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YANNICK JAN - Le succès n’est pas final, l’échec n’est pas fatal

Écrit par Lepetitjournal Nouvelle-Calédonie
Publié le 23 mai 2017, mis à jour le 23 mai 2017

 Yannick Jan, l'auteur du roman « L'écrivain », a accepté de répondre aux questions du Lepetitjournal.com Nouvelle-Calédonie. L'exercice fut intéressant puisqu'il s'est fait par écrit. Une jolie manière de découvrir le style d'écriture d'un auteur. Et celui-ci est vraiment agréable.

Lepetitjournal.com Nouvelle-Calédonie : Êtes-vous originaire de Nouvelle-Calédonie ? Si oui, quels sont vos souvenirs « Madeleine de Proust » ? Si non, depuis quand êtes-vous installé ici et qu'est-ce qui vous y a amené ?
Yannick Jan : Je suis né et j'ai vécu à Paris jusqu'à l'âge de 12 ans. J'ai suivi mes parents en 1985 à qui on avait proposé un emploi en Nouvelle-Calédonie. Je ne suis jamais reparti.
J'ai directement intégré le collège de Rivière Salée à Nouméa dont je garde d'excellents souvenirs. Je me sens chez moi ici. Les « palets » bretons me ramènent systématiquement à la Bretagne et tout particulièrement au port de Saint-Goustan à Auray avec ma grand-mère.
 
LPJNC : Depuis quand écrivez-vous ? Est-ce votre premier ouvrage ?
YJ : J'ai commencé à écrire vers 14 ans, des poésies, des petites nouvelles et je n'ai pas arrêté depuis. C'est une passion que j'ai depuis l'enfance, tout comme la musique que je pratique.
J'ai quelques manuscrits dans mes cartons dont une trilogie d'héroïque fantasy et des dizaines de poèmes. Je les publierai en temps voulu.
 
LPJNC : Quel est votre métier premier ? Comment conciliez-vous votre métier et votre travail d'écriture ?
YJ : J'ai consacré presque 20 ans de ma vie auprès des quartiers dans les communes du Mont Dore, Dumbéa et Nouméa à faire vivre et animer les cités. La vie des quartiers est passionnante et j'en garde un excellent souvenir, que ce soit le service culture du Mont Dore, la Maison du temps libre de Dumbéa (renommée la maison de la jeunesse) ou le service vie des quartiers de la ville de Nouméa.
Je m'occupais de la jeunesse, de l'animation, des maisons de quartiers, de la vie associative,  de l'insertion sociale et professionnelle des jeunes. Les maisons municipales sont fondamentales. Elles permettent à de nombreux jeunes (et moins jeunes) d'y trouver une place, d'avoir un repère et d'être un lieu d'accueil pour permettre à toutes les populations de se rencontrer et d'échanger. Ce sont des lieux neutres, intergénérationnels et interculturels.
J'y ai rencontré beaucoup de jeunes autodidactes dans différents domaines que ce soit la peinture, le théâtre, la musique, la danse ou le sport. Ils mériteraient d'être encore plus soutenus. Faire émerger de nouveaux talents et valoriser leurs expériences sont des pas fondateurs vers la reconnaissance sociale, familiale, professionnelle et personnelle.
Notre jeunesse réussit à 95 % en Nouvelle Calédonie, il faut s'appuyer sur ses forces vives.
C'est un travail difficile, fastidieux et je salue les animateurs, les éducateurs, travailleurs sociaux qui font ce métier au quotidien. C'est un travail de longue haleine qui peut être parfois peu valorisant, voire stigmatisant, mais qui permet à bien des situations d'être apaisées ou dés-enclenchées. Ce travail est peu visible.
On doit démultiplier nos efforts pour les soutenir et favoriser les métiers liés à la proximité.
Aujourd'hui, c'est difficile de consacrer son métier et son travail d'écriture car il faut du temps et de la tranquillité. Malheureusement, peu d'écrivains ici ou ailleurs vivent de cette passion.
Personnellement, j'aime écrire la nuit entre 3 h et 5 h du matin.
 
