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LIVRE – Que deviennent les femmes en situation de prostitution quand elles vieillissent ?

Écrit par Lepetitjournal Mexico
Publié le 25 mars 2014, mis à jour le 27 mars 2014

 

La photographe française Bénédicte Desrus et la journaliste mexicaine Celia Gómez Ramos sont allées à la rencontre des habitantes de la Casa Xochiquetzal, un refuge du centre historique de Mexico pour travailleuses du sexe du troisième âge. Ce travail journalistique qui leur a pris plusieurs années vient de sortir en livre, Las Amorosas más bravas.

Photo extraite du livre Las Amorosas más bravas. (Photo Bénédicte Desrus)

Elles sont femmes, elles sont âgées et ont exercé pendant des années, voire depuis très jeunes, la prostitution. Ce ne sont pas des fantômes. Pourtant, pour beaucoup, elles restent invisibles. Le livre Las Amorosas más bravas, qui vient de sortir, propose un voyage intime dans la vie de ces travailleuses du sexe mexicaines qui ont trouvé refuge dans la Casa Xochiquetzal, dans le centre historique de Mexico. Que deviennent-elles lorsqu'elles vieillissent ?

"Il y est évidemment question de la prostitution, d'expériences fortes, de comment c'était avant, mais ce n'est pas l'essentiel, explique Celia Gómez Ramos. L'objectif est de mettre en lumière ces femmes qui existent, de relater leurs difficultés. Ce livre rend hommage à la vieillesse et à la dignité humaine." La journaliste mexicaine s'est rendue à raison de deux ou trois fois par semaine durant deux ans dans cette maison de retraite qui accueille uniquement des femmes en situation de prostitution.

Pour créer cette confiance avec les habitantes de la Casa Xochiquetzal, il aura donc fallu du temps. La photographe française, Bénédicte Desrus, à l'initiative du projet, travaille elle sur le sujet depuis six ans. "J'y suis allée régulièrement, souvent sans prendre de photos, raconte Bénédicte. J'ai passé du temps avec elles, j'ai même dormi là-bas. Certains jours, elles sont de bonne humeur, d'autres plus tristes, il faut sentir si on peut prendre une photo ou non. Mais je leur ai toujours demandé l'autorisation. Même si elles travaillent avec leur corps, elles ont beaucoup de pudeur." Il en résulte des photos fortes, parfois très intimes, et un texte qui raconte avec sensibilité et fraîcheur des histoires de vie souvent tragiques.

Las_Amorosas_más_bravas
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Las Amorosas más bravas. (Photos Bénédicte Desrus) 


Actuellement, 24 femmes de 55 à plus de 80 ans vivent dans la Casa Xochiquetzal, créée en 2006. Le gouvernement du District Fédéral a prêté la maison pour une durée de 10 ans. Des institutions et une association civile appuient cette initiative par des dons. Pour certains cas exceptionnels, des femmes plus jeunes peuvent y être acceptées. "Une travailleuse du sexe se sent vieille à 40 ans et elle peut être dans la rue depuis très jeune", souligne Celia. 

Dans ce refuge, elles peuvent entrer et sortir librement. Certaines continuent à exercer la prostitution, d'autres vendent des sucreries dans la rue. Ce havre de paix, qui leur permet de nouer des liens d'amitié, leur offre aussi une tranquillité et une sécurité dont elles veulent profiter. Ne plus se préoccuper de ne pas avoir de quoi payer leur chambre d'hôtel. Avoir une fin de vie digne. "Dans cette maison elles sont accompagnées, précise Bénédicte. Elles ne vont pas mourir dans la rue, seules." Certaines souffrent de diabète, d'obésité, de problèmes cardio-vasculaires, de pathologies psychologiques. Elles bénéficient d'un suivi médical et psychologique, de la sécurité sociale, de papiers en règle car beaucoup n'en ont pas en arrivant. "Ces femmes ont énormément d'humour, elles m'ont ouvert leur c?ur, confie Celia. C'est un projet qui change une vie." Un livre donc qui ouvre le débat sur le sort de ces femmes, avec l'idée aussi que d'autres refuges voient le jour ailleurs.

Plus d'informations sur le blog, sur Facebook, sur Twitter et par mail : proyecto.xochiquetzal@gmail.com.

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Celia Gómez Ramos et Bénédicte Desrus. (Photo Romain Thieriot)

Plusieurs présentations du livre Las Amorosas más bravas, dont une partie des ventes sera reversée à la Casa Xochiquetzal, sont prévues  :

Mardi 25 mars, Capilla Alfonsina del INBA, Benjamín Hill #122, Col. Condesa, 19h, entrée libre. 

Dimanche 30 mars, Casa Xochiquetzal, Torres Quintero #14, Col. Centro, 12h, entrée libre.

Dimanche 6 avril, de 15h à 18h, Inauguration 1M1A (1MES 1ARTISTA), Artículo 123, #123 (entre Bucareli et Iturbide), Col. Centro. Exposition permanente du 6 au 30 avril, mardi à dimanche de 13h à 20h.

Jeudi 24 avril, Auditorio Benito Juárez de la ALDF, Plaza de la Constitución #7, Col. Centro, 19h, entrée libre.

Mardi 29 avril, Biblioteca México José Vasconcelos, Plaza de la Ciudadela #4, Col. Centro, 19h, entrée libre.

Jeudi 8 mai, Casa de la Primera Imprenta, Lic. Primo Verdad #10 (à l'angle de Moneda), Col. Centro, 13h.

Mercredi 21 mai, Museo Universitario del Chopo, Dr. Enrique González Martínez #10, Col. Santa María La Ribera, 20h, entrée libre.

Tristan Delamotte (Lepetitjournal.com/mexico) Mardi 25 mars 2014

lepetitjournal.com Mexico
Publié le 25 mars 2014, mis à jour le 27 mars 2014

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