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STEPHANE MYR - "L'expatriation, ça vient te chercher et ça te transforme!"

Écrit par Lepetitjournal Montreal
Publié le 21 octobre 2014, mis à jour le 21 octobre 2014

A 40 ans et alors qu'il embrasse une brillante carrière de manager dans une société de services informatiques parisienne, Stéphane Myr décide de tout lâcher pour s'installer à Montréal. Aujourd'hui, il aide les Français à immigrer au Québec. Portrait d'un humaniste qui a troqué sa confortable petite vie pour réaliser son rêve : devenir le trait d'union entre deux cultures.

 

Un pied en France, l'autre au Québec. Une partie de l'année à Montréal, l'autre à Paris. Partagé entre son désir profond de Québec et ses racines latines, Stéphane a trouvé l'équilibre entre les deux. "Les gens me demandent souvent de faire un choix entre la France et le Québec, moi j'ai choisi l'un et l'autre", sourit-il. Ainsi, il y a trois ans, il crée son agence de conseil, à cheval entre les deux pays. Son idée, aider les jeunes français et les moins jeunes à s'installer au Québec et à y trouver un emploi. En lien avec les entreprises québécoises qui cherchent à recruter en France, il opère la jointure avec les Français qui débarquent dans la Province sans bien connaître les codes du marché du travail, se définissant comme un "facilitateur". "Québécois et Français, nous parlons la même langue et pourtant nous avons des difficultés à nous comprendre, constate Stéphane. Les Français ne se vendent pas de la bonne manière sur leur CV ou lors d'un entretien d'embauche. Et puis trop souvent, ils vont d'abord exprimer les choses de manière négative, alors que les Québécois sont dans l'état d'esprit inverse, à savoir toujours positifs." Des détails en apparence, mais qui peuvent s'avérer décisifs lors de la recherche d'emploi. "Par exemple, le Français a été éduqué de telle sorte qu'il ne prend pas toujours le temps d'écouter l'autre et se sent obligé de donner son avis sur tout. Un travers très marqué, souvent perçu comme un jugement de la part des Québécois". Pour y remédier et accompagner PVTistes et autres nouveaux arrivants, Stéphane met à leur service son expertise, fruit de longues années d'expérience pour le moins marquantes.

Ulcère, congés sabbatiques et révélations
A 22 ans,fraichement diplômé d'une école d'ingénieur, le natif de Montreuil passe un premier entretien d'embauche dans une société de services informatiques à Paris. Où pensez-vous être dans cinq ans ? "A votre place !", répond-il au directeur avec la fougue de la jeunesse. Embauché, il mettra un peu plus de temps, soit près de 10 ans, pour y arriver. Mais Stéphane a désormais le job en or, directeur de 70 personnes dans une agence en plein boom. Et puis patatra, après 20 ans de boite, "ça m'a cramé !". Rythme infernal, ulcère, le jeune manager décide de couper et de prendre un congé sabbatique de six mois pour voyager et se ressourcer. Destinations : le Brésil, le Maroc et les îles grecques. "J'étais un manager reconnu, j'explosais mes objectifs... Mais lors de ce voyage, j'ai compris que je n'étais rien. Ce fut une révélation." De retour dans l'hexagone, le divorce avec sont job est inévitable. Puis, une conversation avec un ami français s'expatriant au Canada joue le rôle de déclic. Stéphane a 40 ans lorsqu'il décide de faire ses valises et de venir s'installer à Montréal, "une ville fascinante par sa diversité".

Ici, tout lui sourit. Un mois à peine après son arrivée, il est embauché à la Banque National où là encore il se réinstalle dans un confort de vie des plus agréables. "Mais les choses importantes m'ont très vite rattrapé : le manque de la famille, des racines françaises...". Au bout de 7 ans, il reprend un congé sabbatique et retourne en France pour faire le point. Un nouveau retour aux sources révélateur : "J'adorais mon travail à la banque, mais j'avais l'impression d'être un hamster qui fait tourner la roue. En réalité, je me sentais inutile et au fond de moi, je savais que je n'étais pas venu ici pour faire ça".


"Osez ! Et n'ayez aucun regret"
Il y a trois ans, Stéphane décide de tout lâcher à nouveau et de sauter le pas en créant son entreprise de conseil dans le but de remettre l'échange et les relations humaines au centre de sa vie. Son objectif, aider les expatriés, comme une sorte de juste retour pour ce que le Québec lui a offert. "L'expatriation n'est pas une chose naturelle. Ça vient te chercher et ça te transforme ! C'est un véritable moteur qui t'évite de t'endormir sur tes certitudes." Une philosophie de vie qui semble rajeunir ce tout jeune cinquantenaire, bien loin de faire son âge. Le regard pétillant, rasé de près et le sourire jusqu'aux oreilles, Stéphane est à nouveau en phase avec lui même et cela se lit sur son visage humble et discret. "Il y a eu des moments difficiles où je me disais ''Mais qu'est ce que tu fais là ?'', parce que l'affectif était quand même en France. Mais maintenant je suis très heureux, je n'ai aucun regret. Ici, il faut oser. Alors osez ! Et n'ayez aucun regret...".

Thibault Girardet (Lepetitjournal.com/Montréal) Mercredi 22 octobre 2014

 

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Publié le 21 octobre 2014, mis à jour le 21 octobre 2014

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