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FEMMES AUTOCHTONES - Violence, disparitions ou assassinats

FEMMES AUTOCHTONES montréalFEMMES AUTOCHTONES montréal
Écrit par Lepetitjournal Montreal
Publié le 22 septembre 2014, mis à jour le 8 février 2018

La liste des disparues et des victimes de meurtre parmi les femmes autochtones ne cesse de s'accroître au point ou des groupes font pression pour que le gouvernement canadien crée une commission d'enquête. Des manifestations publiques ont lieu partout au pays. Plus récemment, des militants ont entrepris de mobiliser la population en prenant d'assaut les médias sociaux.

 

La violence règne dans les réserves amérindiennes et les femmes en sont victimes. Les taux importants d'alcoolisme et de toxicomanie viennent influencer ce constat. 

Selon une enquête réalisée par Statistiques Canada en 2009, 54% des femmes autochtones disaient avoir été victimes de formes de violence physique ou sexuelle au foyer. À partir de l'âge de 15 ans, ces femmes avaient 3.5% fois plus de chance que la moyenne nationale de faire face à de tels traitements. 

De 1997 à 2000, le nombre de femmes autochtones disparues ou tuées était 7 fois plus élevé chez elles que pour les non-autochtones de sexe féminin. Ces autochtones ont 5 fois plus de chance que les autres de mourir à la suite d'actes de violence. 

Une question de racisme ?

Lorsque l'une d'entre elles perd la vie ou est portée disparue, il semble y avoir moins d'actions entreprises par la police et la justice afin de les retrouver ou d'élucider leur meurtre que pour les autres citoyens canadiens.

De 1983 à 2002, le tueur en série Robert Pickton sévissait dans la région de Vancouver. Il avait pris l'habitude de trouver ses victimes féminines dans le Downtown Eastside, un quartier difficile de la ville où résident bons nombres de toxicomanes, de malades mentaux et de prostituées. Les femmes qui détenaient le ''statut d'indien'' étaient sur-représentées parmi les victimes de Pickton.

Les policiers ne prenaient pas au sérieux les disparitions puisqu'ils prétendaient que ces femmes étaient instables et qu'elles allaient revenir vivantes après quelques jours. Au total, quelques dizaines de femmes ont été retrouvées mortes ou portées disparues avant que le service de police ne commence une enquête. Pourtant, lorsqu'une femme blanche était manquante dans un autre secteur de la ville mieux nanti, la population et la police se mobilisaient immédiatement. 

Au même moment, la ville de Vancouver dépensait des sommes faramineuses pour faire de leur ville une candidate pour les jeux olympiques de 2010. Le développement des infrastructures de la ville a coûté des sommes importantes aux Vancouverois ainsi qu'aux gouvernements provincial et fédéral. 

L'Autoroute des larmes

Un autre cas intéressant est celui des femmes tuées ou portées disparues le long de l'Autoroute 16, surnommée l'Autoroute des larmes qui parcourt le long des prairies canadiennes jusqu'à la Colombie-Britannique. Depuis 1969, 18 femmes ont été retrouvées assassinées et plusieurs autres manquent à l'appel. Presque toutes les victimes étaient d'origines autochtones.

En 2006, la cinéaste Christine Welsh réalisait le documentaire Finding Dawn, dans lequel elle y interrogeait les proches de ces femmes et des activistes sociaux. Dans ce segment du film, elle faisait de malheureux constats en lien avec ces autochtones.

Il y était exposé que celles-ci habitaient les villes et réserves longeant l'autoroute. Elles faisaient presque toutes de l'auto-stop la dernière fois qu'elles ont été vues vivantes. Généralement, elles étaient pauvres et ne possédaient pas de voiture. Comme elles habitaient des lieux éloignés des grands centres avec peu de services offerts aux citoyens ou commerces, elles utilisaient ce moyen pour voyager d'un endroit à l'autre. 

Suites à ces meurtres et disparitions multiples, peu d'actions concrètes ont été prises par le gouvernement afin d'améliorer la sécurité sur l'Autoroute des larmes ni pour retrouver les femmes disparues. Les proches de ces femmes réclament toujours des changements mais le gouvernement fait la sourde oreille.  

Une commission d'enquête 

L'histoire de Robert Pickton et celle de l'Autoroute des larmes sont des exemples qui ont attiré l'attention des médias. La plupart des meurtres et disparitions sont restés sous silence médiatique tellement ils étaient communs pour les communautés autochtones. Au total, l'Assemblée des Premières nations estime que 600 femmes autochtones ont été assassinées ou portées disparues au cours des 2 dernières décennies. 

Accompagnée de quelques groupes, l'Assemblée réclame que le gouvernement canadien de Stephen Harper mette en place une commission d'enquête pour expliquer ces phénomènes. Jusqu'à maintenant, Harper refuse toujours et prétexte que ce sont des crimes et non un problème de société. 

Pourquoi faire une enquête ? 

Les représentants des groupes de pression affirment pour leur part que derrière les crimes se cachent des drames sociaux qui affligent les Premières nations. Une commission d'enquête pourrait mettre au clair ces réalités quotidiennes et proposer des solutions.

En acceptant de faire une enquête, le gouvernement devra agir suite aux recommandations de cette commission. Cela veut dire qu'il devra investir massivement dans un plan national pour combattre ces fléaux qui contaminent les autochtones. 

Les groupes qui appuient la mise en place d'une commission d'enquête croient que le gouvernement de Harper ne veut pas se plonger dans les dépenses. Donc, il préfère prendre ces meurtres et ces disparitions pour des crimes ordinaires.

Émilie Collin, (Lepetitjournal.com/Montréal) Lundi 22 septembre 2014 

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Publié le 22 septembre 2014, mis à jour le 8 février 2018

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