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CINÉMA – Güeros, le plus defeño des road movies

Écrit par Lepetitjournal Mexico
Publié le 10 avril 2015, mis à jour le 10 avril 2015

Güeros, gagnant du prix du meilleur premier film à la Berlinale 2014, est désormais en salle. Une ode à la ville de Mexico, dont le rôle est quasiment aussi important que celui de Tomás, jeune güero qui y rejoint son frère.


Le film Güeros d'Alonso Ruizpalacios est notamment diffusé à la Cineteca de Mexico. (Photo DR)

Tomás est ado, il s'ennuie et ne fait que des idioties. Sa mère n'en peut plus et l'envoie passer quelque temps chez son frère, à Mexico. Sombra et Santo, eux, sont colocataires. Ils vivent à ne rien faire depuis que la UNAM est en grève. L'arrivée du frère de Sombra va les secouer de façon inattendue : Tomás réalise en lisant le journal qu'Epigmenio Cruz, son musicien favori, est en train de se mourir quelque part dans la ville. Il va entraîner son frère et son ami dans une recherche éperdue de l'artiste. L'occasion pour les deux étudiants d'ouvrir le jeune Tomás au monde fantastique du D.F.

Premier long-métrage d'Alonso Ruizpalacios, Güeros est une ode à Mexico. Road movie qui ne sort pas de la capitale mexicaine, on en parcourt les rues, les paradoxes et la diversité. En parfaite illustration, Tomás (Sebastián Boëda) est blanc tandis que son frère Sombra (Tenoch Huerta) est moreno. A tel point que leur entourage se pose parfois des questions sur leur lien de parenté.

Gueros
Un hommage à la Nouvelle Vague

Filmé en noir et blanc et en 4:3, Güeros est visiblement un hommage à la nouvelle vague française. On y croise aussi quelques influences type Jim Jarmusch, avec ses plans rapides et les sons de l'environnement qui viennent emplir l'espace. Mais au-delà de la pure forme cinématographique, à propos de laquelle le réalisateur s'est visiblement fait plaisir, il y a l'interprétation historique. Tomás, Sombra et Santo se lancent dans une quête directement inspirée de celle de Dylan (à la recherche de Woody Guthrie à travers les Etats-Unis) parce qu'autrement, ils resteraient suspendus dans le temps. L'université s'est arrêtée pour cause de grève, et leur façon de passer le temps avec.
Sombra, Ana, Tomás et Santo dans Güeros. (Photo DR)

En négatif de cette quête invraisemblable, de l'est à l'ouest du D.F., on découvre aussi une interprétation de la grande grève de l'UNAM, d'avril 1999 à février 2000, celle à laquelle les deux colocataires refusent justement de participer. Celle, aussi, pour laquelle Ana se bat, elle qui est güera et qui plaît tant à Sombra. Une interprétation qui a déclenché une polémique. Certains accusent en effet le réalisateur d'avoir caricaturé les grévistes et minimisé l'importance de ce mouvement qui prônait une éducation gratuite et qui a notamment permis que cette université reste publique. D'autres y voient un portrait sans complaisance et un peu ironique des étudiants. Un événement historique donc qui peut ne pas être perçu ni compris par ceux qui ne le connaissent pas.

Güeros reste toutefois un premier film des plus agréables, qui joue sur un humour purement mexicain et sur l'identité même du pays. 102 minutes en noir et blanc qui, malgré les critiques, célèbrent le mouvement, de celui des trois jeunes à la mobilisation étudiante. Car l'idée était bien celle-là : être jeune et ne pas être révolutionnaire est une contradiction.


Güeros, d'Alonso Ruizpalacios (Mexico, 2014, 102')

Mathilde Saliou (Lepetitjournal.com/mexico) Vendredi 10 avril 2015

lepetitjournal.com Mexico
Publié le 10 avril 2015, mis à jour le 10 avril 2015

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