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SÉCURITÉ - Création d'une gendarmerie mexicaine inspirée du modèle français

Écrit par Lepetitjournal Mexico
Publié le 4 septembre 2014, mis à jour le 5 septembre 2014

Le Mexique est en train de mettre sur pied un corps de gendarmerie inspirée du modèle de la gendarmerie nationale française. Les fonctionnaires mexicains ont pour principale mission de rétablir le lien de confiance entre les forces de sécurité et la population tout en étant sous contrôle civil et non militaire. Cette mesure, présente dans le programme de campagne d'Enrique Peña Nieto, a connu de nombreuses difficultés ayant entrainé modifications et reports. Pourtant le processus touche au but, même s'il a été revu au rabais.

Créée par décret du 22 août 2014 du Président mexicain, la gendarmerie mexicaine compte 5000 gendarmes pour un objectif annoncé de 50 000 hommes et femmes.

Les uniformes des gendarmes mexicains ont été récemment dévoilés au public. (DR)

Le projet de création d'une gendarmerie nationale mexicaine a été pensé afin de lutter contre le crime organisé et de récupérer le contrôle de l'occupation du territoire. Il appartiendra à ce corps de gendarmerie d'effectuer des actions de proximité, de constituer une brigade itinérante, prête à intervenir là où l'on aura besoin d'eux. Ainsi ils seront en priorité déployés dans le Michoacán, l'Etat du Guerrero, le Morelos, l'Etat de Mexico, la région de la Laguna et le nord-est du Mexique, des zones clefs touchées par la violence et le narcotrafic.

Afin de parvenir à cet objectif, le Mexique a déployé un budget de 4,5 milliards de pesos et a cherché conseils chez d'autres pays disposant déjà d'un corps de gendarmerie. Ainsi les secrétaires à la Défense nationale, le Général de division Cienfuegos et celui de la Marine Francisco Soberon ont voyagé en France afin d'étudier le fonctionnement de la Gendarmerie nationale française. De plus, des instructeurs, 15 officiers et 7 sous-officiers français, ont été envoyés au Mexique de février 2013 à juin 2014 afin de former les 390 gradés qui constitueront le commandement. D'autres gendarmes, notamment colombiens et israéliens sont également intervenus dans le processus de formation de ce corps. 

Crédit photo : CNS

Pourtant si le décret du 22 août dernier certifie que les gendarmes seront bientôt là, ils n'ont pour le moment mené que des opérations très symboliques, les objectifs initiaux ont du être revus à la baisse.

Fortement armés, les gendarmes seront chargés de la protection des activités économiques stratégiques du pays et des sites sensibles. (DR)

L'idée initiale du président Peña Nieto était de mettre sous commandement civil pas moins de 40 000 soldats, de les former à la tâche de gendarme afin d'obtenir rapidement une force nombreuse et capable. Le projet, développé par la Commission Nationale de Sécurité a été, selon le journal Proceso, mis en échec depuis un an et demi car l'armée et la Marina ont refusé de céder leurs hommes à un commandement civil. Ils étaient prêts à laisser la direction symbolique de 10 000 hommes au gouvernement, à condition que le commandement opératif soit leur. Bref, qu'ils continuent à contrôler ces troupes dans les faits. Ce n'est absolument pas l'état d'esprit dans lequel a été pensé un corps de gendarmerie, c'est pourquoi devant le refus catégorique de l'armée, le gouvernement a dû se rabattre sur l'utilisation de la police fédérale. On est donc passé de la Gendarmerie Nationale à la Division de Gendarmerie, une branche de la police.

Un autre problème s'est alors posé : peu de policiers souhaitaient devenir gendarmes devant l'incertitude du projet, la mobilité constante inhérente à la fonction et ce, malgré les promotions automatiques d'un grade annoncé ainsi que divers avantages. On a donc fait appel aux cadets : 5 053 d'entre eux vont devenir gendarmes. Durant leurs six mois de formation, trois auront lieu dans un camp militaire dans cette optique. Cet effectif, minime pour le moment, est appelé à s'étoffer au fil des ans. Pourtant de nombreuses voix s'élèvent déjà contre ce projet, l'accusant de diviser les cabinets chargés de la sécurité nationale et de gaspiller les deniers publics sans pour autant résoudre le problème de l'insécurité. L'avenir de la Gendarmerie mexicaine est donc pour le moment encore incertain, il lui faudra certainement faire ses preuves et vite car beaucoup l'observeront attentivement.

Timothée Delabrouille (lepetitjournal.com) Jeudi 04 septembre 2014 

lepetitjournal.com Mexico
Publié le 4 septembre 2014, mis à jour le 5 septembre 2014

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