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CINÉMA – Manuel Rocheman redonne vie à Buster Keaton

Écrit par Lepetitjournal Mexico
Publié le 25 mars 2015, mis à jour le 6 janvier 2018

Le pianiste de jazz Manuel Rocheman a fait vibrer les spectateurs venus assister à la projection du film The Cameraman à l'IFAL. Quand la musique en vivo transcende les péripéties du grand comique américain Buster Keaton.

Buster Keaton dans The Cameraman, un célèbre film muet mis en musique pour l'occasion par Manuel Rocheman. (Photo DR)

Une projection des plus uniques s'est déroulée le 22 mars dernier à l'IFAL, à Mexico : le grand classique d'Edward Sedgwick et de Buster Keaton racontant les chaotiques aventures d'un maladroit cameraman (Keaton) dans sa quête pour trouver un travail dans les studios de la MGM, tout en gagnant le c?ur de la secrétaire Sally (Marceline Day).

Il faut se rappeler que The Cameraman a été l'un des derniers films muets à une époque où le son s'était installé dans le monde du cinéma. Il s'agit donc d'une comédie très caricaturale, rafraîchissante et, surtout, très fidèle au rôle que tient l'image par elle-même dans sa narration. Cependant, le cinéma a toujours appartenu au domaine de l'audiovisuel : bien qu'il ne soit pas nécessairement "parlant",  il y a toujours eu un accompagnement sonore pour plus insignifiant qu'il puisse sembler.

Manuel_Rocheman
Une improvisation nostalgique

Cela a donc été un extraordinaire voyage à travers le temps, de se retrouver dans une salle de cinéma accompagnée par l'énorme talent de Manuel Rocheman, pianiste de jazz reconnu, redonnant un souffle de vie aux tragiques péripéties du célèbre opérateur. Rocheman, non seulement musicalise, mais aussi interprète, en donnant de son style une certaine nostalgie, douce et optimiste, mélancolique et amusée, à ce petit trésor de l'histoire du cinéma. Ce qui a rendu cette prestation encore plus unique est le fait qu'elle a été entièrement appuyée dans le présent où elle s'est déroulée : l'improvisation est devenue un dialogue constant entre l'histoire en images, les notes du pianiste, et les réactions du public.
Le pianiste Manuel Rocheman. (Photo DR)

L'écran s'est transformé en une fenêtre ouverte, le spectacle en entier le surpassant, venant à nous avec force, remuant la salle de haut en bas avec le suspense qu'il comporte. Manuel Rocheman a réussi à briser la séparation entre le spectateur et l'écran, nous transmettre une part de ce que ce dernier représente pour lui, par le moyen d'une musique de jazz ornée de petits silences d'une seconde accentuant tous les instants comiques du pauvre personnage. Il a réussi à nous faire sentir une nouvelle facette de ce dernier : sa souffrance pour sa bien-aimée ainsi que pour son travail, son esprit maladroit quoique bien intentionné, la fermeté de sa volonté, ne renonçant jamais à ses objectifs pour plus catastrophiques que puissent être les circonstances, se sont soudainement retrouvés enveloppés par une joie de vivre, un va-et-vient rythmé de tendresse, d'action, de spleen. Et ce n'est pas tout, encore. Le monde dans lequel se déroule l'action, les rues, la piscine publique, la guerre à Chinatown, le lac où faillit mourir Sally, a repris place autour de nous, nous laissant presque entendre tous les sons au sein de celui-ci.

The_Cameraman
The Cameraman est un film qui parle des imperfections de chaque être humain avec beaucoup d'optimisme, les célébrant pour ce qu'elles sont et leur accordant même une place importante dans la quête de victoire. Il parle aussi de l'artiste incompris luttant pour avoir une place dans un monde qui le punit constamment pour ses actions. Un thème qui semble être, d'une façon très rassurante, au c?ur de la prestation de Manuel.

Adrian Ollé-Laprune pour (Lepetitjournal.com/mexico) Mercredi 25 mars 2015

lepetitjournal.com Mexico
Publié le 25 mars 2015, mis à jour le 6 janvier 2018

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