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POLLUTION - La Plaine Padane peine à respirer

Écrit par lepetitjournal.com Madrid
Publié le 30 mars 2015, mis à jour le 31 mars 2015

On ne les voit pas toujours, et pourtant elles occupent de plus en plus de place. Les particules fines et autres substances toxiques gagnent du terrain dans notre quotidien. La plaine padane, considérée comme la région la plus polluée d'Italie et d'Europe, est au centre des inquiétudes. 

Il y a 10 jours, l'Hexagone était plongé sous un nuage gris dense. Le nord de la France, Paris en tête, connaissait un pic de pollution particulièrement important. En Italie, le problème est bien connu. Il est d'ailleurs récurrent. La Pianura padana (Plaine padane ou plaine du Pô) est la zone la plus polluée du pays et même d'Europe, au coude à coude avec une région très industrialisée de Pologne, d'après le Rapport sur la qualité de l'air 2014, de l'Agence européenne pour l'environnement.

Du Piémont, où le Pô prend sa source, à la Vénétie, où il se jette dans l'Adriatique, la population se réveille parfois sous un épais voile blanc. La pollution atmosphérique y atteint des sommets. Les moyennes et grandes villes industrielles comme Turin, Milan ou Brescia ne sont pas les seules touchées. Les zones rurales reculées et montagneuses le sont aussi.

Les raisons sont multiples. "La combustion de bois, les transports dans les villes, le nombre important d'autoroutes", commence à énumérer Giorgio Zampetti, responsable scientifique de Legambiente, l'association environnementale la plus importante d'Italie. Sont aussi en cause les dizaines d'années d'industrialisation sans contrôle, les pesticides qui recouvrent les terres agricoles, les axes de circulation dont l'autoroute A4, qui dégagent de nombreuses substances toxiques. Le nuage de pollution reste souvent bloqué par les montagnes. La région dans son ensemble est concernée, mais la Lombardie, tout particulièrement, est au centre du phénomène.

La santé en péril

Les chiffres de l'Agence européenne pour l'environnement sont alarmants. En raison de la pollution atmosphérique, les habitants de la plaine du Pô perdent 3 ans de vie en moyenne. On estime que 300 personnes meurent chaque année en Lombardie, dont 230 dans la Province de Milan, en raison de l'impureté de l'air. Le rapport Mal'Aria 2015 de Legambiente va plus loin. Il estime que l'ozone a fait 3.400 victimes en Italie en 2011 et que les particules fines ont entraîné la même année la mort prématurée de 64.000 victimes dans le pays. La quantité de polluants dépasse souvent les seuils fixés par l'Organisation mondiale de la santé.

Parmi les polluants les plus courants et les plus dangereux, on compte les oxydes d'azote et les particules fines, en particulier le PM10. Ils se déposent dans la trachée, les bronches et les poumons. 85 % d'entre eux seraient produits par les gaz d'échappement des automobiles. "Les risques sanitaires sont désormais démontrés. Cette pollution joue sur la santé des citoyens, et en particulier des enfants et des plus âgés. Le taux de particules est deux à trois fois plus élevé que le seuil autorisé", rappelle Giorgio Zampetti. 

De faibles espoirs

Face à cette urgence, les propositions restent rares. Milan a mis en place des services de vélos, de voitures et bientôt de scooters en libre service. Il y a 3 ans, la ville a inauguré l'Area C, un périmètre dans le centre-ville de Milan où la circulation est limitée. L'initiative a permis de réduire de 18 % le taux de concentration de PM10 et de 10 % celui d'oxyde d'azote. "L'AREA C a en effet permis la baisse des concentrations de particules, confirme le responsable scientifique. L'expérience est bonne mais malheureusement elle est isolée." Giorgio Zampetti déplore le "manque de coordination nationale", car le problème, étendu, demande un redoublement d'efforts. "Il faudrait miser sur l'amélioration du chauffage, sur les énergies renouvelables et sur la suppression des transports en ville", avance-t-il. Mais les municipalités restent au stade des propositions, selon lui.

Ce constat est partagé par une étude autrichienne, réalisée avec des instituts de recherche français, italiens et norvégiens. "Malgré les durcissements de la législation de contrôle des émissions, les États membres de l'Union européenne font face à de sévères difficultés pour atteindre ces seuils", peut-on y lire. L'étude réclame des mesures plus drastiques. "Ce qui est fait par les gouvernements n'est pas suffisant, déclare Gregor Kiesewetter, qui a conduit l'étude sur le site International Institute for Applied Systems Analysis.

L'association écologiste Legambiente n'entend pas baisser la voix pour autant. Elle multiplie les actions dans les villes, les événements sur les places, le lobbying auprès du gouvernement italien et auprès du parlement européen. Pourtant, si rien n'est fait, Milan risque de remporter le triste titre de la ville la plus polluée d'Europe, d'ici à 2030.

Concentration en ozone, en PM10 et en PM2,5, à partir de données de 2012. Source Legambiente.

Toinon Debenne (Lepetitjournal.com de milan) ? jeudi 31 mars 2015

Crédits photos : Capture d'écran YouTube, Legambiente, Nasa

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Publié le 30 mars 2015, mis à jour le 31 mars 2015