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UN JOB AU QUÉBEC - L’état du marché du travail au Québec

Écrit par Lepetitjournal Montreal
Publié le 18 mars 2015, mis à jour le 18 mars 2015

 

Elaine Vieira Ramos, conseillère en intégration professionnelle auprès du gouvernement du Québec et experte en gestion de carrière répond à vos questions concernant le secteur de l'emploi au Québec.

Alors que le taux de chômage atteint 11,6% au sein de la population immigrante, le gouvernement du Québec lance une large opération de consultations publiques, en vue de refonder son modèle d'immigration en l'articulant sur un processus plus efficace de sélection et d'intégration des immigrants au marché du travail. Dans ce contexte, nous avons voulu faire le point avec notre experte en gestion de carrière, Elaine Vieira Ramos, sur l'état du marché du travail québécois et les défis rencontrés par les nouveaux arrivants dans leur démarche de recherche d'emploi.

Elaine Vieira Ramos, experte en gestion de carrière

Mme Vieira Ramos est Conseillère en intégration professionnelle auprès du gouvernement du Québec. Elle fait par ailleurs du coaching individuel en gestion de carrière en pratique privée. Forte de son expérience en contact direct avec les demandeurs d'emploi, notre experte procure des conseils et des recommandations tant sur le plan individuel qu'institutionnel.

 

Quels sont les secteurs d'activité qui recrutent actuellement au Québec?

Dans l'ensemble du Québec, les secteurs d'activité et les professions les plus en demande actuellement sont : les postes administratifs (secrétaire, adjoint de direction), les ressources humaines (conseiller en recrutement), la santé (infirmière, infirmière auxiliaire et orthophoniste), les ventes/service à la clientèle et les finances.

 

Quelles sont les qualifications les plus recherchées par les entreprises québécoises?

Les qualifications les plus recherchées sont une combinaison de savoir (formation, expérience) et surtout de savoir-être (entregent, capacité d'adaptation, communication). En terme de niveau d'études, une Attestation en études collégiales (AEC) ou un Diplôme d'études collégiales (DEC) est requis dans le secteur de la santé et le secrétariat par exemple. Le niveau Baccalauréat (licence) ou Maîtrise universitaire est exigé dans les autres domaines comme les ressources humaines et la finance.

 

Le bilinguisme français-anglais est-il systématiquement requis par les employeurs québécois?

En région québécoise non, mais à Montréal oui, parce que les entreprises y font généralement affaires avec les Etats-Unis, le reste du Canada anglophone et d'autres pays étrangers. De plus, une grande partie des habitants de Montréal sont allophones.

 

Quel est le salaire brut moyen au Québec? Y'a-t-il un salaire minimum légal?

Les salaires varient selon les professions, la formation et l'expérience des employés. En moyenne, les salariés gagnent entre 30 000$ et 60 000$ (dollars canadiens) par an. Le salaire minimum est fixé actuellement à 10,35$ de l'heure.

 

Sur quelle base repose la politique d'augmentation des salaires au sein des entreprises?

Les augmentations salariales se font annuellement selon le taux d'inflation et en fonction de la politique salariale de chaque entreprise. Un employé peut donc obtenir une augmentation de salaire, une prime ou un bonus en accord avec son évaluation annuelle.

 

De par vos fonctions au sein du Ministère de l'emploi et de la solidarité sociale, vous rencontrez un grand nombre de travailleurs étrangers qui recherchent un premier emploi au Québec. Quelles sont les erreurs les plus fréquentes commises par ces nouveaux arrivants?

Le plus souvent, ils n'ont pas de connaissances sur le mode de fonctionnement du marché du travail au Québec. Ils ont tendance à ?imiter? les façons de faire dans leur pays d'origine et leurs attentes ne sont pas réalistes.

 

Quels conseils leur donneriez-vous afin qu'ils évitent les écueils et les faux pas dans leurs premières démarches de recherche d'emploi?

Se préparer! La première chose c'est d'accepter qu'ils sont dans un autre pays, dans une province française du Canada et qu'il faut s'adapter aux exigences et aux façons de faire d'ici. Il faut faire des recherches, prendre le temps d'explorer et de s'essayer dans le marché du travail, chercher de l'aide des conseillers en emploi dans les organismes pertinents, ne pas avoir honte ou peur de se tromper et, surtout, se donner du temps. La première année d'un nouvel arrivant est vraiment une année d'adaptation.

