Faut-il donner de l'argent de poche à ses enfants ? Quel montant ? A partir de quel âge ? Les questions se bousculent. En Italie, il n'existe pas un modèle, mais bien plusieurs. Les pratiques sont diverses et variées.
La paghetta, pour les sorties entre amis
Paola a 45 ans. Elle vient de Tollegno, dans le Piémont. "Je pense que donner à ma fille de l'argent de poche est un moyen de la responsabiliser et de lui faire comprendre la valeur de l'argent". Elle a commencé à lui en donner, il y a un an, lorsque sa fille Giulia était âgée de 14 ans. Cependant, elle ne lui a jamais donné de somme hebdomadaire. "Cela varie de 10 à 20 euros, quand elle en a besoin". Paola souligne l'utilité d'une telle pratique pour l'autonomie de sa fille notamment lorsqu'elle sort avec ses amis. "Elle a l'habitude de l'utiliser pour faire du shopping, pour aller au cinéma ou aller manger à l'extérieur".
Une situation vécue aussi par Claudio. Le jeune homme, la vingtaine, vient de Lecco. "Je n'ai jamais eu d'argent de poche chaque semaine ou chaque mois; je devais demander lorsque j'avais besoin". Cet étudiant dit l'avoir utilisée pour aller au cinéma ou en discothèque. "Je viens d'une famille où nous n'avons jamais manqué de rien, mais mes parents m'ont appris la valeur de l'argent, et je n'en ai jamais abusé".
L'argent de poche contre des services
Edoardo, 21 ans, vient de Milan. Lui non plus n'a jamais eu d'argent de poche de façon régulière. "Je devais aider à la maison pour avoir 10 ou 20 euros. Je passais l'aspirateur, nettoyais les vitres, etc". Ce jeune commercial considère cela comme normal, contrairement à ceux qui ne font rien et sont quand même récompensés. "Il y a des enfants qui ne rendent aucun service et qui reçoivent 10, 20, 30 euros chaque semaine". Dès 9 ans, il a commencé à recevoir de l'argent. "Je me rappelle en 2002, lorsqu'on est passé de la lire à l'euro, j'avais l'impression que mon père me donnait moins" se souvient-il.
"Cette pratique est très répandue en Italie", déclare Sara, 32 ans, habitante de Monza. Maman d'un petit garçon, elle ne la tolère pas. Elle considère qu'aider à la maison devrait être normal et non rémunéré. "On peut négocier, en discuter, donner de l'argent à ses enfants pour leur inculquer des valeurs, leur apprendre à se débrouiller. Mais laver la vaisselle ou balayer ne devrait pas être payé".
Moins nombreux, ils gagnent plus
Si d'après une étude d'ISTAT datant 2011, de 1998 à nos jours, le nombre d'enfants recevant la paghetta a diminué, notamment en raison de la crise; mais ceux qui l'empochent, gagnent davantage. Il Libero Quotidiano écrit dans un article d'août 2013 "qu'à six ans, un enfant sur quatre est en mesure de déclarer un ?revenu' de 8 euros par semaine. A onze ans, 11 euros. A quatorze ans, 20 euros."
Parmi les jeunes italiens de moins de 18 ans, 25% reçoivent chaque semaine 16 euros. Ce chiffre est beaucoup plus élevé que dans d'autres pays d'Europe. La situation économique du pays a tout de même réduit le nombre de mineurs qui la reçoive. En 1999, ils étaient 35,1 %, tandis qu'en 2011, ils n'étaient plus que 25,6 %.
Toinon Debenne (Lepetitjournal.com de Milan) ? mardi 18 novembre 2014
Crédits photos : Corbis LD
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