loubard.

Quel choc à le lire ! Pourtant, il y a d'autres poids lourds dans la catégorie des insurgés de Dieu, comme un Abbé Pierre ou une S?ur Emmanuelle. Mais Guy Gilbert est encore différent. Un homme qui ne mâche pas ses mots quant à la réalité du monde comme il va. Oui, il est inique ce monde à la couronne de barbelé, mais Guy Gilbert a su durant toute sa vie faire face (maxime de Bernanos) au Mal, avec la foi profonde que rien ne résiste à la sincérité d'un c?ur qui aime sans juger ta couleur de peau, ta religion, tes actes désespérés pour trouver un peu de lumière au fond du trou?

A sa table, il bénit une grosse miche de pain dure. Autour de lui le cercle intimiste composé d'un musulman, d'une jeune athée, de mon illuminé et de mes incertitudes?

Il prêche un souvenir de son ancienne paroisse, où on lui rapporte qu'une de ses ouailles est morte seule? « Dans sa merde. »

Voilà ce qu'on fait de notre amour du prochain, un amour du lointain.

Il faut relire les livres de Guy Gilbert, quelque soit votre confession religieuse ou animiste, il vous touche.

Bien avant notre pape François, déjà canonisé par les fidèles de l'Église romaine, des années avant Guy Gilbert, un autre vivait et délivrait le message évangélique aux plus démunis, aux prisonniers, aux malfrats, aux paumés, aux réprouvés de nos charités bien ordonnées : « Aller à la rencontre de l'homme bafoué, humilié, piétiné sans lui imposer notre idéologie politique ou religieuse. C'est Jésus Christ qui me l'a appris. Le ferment révolutionnaire de l'Évangile vécu peut tout libérer, tout faire exploser, tout sauver. »

Le « père » aux cheveux longs, blouson de cuir et à la langue cloutée juste au c?ur, nous secoue par ses anecdotes trop vraies tout au long de ses livres. Pour dire l'amour comme il va dans le monde, pas en théologien, mais en apôtre des bas-fonds, là où nous dit-on le ciel se réjouit plus pour une brebis retrouvée que pour 99 justes.

Guy Gilbert redonne foi en l'homme, lisez-le comme on prend un café au matin d'une cuite sévère, pour ouvrir les yeux :
« Jésus se baladait avec douze pauvres cons, lourds, bouchés, sur les routes de Palestine, c'était ça son Vatican, sa cour, ses gardes du corps, ses nonces? »

Le temps a passé, mais pourtant je n'ai pas oublié la simple réponse du vieux bikeur à ma question d'alors :

- Comment faites-vous pour aider tous ces gens ?

- J'essaye de trouver pour quoi ils sont fait.



 

La Bouquinerie Le Liseron
Publié le 24 avril 2017, mis à jour le 1 mai 2017

Flash infos