Nahum nous parle de musique, de son parcours, de magie et de science, ainsi que de son projet artistique La gravité des sujets. Rencontre avec un artiste qui revient d'une mission spatiale en Russie.
L'équipe du projet artistique La gravité des sujets. (Photo DR)
L'artiste et musicien Nahum est à l'origine d'un projet qui allie l'art et la science. L'exécution de ce dessein ambitieux a été possible grâce à une coopération internationale formée de nombreux agents : artistes, institutions, musées, universités, centres de recherches, fondations et, surtout, de rêveurs ! La "pensée magique", selon les termes de Nahum, d'aller explorer l'espace pour réfléchir sur la gravité à partir de son absence. Neuf artistes et un scientifique mexicains sont alors partis dans une mission spatiale en Russie et ont expérimenté la gravité 0. Ceci est présenté par une exposition dans le Laboratorio Alameda, dans la ville de Mexico, qui se poursuivra par une tournée internationale, des projets documentaires et des publications sont également en cours. Entretien.
Parlez-nous de votre côté musicien.
Je voulais apprendre tous les instruments de musique. J'ai donc fait des recherches, et je voulais jouer des ondes Martenot. J'ai ensuite appris qu'il est très difficile d'en obtenir parce qu'il n'y en a plus. Puis j'ai découvert que le theremin fait le même son. J'en ai acquis un. J'ai continué la guitare électrique, le piano, le violon? Quand je suis allé vivre à Londres, je jouais dans un orchestre électronique de l'université. Un jour, je me suis dit que j'allais utiliser le theremin, je l'ai donc placé sur la scène. Au milieu du concert j'en ai joué. Et lorsque j'ai commencé à en jouer en live, c'était comme une connexion instantanée. Depuis, c'est mon instrument de scène !
C'est penser "out of the box", penser l'impossible. C'est ce que fait toujours la magie : qu'est-ce qui est impossible ? Comment puis-je le faire ? C'est ce que font les magiciens, ils pensent et réalisent l'impossible, après la science rend cela possible, comme la télévision, les voyages astraux, les voyages dans l'espace. C'est une pensée magique.
L'histoire du voyage dans les étoiles est née de magiciens. Le russe, Nicolaï Federov, disait qu'un jour toute la science et l'humanité allaient se focaliser sur une seule activité : ramener les morts sur terre. Selon lui, la division entre les vivants et les morts était dans les particules. Il fallait donc les trouver et aller dans l'espace pour les rapporter, tous les êtres humains vivraient en même temps. Comme nous allions être nombreux, il fallait coloniser d'autres planètes.
Un de ses disciples, Tsiolkovski, s'est dédié à écrire les formules mathématiques pour que cela soit possible. Grâce à elles s'est envoyé le premier objet dans l'espace : Spoutnik. Il y a donc ici un exemple très clair de la façon dont une pensée magique est transformée en réalité par la science. L'exécution a été scientifique, mais l'idée était magique.
Pour le theremin c'est la même chose : l'idée que nous sommes des énergies. Quand nous avons découvert le champ électromagnétique et ses utilisations, il s'est créé un instrument de musique.
Comment un artiste travaille-t-il dans des missions spatiales ?
J'ai fait une maîtrise en musique, mais également une maîtrise en Arts et Sciences. Et à partir de là j'ai commencé un contact avec le monde spatial. J'ai rencontré des personnes de la Fédération Internationale Spatiale et ils m'ont invité à ouvrir un département pour l'Art et la Culture dans l'espace au sein de la Fédération. C'est ainsi qu'a commencé ma vie dans l'espace. Penser que je travaille pour l'espace extérieur comme artiste est incroyable ! Je suis depuis plusieurs années avec des missions spatiales, des astronautes, mais toujours en construisant des projets d'autres personnes. Avec La gravité des sujets, je voulais construire le mien. Ma propre mission spatiale.
Vous avez réalisé ce projet dans un avion russe, quel en était le contexte ?
Lorsque nous avons fait le projet, la Russie était dans un conflit international très sérieux, duquel elle n'est pas encore sortie. Avoir un projet international, en temps de guerre, comme ils le disent, n'est vraiment pas facile. Mais grâce à une collaboration internationale, le projet a pu être accepté. La Russie était intéressée par communiquer au monde que si ils coopèrent, et ils peuvent travailler avec tout le monde, dans des projets comme celui-ci. C'était très touchant de voir non seulement leur participation dans cette mission, mais comment ils se la sont appropriée, et ont travaillé pour sa réussite. Lorsque nous sommes allés en Russie, au musée polytechnique de Moscou, nous avons été très bien reçus. Ce que nous avons vécu de façon humaine, c'est la vraie diplomatie culturelle.
Lors de la mission spatiale en Russie. (Photo J.J. Diaz Infante)
Ce projet artistique, est-il plus mexicain ou international ?
C'est un projet local dans le sens où les participants sont mexicains, mais le groupe des conseillers et collaborateurs est international, ils viennent de toutes les parties du monde ; donc c'est comme depuis le Mexique, on fait un projet qui s'insère dans un discours international. Et nous partageons des points de vue avec différents continents.
Participants : Nahum (directeur), Ale De la Fuente (directrice artistique), Arcangel Constantini, Fabiola Alzaga, Gilberto Esparza, Ivan Puig, Juan José Diaz Infante, Marcela Armas, Tania Candiani et Dr. Miguel Alcubierre (directeur de l'Institut des Sciences Nucléaires de la UNAM).
Exposition La Gravedad de los asuntos, jusqu'au 22 mars 2015 au Laboratorio de Arte Alameda.
Pour plus d'informations, cliquez ici.
Hélène Blancher pour (Lepetitjournal.com/mexico) Samedi 21 mars 2015
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