Genevieve Xhaet est une jeune et talentueuse créatrice de mode de 34 ans. D'origine Italo-belge, née à Bielle dans le Piémont, Genevieve crée et dessine toutes sortes de couvre-chefs : bandeaux, chapeaux, bonnets et tout particulièrement des turbans. Nous l'avons rencontré dans son atelier-bureau de Milan en pleine préparation pour la présentation de sa collection à Paris.
Le Petit Journal (LPJ) : Quel est ton juron, gros-mot ou blasphème favori ?
Genevieve Xhaet (GX) : Cazzo, je trouve que ce mot a un je ne sais quoi d'élégant.
Inutile de préciser qu'en matière d'élégance Genevieve est experte. Son idéal féminin n'est rien d'autre qu'« un cocktail mélangé au shaker, pas à la cuillère (comme dirait James Bond) de Zelda Fitzgerald, Chloe Sevigny et Dorothy Parker ». Après 10 ans à travailler pour d'autres créateurs tels Jil Sander, Malo, Tom Ford ou Barbisio elle décide de voler de ses propres ailes et crée la marque Flapper. L'aventure commence en 2013. La marque Flapper est alors minuscule et compte initialement qu'une dizaine de modèles. Flapper a depuis fait son chemin et est aujourd'hui vendu en France, Suisse, en Extrême Orient et dans les Galeries La Fayette d'Asie. Une auto-définition ? « Je me sens proche de Zelda Fitzgerald auteur de Eloge de la Garçonne et de la phrase “She refused to be bored chiefly because she wasn't boring.” [Elle refusait de s'ennuyer surtout parce qu'elle n'était pas ennuyeuse.] Une phrase révélatrice qui en 1990 inspira également le duo britannique électro-pop Pet Shop Boys. Ils lui rendirent hommage dans un de leur plus grand single : Being Boring qui citant de Zelda dit : “She said. ‘We were never feeling bored / ‘Cause we were never being boring / We had too much time to find for ourselves”».
Collection 2016/2017
(LPJ) : Et Sinon, le mot que tu préfères ?
(GX) : Flapper! Flapper est un mot argotique décrivant une jeune femme qui vient de devenir femme. Le mot fait référence au battement d'ailes du petit oiseau à l'instant où il apprend à voler.
Le terme Flapper (garçonne en Français) raisonne comme un écho au fil de toutes ses collections. Un rappel à l'émancipation des femmes et à la revendication pour l'égalité des sexes des années folles d'après la Première Guerre Mondiale et d'avant la grande crise économique de 1929. Ces femmes qui, à l'instar de Coco Chanel en France, ont posées les prémices du mode de vie de la femme contemporaine. Mais Genevieve a une passion toute particulière pour la première Flapper, la romancière épouse de Francis Scott Fitzgerald : Zelda Fitzgerald. Rappelons au passage qu'un film intitulé The Beautiful and the Damned, sur la vie de Zelda et Francis Scott est en préparation. Scarlett Johansson y interprétera Zelda, l'icône Flapper des années 20. Les sources d'inspirations sont nombreuses pour Genevieve. En effet, chaque collection porte le nom d'une femme. Pour revenir à l'allégorie du petit l'oiseau Genevieve nous précise aussi être particulièrement inspirée par les paroles de la chanson Expecting to Fly et la « mémorable citation de Neil Young ‘There you stood on the edge of your feather, Expecting to fly.'[Tu te tenais là au bord de ta plume, prête à t'envoler] ».
Collection 2016/2017
(LPJ) : Et le mot que tu détestes le plus ?
(GX) : Accidia. (paresse en Français)
La paresse, Genevieve ne la pratique pas bien au contraire. Sa collection ne cesse de croître et le succès bien mérité commence à pointer du bout du nez. Ses turbans viennent de paraître sur le quotidien La Repubblica aux cotés de Gucci et Dolce & Gabbana. Il paraîtrait même que Lady Gaga se soit intéressée à ses turbans.
Cette année la collection 16/17 est dédiée à Peggy Guggenheim, femme déterminante pour l'art contemporain. De plus, pour la première fois, la collection inclus le tissus nylon conférant un aspect plus frais et moderne aux modèles de turbans classiques. En ce qui concerne les futurs projets, Geneviève voudrait augmenter le nombre de points de vente. Elle voudrait surtout que « les boutiques reflètent la marque et elle voudrait voir toujours plus de couvre-chefs Flapper dans les rues. Outre leur coté flatteur ils sont également très fonctionnels. Hier soir je suis allée au cinéma et le turban waterproof a été très utile ! ».
(LPJ) : Le métier que tu n'aurais pas aimé faire ?
(GX) : Je n'aurais pas aimé être ramoneur.
Le métier que Genevieve a choisi n'est pas des plus faciles. Particulièrement, le choix de se lancer dans l'entrepreunariat en Italie en période de crise n'a pas été des plus faciles. « Genevieve, difficile d'être entrepreneur en Italie ? Oui ! ». Mais Geneviève garde espoir et conseille aux jeunes créateurs qui veulent se lancer de tenir bon. « le début est difficile mais il suffit de miser sur la qualité ». Sa toute dernière conquête est la ville de Paris. Elle y présentera sa campagne de vente et la collection printemps été 2017 à la galerie Espace 21, rue St. Roch du 24 au 28 juin. La présentation à Milan aura, quant à elle, lieu du 18 au 25 juin au Style Council Showroom au numéro 15 de via Francesco d'Assisi.
(LPJ) : Pour conclure. Si Dieu existe, qu'aimerais-tu, après ta mort, l'entendre dire?
(GX) : Tu trouveras Zelda Fitzgerald et Lee Miller avec Jimi Hendrix sur le nuage numéro 9.
Photographer: Ivo Sekulovski
Stylist: Mirta Trastulli
Model: Letizia Cottafavi
Art Director: Dimitra Louana Marlanti
www.flapper.it
Points de vente à Milan :
10 Corso Como, Corso Como, 10 - Milan
La Tenda, Via Solferino, 10 - Milan
Chicchi Ginepri, Via Daniele Manin, 13 - Milan
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Audrey Gouband (lepetitjournal.com de Milan) Jeudi 23 juin 2016
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