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CINEMA – Deux jours, une nuit des frères Dardenne

Écrit par Lepetitjournal Mexico
Publié le 30 octobre 2014, mis à jour le 6 janvier 2018

 

Comme de nombreux films récompensés à Cannes cette année, Deux jours, une nuit a été projeté au festival de Morelia. Le public était éclairci et nul applaudissement n'a retenti à la fin. Peut-être que la distance culturelle était trop grande. Quoi qu'il en soit, voici la critique du Petit Journal de Mexico sur ce film, le plus récent des frères Dardenne.

Le nouveau film des frères Jean-Pierre et Luc Dardenne a reçu cette année à Cannes le prix du Jury ?cuménique (donné par un jury composé de chrétiens engagés dans le monde du cinéma) qui s'explique ainsi : «  Toute l'?uvre des frères Dardenne est empreinte [d'une] profonde humanité. Elle traite des problèmes actuels dans un monde difficile, souvent austère voire désespéré, elle parle de survie, de réconciliation et d'espérance. Grâce à un geste, une larme, un regard, une parole, un sourire, un mur se brise, une lumière apparaît, un avenir est possible et nous y croyons.  ». Il existe en effet une «  patte  » des Dardenne qui traverse leur ?uvre. D'abord dans les sujets traités ; ils sont les grands représentants du cinéma social européen, mais dans la forme aussi grâce à leur style propre, épuré et réaliste, se focalisant sur les corps et le visage.

Si Deux jours, une nuit est en cohérence avec le reste de leur ?uvre, il n'a en revanche pas reçu de récompense en sélection officielle à Cannes, à la différence de chacun des films précédents qui avaient étés présentés (deux d'entre eux sont même repartis avec la Palme d'Or). Doit-on pour autant le considérer comme un coup pour rien ?

Un film social

C'est un film social dont le scénario s'attaque aux sujets du chômage et du licenciement. Sandra, interprétée par Marion Cotillard, sort d'une dépression qui l'a tenue cinq mois en arrêt maladie. Alors qu'elle va reprendre son travail dans une entreprise d'assemblage de panneaux solaires, elle apprend qu'elle est licenciée : ses collègues ont dû voter pour choisir entre leur prime de 1000 euros ou la réembauche de Sandra ; la crise oblige. Elle réussit néanmoins à convaincre son patron, à l'origine du dilemme, de refaire le vote le lundi matin. Elle a alors un week-end pour convaincre ses seize collègues de renoncer à leurs primes et de voter pour qu'elle reprenne sa place. Ces derniers sont des gens pauvres dans des situations difficiles, pour qui ce serait un véritable sacrifice, mais de son côté Sandra a deux enfants et une maison à payer, des besoins auxquels le salaire de son mari ne saurait suffire.

 Deux sujets se dégagent alors du film. D'abord la critique économique qui apparaît par la détresse et le besoin sans issue d'argent de la classe ouvrière, dont on découvre au fur et à mesure les différents visages. On ne voit ses collègues que quelques minutes chacun, lorsque se rejoue encore et encore la scène de la demande ; et pourtant à chaque fois c'est différent, on entraperçoit un aspect de leur vie, de leur intimité qui nous fait les comprendre, eux et leurs réponses, qu'elles qu'elles soient. Au final très peu ont réellement le choix ; certains peuvent se permettre ce sacrifice et aider un collègue, une amie, un être humain, d'autres ne le peuvent pas et c'est tout, ou presque.

Marion Cotillard joue très bien la femme populaire belge, épuisée, tuméfiée, loin de ses standards de beauté désirable, d'égérie de Dior. La caméra des Dardenne rend le jeu des acteurs intense et captivant et l'on est bouleversé par la justesse de certains moments de pure émotion qui naissent d'un pleur, d'une joie, d'un silence ou d'un regard.

Timothée Delabrouille (lepetitjournal.com/mexico), Jeudi 30 octobre 2014

lepetitjournal.com Mexico
Publié le 30 octobre 2014, mis à jour le 6 janvier 2018

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