 

Vous exercez parallèlement la profession de Coach en gestion de carrière en pratique privée. Concrètement, comment assistez-vous les candidats à l'emploi ou au changement de carrière?

En leur donnant beaucoup d'informations et d'outils pour qu'ils fassent eux-mêmes leurs recherches et en tirent leurs propres conclusions. Ainsi, au fur et à mesure, je les guide dans un chemin et un choix professionnel qu'ils auront explorés et acceptés. C'est-à-dire qu'ils seront conscients des avantages, des inconvénients et du parcours à suivre pour réussir.

 

La rédaction du CV doit-elle se conformer à des codes et des normes spécifiques au marché du travail québécois?

Tout à fait. Les employeurs québécois ont du mal à interpréter des informations et des acronymes qui ne leur sont pas familiers. Cela veut dire que les candidats doivent adapter la façon de présenter leurs compétences, de rédiger les tâches accomplies et de nommer leur formation académique selon les normes québécoises.

 

Selon Statistique Canada, le taux de chômage au Québec à 7,5% est supérieur au taux enregistré dans le reste du Canada à 6,6%, et il atteint 11,6% chez les nouveaux arrivants. Comment expliquez-vous ce décalage?

Le marché du travail au Québec est un peu plus complexe que celui du reste du Canada. D'abord, il faut considérer que la plupart des immigrants s'installent à Montréal et non pas en région. De ce fait, la demande est beaucoup plus importante que l'offre bien que les principales entreprises soient basées à Montréal.

Aussi, il y a un décalage entre la qualification des immigrants (soit très diplômés, soit sous-scolarisés) et les besoins des employeurs (la grande majorité des entreprises à Montréal sont des PME). Finalement, la demande du bilinguisme rend plus difficile l'insertion des professionnels venus des pays francophones.

 

Quelles sont les catégories de population les plus touchées par le chômage?

La population immigrante, de moins de 5 ans au Québec, et les personnes âgées de 50 ans et plus.

 

Quelles sont vos préconisations pour une meilleure préparation des candidats à l'immigration au Québec, en amont, alors qu'ils se trouvent encore dans leur pays d'origine?

Encore une fois, la préparation est fondamentale. Immigrer dans un autre pays est un gros projet et il ne faut pas le prendre à la légère. Oui, le phénomène ?chance? peut aussi arriver, mais une bonne préparation évitera bien des erreurs et des frustrations.

Depuis leur pays, les candidats à l'immigration peuvent avoir recours à de nombreux outils tels que :

- la francisation et les cours d'anglais (en ligne ou dans un centre)

- la demande d'équivalence des études (surtout pour les professions régies par un ordre professionnel)

- l'information sur le marché du travail

- la recherche d'emploi

 

Et sur le plan gouvernemental ou institutionnel, que recommandez-vous afin d'optimiser l'intégration des immigrants au marché du travail québécois?

En 2015, les gouvernements fédéral et provincial vont réviser les critères de sélection des candidats à l'immigration. En gros, ils visent un meilleur arrimage entre les profils professionnels et les offres d'emploi disponibles. Cela évitera, bien évidemment, un délai trop long d'adaptation de l'immigrant ainsi qu'une hausse du taux de chômage.

Actuellement, les initiatives pour faciliter l'intégration des immigrants dans le marché du travail se font dans les organismes spécialisés en employabilité, dans le réseau communautaire et dans les centres de formation locaux. Cependant, des initiatives intéressantes pourraient aussi être développées dans les pays étrangers. Par exemple :

1) détacher du personnel dans les ambassades et consulats canadiens pour présenter de façon plus approfondie la réalité du marché du travail;

2) monter des partenariats avec des institutions d'enseignement afin d'adapter ou mettre à jour la formation des candidats, ainsi qu'obtenir une reconnaissance officielle de leurs acquis et compétences avant leur arrivée au Canada.

Tous les efforts, aussi bien de la part des candidats que des institutions et du gouvernement, sont valables pour harmoniser la qualité de vie professionnelle et sociale des futurs immigrants.

 

 

 

La Rédaction, (Lepetitjournal.com/Montréal) Jeudi 19 mars 2015

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Publié le 18 mars 2015, mis à jour le 18 mars 2015

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