LPJNC : Quel regard portez-vous sur la littérature océanienne, calédonienne et la place laissée aux auteurs ?
YJ : Ses dernières années, je trouve que nous avons plus de choix, plus de diversité au niveau de la littérature océanienne et calédonienne pour tous les âges et tous les styles.
La difficulté, aujourd'hui, est de rendre accessible et visible aux calédoniens, les romans, les livres jeunesses, les bandes dessinées écrits par tous les auteurs calédoniens. Les collectivités, les établissements du primaire, du collège et secondaire sont des vecteurs de transmissions, de connaissances et d'échanges. Je pense que les auteurs calédoniens doivent maintenant être inscrits dans les programmes. On doit créer plus d'instance d'échanges, de rencontre dans les établissements scolaires avec les auteurs, les élèves et les professeurs. Il y a de très bons romans qui peuvent être étudiés par les élèves.
C'est un enjeu double car l'investissement des établissements scolaires ou des collectivités dans des auteurs calédoniens va permettre d'accroître la filière livre et donc de favoriser de nouvelles éditions et d'avoir de nouveaux auteurs émergeant ou reconnus. C'est un cercle vertueux : chacun peut apporter sa contribution à l'édifice. Faire naître de nouveaux talents et permettre à notre jeunesse de mieux connaître notre culture littéraire locale. On mesure la richesse d'un pays à sa culture et on doit être fière de la nôtre. Il faut qu'elle soit portée et soutenue à tous les niveaux. C'est la première pierre à poser.
Laisser plus de places aux auteurs, c'est aussi mieux les accompagner dans toutes les étapes de l'écriture du roman jusqu'à la distribution et la promotion. On doit plus  favoriser l'émergence de prix littéraires dans tous les styles et permettre à ceux qui ne gagnent pas d'être soutenus dans cette démarche d'accompagnement pour l'année suivante.
Des ponts sont aussi à construire avec les éditeurs nationaux et engager des discussions avec le ministère de la culture permettrait un véritable partenariat pour soutenir, promouvoir et vendre notre « culture » que ce soit pour les auteurs, musiciens, plasticiens?
On doit bien évidement laisser plus de places aux auteurs calédoniens !


 
LPJNC : Pouvez-vous nous parler un peu de votre livre ?
YJ : C'est l'histoire d'un écrivain parisien qui va connaître un succès fulgurant, ce qui va réveiller en lui de profonds doutes malgré le soutien de sa famille. Cela va le projeter dans son passé qu'il a fui depuis l'enfance et le mettre face à ses propres choix.
A travers ce roman, j'ai souhaité aborder des thématiques sur le regard des autres, sur la victimisation, sur l'image que l'on peut avoir de soi et l'esprit qui est en perpétuel activité laissant peu de place au silence.
J'ai voulu proposer un voyage géographique, temporel et y apportant une touche onirique et mystérieuse pour la part d'inconscience que nous avons tous en nous.
 
LPJNC : Où peut-on se le procurer ?
YJ : On peut se le procurer dans toutes les librairies et grandes surfaces en Nouvelle-Calédonie, ou je peux l'envoyer via mon adresse mail : yannick.jan687@gmail.com
Il est également disponible sur l'e-book en version numérique.
On le trouve également chez Calédolivres, la seule librairie à consacrer tout son espace aux auteurs Calédoniens et Océaniens. C'est assez rare pour le souligner et pour les soutenir.

LPJNC : Un autre roman à venir ? D'autres projets ?
YJ : Mon prochain livre sera destiné à la jeunesse sous la forme d'un album pour les 8-14 ans. Je travaille avec un illustrateur et il devrait sortir début 2018. C'est une série qui sera consacrée aux légendes du monde pour permettre aux enfants calédoniens de découvrir un pays et ses personnages légendaires.
J'ai aussi commencé à écrire un deuxième roman. J'ai fini le squelette du livre et je vais m'attaquer à l'écriture. J'espère le finir d'ici un an.  

LPJNC : Quelle phrase vous définit le mieux ?
YJ : « Le succès n'est pas final, l'échec n'est pas fatal : c'est le courage de continuer qui compte. » Winston Churchill.  


Propos recueillis par Claudia Rizet-Blancher (http://www.lepetitjournal.com/nouvelle-caledonie) ? mercredi 24 mai 2017


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Publié le 23 mai 2017, mis à jour le 23 mai 2017

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