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ENVIRONNEMENT - Le droit, un outil indispensable pour faire face aux changements environnementaux

Écrit par Lepetitjournal Nouvelle-Calédonie
Publié le 22 mars 2017, mis à jour le 22 mars 2017

 

Les avancées scientifiques sont nécessaires pour faire progresser le développement durable et humain. Le droit et l'information du public, des citoyens devraient permettre de soutenir cette progression.


Des institutions sont vouées à ces avancées au travers de l'étude de la biodiversité. L'Institut de Recherche et Développement (IRD) en est certainement un des plus connus du public, notamment en Nouvelle-Calédonie.

L'IRD est un établissement public français placé sous la double tutelle des ministères de l'Enseignement supérieur et de la Recherche et des Affaires étrangères et du Développement international. Il porte une démarche originale de recherche, d'expertise, de formation et de partage des savoirs au bénéfice des territoires et pays qui font de la science et de l'innovation un des premiers leviers de leur développement.

Le centre de Nouméa a été créé en 1946. Il héberge quinze unités de recherche, soit un effectif d'environ 125 personnes.
Ses activités de recherche répondent aux demandes des partenaires publics sur les thématiques suivantes : écosystèmes et ressources naturelles marines et terrestres, changement climatique et aléas naturels, enjeux sociétaux et santé.

En mai dernier, une conférence, animée par Victor DAVID, chargé d'Études au Centre IRD de Nouméa, a été organisée sur les aspects juridiques dans les changements environnementaux en Nouvelle-Calédonie. Elle s'articulait autour de 2 parties :

?    la première étant la situation environnementale et les perspectives.
?    la seconde concernait les aspects juridiques avec un focus sur la Charte constitutionnelle de l'environnement française, et en particulier l'article 7 de cette charte.

Le droit à l'information environnementale

L'article 7 donne à toute personne le droit à l'information environnementale et le droit de participer à l'élaboration des décisions publiques ayant une incidence sur l'environnement. Cet article a été transposé dans le droit calédonien. Toutefois, il n'est pas appliqué de la même façon d'une province à l'autre. La Nouvelle-Calédonie étant un petit territoire, une uniformisation du droit et de la réglementation en matière d'environnement apparaît comme une évidence. Compte-tenu de sa nature, l'article 7 pourrait constituer la première modification de la loi organique en vue d'une application commune de ce dernier, puisque notre petit Pays tend vers le « destin commun ».

Sur la base de cet article, l'IRD a développé un outil très intéressant donnant à la population la possibilité de participer à la mise en place de mesures en vue de se préparer et d'anticiper les changements environnementaux qui sont déjà en marche, comme la montée des eaux qui constitue l'une des préoccupations principales dans les îles du Pacifique. Cet outil a pour but non seulement de sensibiliser la population mais aussi de la former à être partie prenante des décisions citoyennes. Il est parfaitement aligné avec la devise du Pays : « Terre de parole, terre de partage ».

 

Une cartographie participative

L'outil, mis au point par les équipes de l'IRD, a déjà été testé dans des exercices bien particuliers à Ouvéa, dans les Iles Loyautés, ainsi que dans d'autres îles du Pacifique.

La méthodologie utilisée doit permettre aux populations de mettre en place des solutions en prévention de catastrophes naturelles et de changements environnementaux. Chacun devient alors acteur dans l'élaboration de ces solutions en y apportant ses connaissances, son expérience, son vécu, ses observations, son ressenti, sa vision d'avenir. C'est l'occasion d'échanger en vue d'arriver à des solutions décidées en commun entre les populations et les institutions.

Une façon très pratique et ludique d'arriver à ce résultat a été de réunir les gens autour de la cartographie participative.

La population d'Ouvéa a fait l'expérience de la création d'une carte en 3D à partir de matériaux de récupération (cartons, planches en bois, etc?). L'objectif de cette carte était d'identifier les zones qui allaient être impactées par la montée des eaux dans les années à venir (les premiers signes étant déjà là), afin de mettre en ?uvre les solutions qui s'imposent ; à savoir, entre autres, la relocalisation d'une partie de la population en prenant en compte toutes les conséquences que cela peut avoir au niveau logistique, coutumier avec le problème du foncier, etc?

Bref, une réorganisation complète du territoire en prévision de cette montée des eaux. Certains ont vu dans cette carte 3D un outil permettant aussi de localiser les personnes handicapées, de mettre en place des procédures d'évacuation en cas de catastrophe naturelle par exemple. Des voies d'accès ont été également découvertes par les équipes d'urgences leur permettant d'améliorer leur efficacité en cas d'intervention.

Aujourd'hui, la population d'Ouvéa s'est totalement approprié cet outil. Le rôle de l'IRD a été de les guider dans cette démarche et au final ce sont les personnes elles-mêmes qui ont trouvées les solutions.

La cartographie participative a, par ailleurs, déjà été utilisée dans d'autres îles d'Océanie telles que les Îles Marshall, Tuvalu, Kiribati et Tuamotu.

 

Le projet de barrage sur Pwëbuu (Pouembout)



Face au déficit en eau sur la zone VKP, la province Nord a décidé de renforcer la ressource en eau de la zone en se dotant d'un barrage à usages multiples. En raison de difficultés d'ordres juridiques et administratifs rencontrées en fin de phase 1 de l'étude, la mission d'assistance à maîtrise d'ouvrage pour le barrage a été suspendue quelques temps. Les études vont reprendre, les rencontres avec la population également.

Un barrage, quelle que soit sa taille, a inévitablement un impact environnemental et peut engendrer des modifications importantes en termes de réaménagement du territoire. Il y a tout d'abord la zone directement impactée par le stockage de l'eau mais aussi le passage des canalisations et les exploitations agricoles qui pourront se connecter. En cas de très fortes pluies, le niveau peut atteindre les seuils de sécurité nécessitant des lâchés dont la quantité d'eau peut être conséquente et créer une érosion prématurée. Il ne faut pas oublier non plus les terres coutumières qui pourront être impactées d'une façon ou d'une autre.

Autant de questions et problématiques qui peuvent être identifiées, abordées et traitées en y impliquant les populations de la région, qui connaissent particulièrement bien leur environnement et qui pourront ainsi avoir la satisfaction d'avoir pu contribuer directement au développement et à la protection de leur territoire. L'utilisation de la cartographie participative de l'IRD pourrait être un garant de la réussite de la réalisation de ce futur barrage et permettrait d'appliquer entièrement l'article 7 la Charte constitutionnelle de l'environnement.

David Rizet-Blancher (www.lepetitjournal.com/nouvelle-caledonie) ? jeudi 23 mars 2017



En savoir plus :
https://nouvelle-caledonie.ird.fr
http://barrage-pouembout.nc/

 

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Publié le 22 mars 2017, mis à jour le 22 mars 2017

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